En France, une association de protection de l’eau propose, sur son site internet, une carte classant les plages françaises en 4 catégories, de celles à éviter aux recommandées. Vos vacances sont finies ou sur le point de se terminer? Ceci pourra peut-être vous servir l’année prochaine.
« Tout est parti de Laurent, surfeur et bénévole d’Eau & Rivières, qui, à force de se baigner dans de l’eau marron et d’être malade, s’est posé des questions », anonce l’association La belle plage, sur son site internet. Laurent a mené l’enquête, avec d’autres, et ils se sont vite rendu compte d’un « tripatouillage » de l’utilisation des résultats d’analyse des eaux de baignade. L’association est ainsi parvenue en 2023, à faire condamner, par le tribunal administratif, l’Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne.
L’ARS établit un classement selon des prélèvements qui ont lieu entre juin et septembre, et donne une qualité moyenne des eaux de baignade, « mais il ne reflète pas la réalité des risques sanitaires, celle qui intéresse les baigneurs », explique l’association. La belle plage utilise pourtant les mêmes chiffres que l’ARS. Cette dernière mesure deux paramètres microbiologiques: les concentrations de deux bactéries indicatrices Escherichia coli (EC) et Entérocoques intestinaux (EI).
Si vous souhaitez en savoir plus sur la méthodologie de La belle plage pour déterminer son classement, tout est clairement expliqué sur le site de l’association. Vous pourrez également y télécharger le détail de la méthode sur l’indicateur en 37 pages.
Attention, les notes ont été établies en mesurant la pollution bactérienne. Le classement ne prend pas en compte les macro-déchets, les métaux lourds ou les microplastiques présents dans l’eau ou sur la plage. En résumé, une plage qui vous paraîtra a priori très propre peut avoir des eaux de baignade pourvues d’une pollution bactérienne.
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Des régions plus touchées que d’autres
Avant tout, comme pour rassurer le baigneur, l’association se réjouit: « Nous pouvons nous baigner sans risque sur 80 % des plages françaises. Mais une plage sur cinq est régulièrement contaminée par des bactéries. Parmi les 566 plages bretonnes que nous avons classées en 2023, 80 % sont de bonne ou de très bonne qualité. Cependant, notre enquête révèle 21 plages à éviter et 88 déconseillées du fait de pollutions récurrentes. »
Le classement est établi en 4 catégories: à éviter, en rouge, déconseillé, en orange, peu risqué, en vert, et recommandé en bleu:
- Les points qui clignotent en rouge sont le nord de la France (la Normandie), les Côtes-d’Armor et le sud-est de la France, du côté de Nice notamment.
- Les points qui clignotent en bleu sont l’Occitanie, l’Aquitaine (Les Landes), et, bien sûr des plages aussi présentes sur tout le littoral français.
En Zoomant sur la carte (petit conseil: utilisez les boutons + et – en haut à gauche de la carte, plutôt que vos doigts, pour lire la carte en détail…), vous constaterez que c’est « moins pire » qu’à première vue. Ouf.
Pourquoi certaines plages ont-elles une pollution bactérienne plus importante?
En général, les littoraux qui clignotent le plus en rouge sont ceux où des rivières se jettent dans la mer. Autre facteur: là où, bien sûr, on a de grosses densités de population. Les plages près de grandes villes comme Nice, par exemple, qui rencontrent des problèmes d’assainissement et d’évacuation des eaux usées, notamment en cas de grosses pluies.
Autre facteur non négligeable: l’élevage intensif. Ainsi, en Bretagne, de grosses concentrations d’élevages de porcs ou de bovins couvrent une partie du territoire. Or, ces élevages sont bien souvent placés sur les bassins versants de rivières qui se jettent dans la mer. Quand on sait qu’un porc peut produire jusqu’à 30 fois plus d’Escherichia coli qu’un humain, il est difficile de ne pas établir de lien de corrélation voire de causalité entre ces élevages et la pollution des eaux de baignade.
Quid de la Belgique?
Le littoral belge, s’il est bien sûr régulièrement analysé, n’est pas – à ce jour – encore cartographié de la sorte pour le grand public. Une carte des eaux de baignade en Wallonie est disponible ici, mais c’est à peu près tout ce qu’on trouve en français.
Cet été comme l’an dernier, les algues bleues (qui sont en réalité des bactéries très polluantes) ont obligé les autorités à fermer plusieurs lieux de baignade, en Flandre notamment. La côte belge est heureusement épargnée, les algues bleues se développant dans une eau dépassant les 20 degrés. L’eau froide de nos littoraux (à environ 20 degrés, selon les endroits et la météo évidemment) empêche donc cette prolifération bactérienne. Pour autant, difficile d’avoir des sources précises et surtout accessibles. C’est l’Agence flamande de l’environnement (VMM) qui est chargée de contrôler les eaux des stations balnéaires. Les communications officielles font état d’une eau beaucoup plus « propre » aujourd’hui qu’il y a quelques décennies, avec notamment moins d’hydrocarbures (pétrole…) et de métaux lourds.
En résumé, tout irait bien dans le meilleur des mondes… Pourtant, l’élevage, porcin notamment et intensif en Flandre, pourrait nous permettre, si ce n’est de douter, d’à tout le moins (nous) poser la question.
Ma plage est en rouge, je me baigne ou pas?
Les bactéries E. coli sont très pathogènes pour l’homme: elles peuvent causer des gastro-entérites, mais aussi des otites ou conjonctivites. Mieux vaut éviter ces plages dans la mesure du possible donc, et pour les enfants, les personnes âgées ou vulnérables, on préfèrera carrément s’abstenir.
Vous êtes dans une zone rouge ou orange? Pas de panique. Il est possible, en s’éloignant parfois un tout petit peu, de trouver des plages aux eaux de baignade exemptes de bactéries.
Pour la carte en détail, c’est sur le site de labelleplage.fr
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