Exigeant et parfois précaire, le métier d’hôtesse de l’air continue pourtant de faire rêver

Le métier d'hôtesse de l'air continue de faire rêver - Unsplash (Tony Wang)
Le métier d'hôtesse de l'air continue de faire rêver - Unsplash (Tony Wang)

« Le matin, je suis à Aubervilliers » en banlieue de Paris et « le soir, à Cancun » au Mexique: le métier d’hôtesse de l’air, qui recrute à nouveau après le coup d’arrêt du Covid-19, fait toujours rêver, même s’il devient de plus en plus exigeant et parfois précaire.

« Dès qu’on publie une offre d’emploi pour le métier de PNC (Personnel navigant commercial) en alternance (conjuguant phase pratique et théorique, ndlr), au bout de quatre heures on est obligés de la fermer parce qu’on a 3.000 candidatures pour 300 places », révèle Valérie Gary, responsable « marque employeur et relations écoles » chez Air France.

PNC désigne aussi bien les hôtesses que les stewards, une profession qui reste à 80% l’apanage de femmes, selon l’association Women in Aviation International.

Autre indice de l’attractivité du métier: les longues files de jeunes gens, CV à la main, au salon annuel des formations et métiers aéronautiques à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Parmi eux, Sarah Salens, 27 ans, en reconversion après un début de carrière dans l’entraînement des gymnastes. « J’essaie de ne démarcher que des compagnies qui font du long-courrier. Après, je me rabattrai sur du court si je n’arrive pas à trouver », confie-t-elle.

Souhaitant rester basée en France, elle écarte a priori Emirates. Pourtant, la compagnie du Golfe, avec ses avions géants desservant le monde entier, embauche massivement.

Emirates « est à la recherche de 5.000 » PNC rien qu’en 2025, sur un effectif actuel de 23.000, explique à l’AFP Olivia Machon, chargée du recrutement. La compagnie organise des rencontres dans 470 villes du monde.

Hôtesse de l’air, un métier au rythme effréné

Mais la réalité du métier est aussi celle du rythme effréné des « low-cost », dont les avions ne restent au sol qu’une trentaine de minutes entre deux rotations.

« On se demande pourquoi des PNC continuent de travailler pour certaines compagnies aériennes, notamment des ultra-low-cost, où ils sont mal payés, où on leur demande une adaptabilité au niveau de leur planning qui est très difficile », témoigne Stéphane Salmon, président du SNPNC, le premier syndicat français de la profession.

Il déplore aussi « une forte augmentation de la précarité » des contrats, chez tous les transporteurs.

« Mais c’est vrai que comme ce métier fait rêver, fait envie, les compagnies en profitent ».

Un autre aspect sombre de la profession est apparu ces dernières semaines, quand une enquête de Radio France a mentionné plusieurs cas d’agressions sexuelles, de harcèlement et de comportements sexistes chez Air France, sur des femmes pilotes et des hôtesses. La compagnie a annoncé avoir redoublé d’efforts pour lutter contre ce phénomène.

Davantage de reconversions

Après un gel brutal pendant le Covid-19, Air France a rouvert ses embauches: 250 PNC ont été titularisés au 1er avril et 450 sont engagés pour la saison d’été.

« On formait plus de 250 PNC, on est tombé à zéro » pendant la pandémie, se souvient Magali Jobert, déléguée générale de l’AFMAé, le centre de formation aux métiers de l’aérien, près du Bourget.

Près de 600 formations y sont prévues cette année, conséquence d’une franche reprise, mais aussi d’une pyramide des âges qui va nécessiter de nombreux remplacements, selon Mme Jobert, qui constate que le profil des apprenants a changé depuis la crise, avec « beaucoup plus de reconversions professionnelles ».

Certains aspirants PNC sont titulaires de diplômes d’études supérieures, comme Aline Atangana, 25 ans, en alternance chez Air France sur long-courrier. Ses premiers pas dans la vie active, dans le secteur de la communication, l’avaient laissée sur sa faim.

En revanche, « hôtesse de l’air, on rencontre le monde en miniature dans un avion pendant six à douze heures ».

Et à l’escale, « c’est quand même quelque chose de fou. Le matin, je me réveille, je suis à Aubervilliers. Le soir, je suis à Cancun », s’amuse-t-elle.

Même enthousiasme dans les yeux d’Arthur Astarita, 24 ans, qui s’est lui aussi reconverti après un master de design digital et un poste de… conducteur de tramway. Il constate qu’à bord, « le plus compliqué, c’est de répondre aux sollicitations de tout le monde, tout le temps ».

« Évidemment, le métier a changé. Ils volent beaucoup plus. Il y a moins de repos. Les clients ont changé. Mais ça fait toujours, toujours rêver », assure Deborah Stovell, ancienne PNC devenue formatrice à l’AFMAé, en évoquant un « style de vie » au-delà d’une profession.

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