Les visages changeants de la Thaïlande

Balade sur les canaux de Bangkok. © Eric Vancleynenbreugel

Il y a son visage ultramoderne, qui se découvre à Bangkok. Celui des îles et des plages de sable blanc, avec ses rochers plantés dans la mer du sud. Et enfin celui des anciens royaumes et les tribus des collines aux costumes chamarrés, dans le nord.

Bangkok la chaotique

Le temple de Wat Suthat.
Le temple de Wat Suthat.© Eric Vancleynenbreugel

Tentaculaire, la capitale thaïlandaise déroute. Par son étendue, son plan désordonné mais aussi parce qu’elle ne possède pas réellement de centre comme on le conçoit d’habitude. Bangkok s’affiche avec anarchie, ses immeubles ultramodernes côtoyant des îlots de quartiers anciens, eux-mêmes sillonnés de khlongs. Des canaux sur lesquels on peut se délecter de jolies tranches de vie, entre celui qui pêche de son balcon, la jeune femme qui essore son linge au-dessus de l’eau ou encore la grand-mère qui sillonne les flots sur sa petite épicerie flottante. Bien que pas mal de khlongs aient été comblés et transformés en routes, certains quartiers ont conservé leur réseau aquatique, comme Bang Luang, où l’on peut encore flâner sur les rives, de maison en maison et de pont en pont qui, comme à Venise, enjambent l’eau en formant un dos d’âne pour laisser passer les bateaux. Bang Luang était autrefois le quartier des fonctionnaires royaux. Aujourd’hui, ceux-ci ont cédé leur place aux artistes et aux artisans. Les habitats les plus modestes, sur pilotis, côtoient ceux construits en bois sculpté, mais aussi les temples les plus somptueux. Des temples, justement, Bangkok en compte quelques merveilles, comme celui du Bouddha d’Emeraude qui jouxte le grand palais, ou encore celui du Bouddha couché (46 mètres de longueur ! ), célèbre pour les massages traditionnels qu’on y propose. Contraste à nouveau entre ces oasis de plénitude plantées au milieu d’un dense réseau de routes suspendues et de métros aériens se faufilant entre les gratte-ciel. Un spectacle à contempler à la tombée du jour, un cocktail à la main, sur les rooftops qui éclosent un peu partout.

Vue panoramique sur la capitale.
Vue panoramique sur la capitale.© Eric Vancleynenbreugel

Chiang Mai, plaisirs terrestres et célestes

Le soleil se couche sur Chiang Mai, les prières du soir enveloppent les stupas et les chedis de l’un des sites les plus sacrés de Thaïlande. Perché sur l’un des sommets qui dominent la ville, Wat Phra That Doi Suthep abrite une relique du Bouddha. C’est l’heure où, dans un brouillard d’encens, les fidèles déposent offrandes et fleurs de lotus aux pieds des innombrables statues hétéroclites et chamarrées qui ornent les sanctuaires. En contrebas, Chiang Mai fait figure de petite ville de province bien tranquille. En partie entouré de ses remparts de brique rouge, le coeur de l’ancienne capitale du royaume lanna est littéralement couvert de temples. Plus de 900 ! Il est ensuite encore temps de se rendre sur les marchés nocturnes, comme celui de Nim Man. Les Thaïlandais adorent faire leurs emplettes lorsque la chaleur du jour fait place à la brise du soir. Tissus, épices, artisanat… Mais surtout, l’air embaume d’effluves de nourriture. Si la cuisine est ici réputée, c’est dans ces échoppes de rue qu’elle est la meilleure et la moins onéreuse. Dans cet immense restaurant à ciel ouvert qu’est la Thaïlande, il n’est nul besoin de commencer par les grandes adresses tant les artères urbaines regorgent de vendeurs ambulants qui proposent une excellente street food à base de soupes, de riz, de nouilles, de poulet, de boulettes ou de fruits. Et si l’on souhaite s’asseoir, on ne compte plus les petites enseignes où le pad thaï – le plat national, à base de nouilles sautées – se vend à 1 euro. Beaucoup complètent l’aventure culinaire par des cours, de quelques heures à une semaine. Et viennent à Chiang Mai pour cette raison, puisque la destination compte une bonne dizaine d’écoles.

Au nord-est de Chiang Mai, le temple blanc de Wat Rong Khun.
Au nord-est de Chiang Mai, le temple blanc de Wat Rong Khun.© Eric Vancleynenbreugel

Autre pan essentiel de la culture thaïe : le massage. Il fait partie du quotidien et ici, on se masse même en famille. Dès leur plus jeune âge, les enfants grimpent sur le dos des parents pour s’exercer. Basé sur des techniques de yoga, le massage thaï se pratique avec les mains, mais aussi les poings, les coudes ou les pieds, et s’accompagne d’étirements. Il peut d’ailleurs se révéler douloureux si l’on ne précise pas le souhait d’un soin en douceur. Une expérience à tester dans les espaces les plus divers, du petit salon où la séance se monnaie 5 euros au luxueux Oasis Spa (www.oasisspa.net), en passant par les temples ou, plus insolites encore, le centre de massage qui fait face à la prison de Chiang Mai (100 Th Ratwithi) et où officient des prisonnières, ou encore ce salon qui emploie des aveugles au sens du toucher plus développé (99 Th Ratchamankha).

A Lampang, on danse pour remercier Bouddha.
A Lampang, on danse pour remercier Bouddha.© Eric Vancleynenbreugel

Lampang et le pays des collines

Autre pépite du nord de la Thaïlande, la province de Lampang est peu arpentée par les voyageurs, et c’est bien dommage. Somnolente, sa petite capitale du même nom a gardé ses maisons en bois et ses belles demeures de riches négociants en produits forestiers. Mais aussi ses temples, souvent en bois. S’il ne fallait en voir qu’un seul, ce serait le site de Wat Phra That Lampang Luang. Construit sur un promontoire, il contient l’un des plus beaux temples en bois du nord de la Thaïlande, mixant les styles lanna et birman. Au moment de notre visite, un groupe de danseuses se prépare à un petit spectacle dont tout un chacun pourra profiter. Elles sont payées par une riche dame qui veut remercier Bouddha pour avoir exaucé ses prières. Les Thaïlandais dépensent une bonne partie de leurs revenus en dons, offrandes et cérémonies religieuses. Chaque étape ou épreuve de la vie nécessite un passage au temple. Et pour formuler un voeu de guérison, il suffit de placer sa prière sur la statue du Bouddha, à l’emplacement du membre correspondant : le bras pour soigner un bras cassé ou la tête pour demander la réussite d’un examen… On ne quitte pas non plus Lampang sans voir le Wat Sri Rong Muang. Edifié à la fin du xixe siècle par des barons birmans du commerce du bois, il touche au sublime avec sa multitude de frises finement sculptées. Difficile, d’ailleurs, de restaurer ces monuments car selon les croyances, les édifices religieux ne peuvent pas être faits de bois de forêts différentes…

Lorsque la chaleur pèse sur Chiang Mai, les locaux migrent vers les premiers contreforts de l’Himalaya, à l’ouest et à l’est de la ville, pour humer de l’air frais, là où poussent des fruits  » exotiques  » tels que fraises, pommes ou poires. Niché dans la jungle, le petit village de Ban Mae Kampong est revigorant, avec ses cascades et ses torrents qui glougloutent. La localité est aussi spécialisée dans la fabrication d’oreillers bourrés de feuilles de thé, aux vertus apaisantes. Et se révèle une excellente base de départ pour randonner en forêt.

La magnifique baie de Phang Nga, au nord de Phuket.
La magnifique baie de Phang Nga, au nord de Phuket.© Eric Vancleynenbreugel

Khao Lak : jungle et sable blanc

Changement total de décor, le temps d’un vol intérieur vers le sud et les côtes de la mer d’Andaman. Destination phare, un rien au nord de Phuket, Khao Lak s’est totalement remise du tsunami. Les plages de sable blanc ont retrouvé leur sérénité, les étranges rochers qui semblent plantés depuis l’éternité dans la baie de Phang Nga ajoutent toujours à la magie des lieux. Au loin, l’archipel des Similan, érigé en parc national maritime, est une merveille malheureusement victime de son succès. Pour éviter la foule, il n’est pas nécessaire d’aller loin : au sud de Khao Lak, la mangrove est aujourd’hui préservée au sein du parc national de Khao Lak/Lam Ru, magnifique méli-mélo de sommets grimpant jusqu’à 1 000 mètres, de forêts denses, de plages, d’estuaires et bien sûr de mangroves. Depuis peu, on les parcourt en kayak, en choisissant des itinéraires – entre une heure et demie ou plusieurs heures – jusqu’à la mer lorsque le courant le permet. Une occasion rare d’observer l’envers du décor de cet écosystème si précieux, en slalomant entre les immenses banians et les racines aériennes des palétuviers qui se déploient sur des dizaines de mètres autour de leur base, abritant singes, varans, serpents… Au sein du parc, les plages se méritent aussi, seulement joignables par d’étroits et tortueux sentiers à travers la jungle, offrant de temps en temps depuis les hauteurs une splendide échappée sur les flots.

Les échoppes de rue sont partout...
Les échoppes de rue sont partout…© Eric Vancleynenbreugel
... tout comme les écoles de cuisine.
… tout comme les écoles de cuisine.© Eric Vancleynenbreugel
En pratique

Se renseigner

www.tourismthailand.org

Y aller

Qatar Airways vient d’inaugurer une nouvelle liaison sur Chiang Mai (via Doha). Possibilité de rentrer par Bangkok et de faire halte au Qatar. Infos : www.qatarairways.com

Vols intérieurs avec Bangkok Airways :

www.bangkokair.com

Se loger

Away Chiang Mai Thapae Resort. En plein coeur de Chiang Mai, un agréable boutique-hôtel avec piscine. Et ici, tout est végétarien et sans alcool. https://awayresorts.com/resorts/ chiang-mai-thapae

Anantara Serviced Suites. A Chiang Mai, une adresse tout en quiétude et raffinement, avec cours de boxe.

https://chiang-mai.anantara.com

La Vela Khao Lak. Un resort aux lignes épurées en bordure de plage et un océan de piscines.

https://lavelakhaolak.com

Khao Lak Laguna. Pionnière sur Kao Lak, un établissement à l’accueil soigné, qui a été totalement rénové.

www.khaolaklaguna.com

Le Menara. En bord de plage, une nouvelle adresse 5-étoiles comptant une centaine de chambres et villas et une incroyable piscine, l’une des plus vastes de Thaïlande.

www.lemenara.com

Grande Centre Point Terminal 21 Bangkok. Idéalement situé au coeur de la capitale, voisin d’un centre commercial, du métro et du skytrain.

www.grandecentrepointterminal21.com

Lire

– Lonely Planet Thaïlande, ultradocumenté et augmenté au fil des nombreuses éditions.

– Après Michelin, c’est au tour de Gault & Millau dans son guide 2018 de consacrer un supplément (60 pages) dédié à la Thaïlande.

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