Architecture, culture et sites naturels à couper le souffle: le mystérieux Ouzbékistan dévoile ses merveilles

La route de la soie a contribué à la prospérité de toute une région. Avec son architecture unique et sa grande richesse culturelle, l’Ouzbékistan remercie ce glorieux passé tout en regardant l’avenir. Nous y avons cuisiné, bavardé avec les nomades, dormi dans une yourte et récolté le coton. Fabuleux.
Tamerlan est un nom gravé dans nos mémoires depuis notre visite de la ville ouzbèke Samarcande. Formidable chef de guerre du XIVe siècle, il est souvent cité aux côtés de Gengis Khan, le conquérant mongol du XIIIe siècle. Son mausolée, Gour Emir, semble tout droit sorti d’un conte des Mille et Une Nuits. A côté de son immense palais de Shahrisabz, il a fait construire la plus grande mosquée d’Asie centrale de l’époque et la nomma Bibi-Khanum en l’honneur de son épouse favorite. Lorsque nous entrons dans la célèbre nécropole de Shah-i-Zinda, avec ses magnifiques mausolées en mosaïque bleue, une pure magie se dégage.
Nous passons devant des mosquées et des palais sensationnels, mais ce sont surtout les histoires, embaumées du parfum d’épices exotiques, qui nous ramènent à l’apogée de la route de la soie, en particulier dans le bazar Siuob. Ulug Bey, le petit-fils de Tamerlan, y a construit un observatoire en avance sur son temps et le Registan qui, avec ses trois madrasa et sa mosquée, est le point culminant architectural de Samarcande. Alors que nous admirons les lieux, une vieille dame souhaite se faire prendre en photo avec nous, avant de nous faire un long câlin et de nous raconter une histoire que nous comprenons à peine… à l’exception du mot «welcome».
Des vaches bien éduquées
De vieux camions soviétiques déchargent des tonnes de melons le long de la route de Tersak. Les cultivateurs qui les vendent dorment pendant des semaines entières parmi leurs fruits sur de petits lits, parfois avec toute leur famille, bébés compris. Plus loin, Manfrita, une femme joviale, vend des fruits secs et du fromage. Quand nous essayons de marchander en ouzbek, elle sourit en dévoilant ses dents en or, un symbole de statut social qui s’est développé en secret pendant la période soviétique. Juste avant Tersak, des vaches bloquent la route. Un bref ordre de l’agriculteur les fait immédiatement se ranger sur le côté. «Elles sont bien élevées, n’est-ce pas? Elles ont fait des études supérieures», précise-t-il en riant.
Dans la famille où nous logeons, même l’âne se montre accueillant. Notre chambre est rudimentaire, le lit spartiate, mais l’hospitalité est sans limites. Omar, le fils de 14 ans, nous guide à travers le village, où l’on parle un peu le français grâce au directeur de l’école. Des hommes sur de petits ânes et dans d’anciennes Lada nous accueillent avec un bonjour chaleureux et des enfants chantent spontanément Frère Jacques à notre passage.
Omar nous emmène rendre visite à une jeune mariée de 18 ans qui est encore un peu mal à l’aise de vivre avec sa belle-famille. Elle exhibe fièrement ses accessoires de mariage sous le regard approbateur de sa belle-mère. Le soir, notre hôte prépare le dimmen, un plat ouzbek à base de pommes de terre et d’agneau. Le verre de vodka qui l’accompagne est non négociable.
Sérénité au sommet
Le lendemain, direction Hayat, situé dans le parc naturel de Nourata et véritable paradis pour les amateurs d’escalade. Bien que les mouflons sauvages aiment jouer à cache-cache, ce sont les premiers animaux que nous apercevons. Les panoramas et le silence sont bouleversants. Notre rencontre avec un géant de plus de 2.000 ans, un Biota d’Orient, est mémorable. L’arbre, dont les branches pourraient accueillir un bus, est sacré. On dit qu’il a été planté par les troupes d’Alexandre le Grand. Si seulement ses feuilles pouvaient parler…
Le soir, nous préparons du plov sur un feu de bois dans le jardin avec le maître de maison, sous le regard curieux de deux veaux. Epaule d’agneau, riz à grain long, carottes, oignons, piments, ail et beaucoup de patience figurent parmi les ingrédients principaux. Le plov est une carte de visite pour les Ouzbeks. Chaque famille a sa propre recette et seuls les hommes sont autorisés à le cuisiner. Nous avons l’honneur de pouvoir assister à sa préparation.
Nage dans le désert
En route vers le désert de Kyzylkoum, nous traversons une steppe orange à perte de vue, qui se teinte de vert vif au printemps et regorge alors de coquelicots. Une courte halte dans un village du désert tourne en agréable distraction pour les personnes âgées du coin. Dans le campement, deux chameaux s’ennuient près de notre yourte. La chaleur ne nous empêche pas de randonner dans les dunes dorées.
Dans ce paysage désertique où le vent a libre cours, le sable dessine de superbes motifs géométriques, encore plus saisissants au coucher du soleil. Nous nous rafraîchissons dans l’immense lac Aydar en compagnie de quelques oiseaux aquatiques. La situation est étonnante: nager dans le désert, ça n’arrive pas souvent. Le soir, un troubadour d’un village voisin surprend le campement avec des chants qui s’embrasent dans les flammes du feu de camp. Ses complaintes mélancoliques résonnent doucement dans notre sommeil.
La récolte de l’or blanc
Après une baignade dans la piscine de l’écolodge Ethno Village à Shirin, la cheffe nous invite à l’aider à préparer le dîner. Sous son œil attentif, nous cuisinons des aushak, des raviolis cuits à la vapeur avec de la citrouille et de l’oignon. Les Ouzbeks mangent plusieurs salades à chaque repas, servies avec un ragoût de bœuf pour lequel notre contribution reste limitée. Le matin, un coq nous sert de réveil; chaque maison ici possède une sorte de mini-ferme. Laziza, la directrice de l’école, vient nous chercher pour une promenade au village. Elle parle parfaitement français.
Nous passons devant le voisin qui fait rôtir des noyaux d’abricot (sherdanak) avec beaucoup de panache dans un énorme wok au feu de bois. Il nourrit toute sa famille avec cela, y compris sa grand-mère. «Les bancs du village sont notre Internet, explique Laziza en riant. On y trouve toutes les dernières nouvelles et les récents potins!» Elle nous présente quelques amis. L’un d’eux insiste pour nous emmener dans sa Lada jusqu’aux champs de coton, où la récolte bat son plein. Les cueilleurs, un peu gênés au début, nous proposent de participer. Il nous manque la fluidité, mais nous faisons de notre mieux.
Le coton est appelé l’«or blanc» dans la région, ce qui a longtemps desservi les cueilleurs. Mais sous la pression de la communauté internationale, les salaires ont récemment connu une augmentation significative. Et c’est une très bonne chose.
Les terrasses animées de Boukhara
Boukhara, l’une des plus anciennes villes du monde, a été un lieu de pèlerinage pendant de nombreuses années, comme en témoigne le mausolée d’Ismail Samani, datant du Xe siècle, avec ses motifs géométriques complexes. La citadelle fortifiée d’Ark, datant du Ve siècle, est une autre merveille architecturale qui fonctionnait jadis comme une ville dans la ville. Au complexe Poi Kalyan, nous montons sur l’emblématique minaret Kalon du XIIe siècle, qui, du haut de ses 47 mètres, constitue un point de repère à Boukhara depuis des siècles. Mais le cœur animé de la ville reste Lyab-I-Hauz, un bassin d’eau dans lequel les monuments environnants se reflètent comme des divas et où les terrasses sont le théâtre de conversations animées.
L’attraction principale de la place? La madrasa Nadir Divan-Beg, datant du XVIIe siècle, avec des mosaïques d’oiseaux exotiques sur la porte d’entrée. Le soir, nous nous laissons porter par la musique traditionnelle et les danseuses en robes brodées à la main qui prennent place dans la cour intérieure de cet ancien caravansérail. La tour Choukhov, en face de l’emblématique mosquée Bolo Haouz, dénote quelque peu. Une construction métallique à la Eiffel qui revendique sa place bien méritée au coucher du soleil.
Juste à l’extérieur de Boukhara, dans la maison de Fayzulla Xo’Jayev (1880), nous dérangeons involontairement la séance photo de deux couples fiancés en tenues traditionnelles. Cette luxueuse maison de marchand aux deux jardins intérieurs et aux détails extrêmement raffinés est le cadre historique idéal pour ce type de clichés.
Mais c’est à l’école de miniatures d’Usta Davron, où le papier est encore fabriqué à la main, que nous faisons un véritable bond dans le temps. La pulpe de riz et l’écorce de mûrier sont battues au marteau jusqu’à former une pâte, qui est ensuite versée sur un tamis et pressée. Aujourd’hui, le propriétaire et miniaturiste Davron Toshev est le plus grand expert de la forme d’art la plus célèbre d’Ouzbékistan, une tradition qui remonte à l’époque de Tamerlan.
Khiva, figée dans le temps
Bien que Khiva ait vingt-cinq siècles d’existence, la plupart des bâtiments de la ville fortifiée (Itchan Kala) ont été restaurés ou reconstruits aux XVIIIe et XIXe siècles. Malgré cela, la ville garde un aspect très authentique. En franchissant ses portes avant l’aube, nous avons l’impression de nous promener dans un livre de photos historiques. Il y a quelque chose de magique dans la lumière du soleil levant qui projette de longues ombres dans les rues désertes.
Khiva est un musée vivant au charisme débordant. Le célèbre minaret Kalta Minor était autrefois censé être le plus haut du monde, mais le constructeur a été assassiné alors que la tour ne mesurait que 29 mètres de hauteur. En 1910, il a été dépassé par l’Islam Khoja, qui domine désormais la ville du haut de ses 57 mètres. Nous sommes émerveillés par les 218 piliers en bois sculptés de la mosquée Juma, l’une des plus belles du pays. La faible lumière qui y pénètre crée un effet cinématographique.
Outre ses monuments, Khiva compte un bazar coloré et réputé pour ses menuisiers. L’un d’eux montre avec l’assurance d’un magicien comment positionner le Coran de dix manières différentes. Dans les rues étroites, loin de la foule, nous rencontrons des habitants désireux de discuter malgré la barrière de la langue. Une vieille femme assise par terre devant sa maison nous appelle. Avec les quelques phrases que nous avons apprises, une brève conversation s’engage. Elle est impatiente de se faire prendre en photo avec nous. Son visage marqué, son sourire et ses yeux rayonnants font d’elle le visage de ce voyage.
EN PRATIQUE
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