Toulouse découvre le Minotaure et ses machines géantes (en images)
Ses longs cils encore clos, Astérion le Minotaure, de 47 tonnes et de 14 m de haut, au torse fendu d’une large balafre, se repose « d’un long voyage au-delà des continents et au-delà des océans », observe son créateur François Delarozière. La créature mi-homme mi-taureau, en bois de tilleul savamment sculpté et percé d’écussons d’or, ne s’éveillera que vendredi, manipulé par 16 machinistes, au deuxième acte d’une épopée de quatre jours, « Le Gardien du temple », conçue par la célèbre compagnie de spectacle de rue.
« Je l’avais rêvé et là, l’image se concrétise, j’ai plaisir à le voir là. Le Capitole lui va bien », se félicite François Delarozière, directeur artistique de La Machine, qui espère 350.000 visiteurs tout au long du week-end.
Devant la carcasse truffée de technologies d’Astérion, les regards curieux, médusés ou admiratifs décortiquent l’oeuvre d’art sur fond d’exclamations bercées par le souffle rauque et régulier de la bête: « wouahhhh, il est énorme », lance le petit Heaven, 4 ans et demi, aux yeux pétillants.
« J’ai vu des affiches dans le tram, on savait que ce serait quelque chose de géant », renchérit sa mère Lesly Menge, qui travaillera lors des premières déambulations du Minotaure, vendredi, mais s’est organisée pour que son fils « n’en perde pas une miette ».
Pendant que le Minotaure ronfle encore, plus loin, accrochée au toit de l’Hôtel Dieu, Ariane, l’araignée géante de 38 tonnes s’éveille soudain dans un ballet féérique de pattes déployées, manipulées par une dizaine de machinistes descendus en rappel au son de la voix d’un ténor qui transperce la nuit tombante. Dans le piaillement des étourneaux, la « danseuse » s’élève en musique sous les flocons de neige tandis que monte la clameur du public massé sur les quais de Garonne et sur le pont neuf.
Tout au long des quatre jours du mythe revisité, Ariane tissera le fil qui guidera le Minotaure vers son temple sacré, selon un scénario que les spectateurs découvriront petit à petit. « Nous revendiquons la surprise », souligne François Delarozière, également metteur en scène. « Le but, c’est que les gens se parlent, échangent. On veut transformer le regard, on oublie la ville et la ville devient une espèce de théâtre ».
Après Ottawa, Liverpool, Pékin, Bruxelles ou Yokohama, « l’idée était de s’inspirer du mythe du Minotaure mais de le réinventer », raconte à l’AFP Frédette Lampre, responsable de la diffusion, la communication et des partenariats de la compagnie nantaise.
Pendant la nuit, le temple antique s’est échoué sur le sable de la Garonne. Ce décor a l’aspect du Capitole, où siège l’Hôtel de ville toulousain. A la fin du spectacle, le Minotaure le portera sur son dos et pourra ensuite transporter les visiteurs, à l’image du Grand éléphant de la compagnie à Nantes.
Car le mastodonte hybride, mi-thermique, mi-électrique, deviendra « le porte-drapeau métropolitain » de Toulouse, s’enorgueillit François Delarozière. La municipalité de Jean-Luc Moudenc (LR) en espère de rapides retombées touristiques.
Accompagné d’un choeur de 40 voix et ponctué d’effets spéciaux, le spectacle se jouera dans un labyrinthe de rues toulousaines, en prélude à l’inauguration, les 9-10-11 novembre, de la Halle de La Machine, où Astérion élira domicile.
A la Halle, conçue comme une écurie pour 60 à 80 automates fantastiques en bord de la piste historique de l’aéropostale, en périphérie toulousaine, le Minotaure deviendra « une machine de ville, une machine citoyenne qui a une fonction usuelle comme le métro et le bus », souligne Frédette Lampre. « La machine de spectacle se mue en machine de transport émotionnel » qui offre une promenade aux visiteurs.
La maire de Calais Natacha Bouchart est d’ailleurs venue en repérage pour son futur « Dragon des mers » qui vise, à partir de septembre 2019, à « redonner de l’attractivité à la ville et restaurer une image détruite après la crise migratoire ».
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