Eaux de jouvence

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Elles apaisent les peaux les plus tiraillées, hydratent, rajeunissent, satinent. Les eaux thermales sont les alliées de votre beauté.

Sans elle, la terre ne serait qu’un caillou tout nu perdu dans l’infini. Sans elle, nous ne serions que fossiles et sables, parchemin et fissures. Elle ? H2O. L’eau qui coule de source, l’eau qui bulle, cascade et régénère, l’eau de pluie, l’eau qui rigole au robinet ou qui croupit au marécage. Sans oublier l’eau qui dort… Présente partout (70 % de la surface du globe, 65% du corps humain, 70% du derme), elle gonfle les mers, occupe les nues, traverse les roches. Et, en chacun de ces périples, se charge de ce qu’elle croise. Ainsi, l’eau minérale est, comme son nom l’indique, celle qui, tombée du ciel, s’est infiltrée aux tréfonds des montagnes et infusée de la sève pierreuse avant de rejaillir en quelques lieux privilégiés. Rebaptisée « eau thermale », saturée de minéraux et d’oligoéléments, elle en devient alors, sauf à, comme Popeye, s’empiffrer d’épinards, la meilleure source possible lorsque l’organisme est carencé. Ce qui arrive souvent, par exemple dans la peau.

Vous reprendrez bien un peu de fer ?

« Minéraux et oligoéléments sont de même nature, explique Michel Le Maître, dermatologue et conseiller scientifique pour Cosmétique active France. Leur différence tient à leurs quantités présentes dans l’organisme. En deçà de 5 grammes, on les appelle oligo – « petit » en grec – éléments; au-delà, minéraux. Et ils sont absolument indispensables à la bonne santé du corps, donc de la peau. » Les joues qui tirent, qui rougissent? Manque de magnésium. Trop de sébum sur la zone médiane? Soufre ou zinc! Le teint terne? Un peu de fer le ranimera. Considérant que 70% de la population féminine française déclare avoir une peau sensible ou à problèmes (quantité d’hommes aussi), et que cela élargirait avantageusement leur marché, de nombreuses villes thermales ont donc mis leur trésor en pots de crème.

« A Avène, détaille Nuria Perez-Cullell, docteur en pharmacie et directrice du marketing de la marque, l’eau possède un taux important de silices à la forme ronde, contrairement aux cristaux des autres minéraux, qui se structurent en étoiles. D’où sa grande douceur, qui apaise profondément la peau en restaurant la barrière cutanée. Et pour longtemps, puisqu’on constate une persistance des effets pendant plusieurs mois. Pour en préserver la pureté, toutes les étapes de conditionnement se font en milieu stérile, selon le même protocole que celui dont on use pour les médicaments. »

A La Roche-Posay, pareillement grand lieu de cure et grande marque de cosmétique dermato, on insiste sur la teneur en sélénium de la source. Cet oligoélément protège la membrane des cellules, maintient l’élasticité des tissus, prévient le dessèchement et est impliqué dans la lutte contre les radicaux libres. « L’eau thermale de La Roche-Posay, à la balance proche de la neutralité, est remarquable par la stabilité de ses composants: bicarbonate, qui maintient le pH cutané, manganèse, cicatrisant, et sélénium, antioxydant. Elle résulterait de la rencontre entre l’eau de pluie traversant les épaisses roches crayeuses de la région Centre, réserves naturelles de sélénium, et une eau profonde remontant des sables du crétacé supérieur », continue le Dr Le Maître.

Le plancton venu du chaud

Autres geysers épatants: ceux de la célébrissime eau de Vichy, riche en fer, magnésium, manganèse, silicium et calcium (n°1 des ventes en pharmacie), des laboratoires Uriage (isotoniques et hydratants), de Saint-Gervais, issus des Alpes et reconnus par l’Académie nationale de médecine pour leur teneur en sulfates, sodium, chlorures, potassium, strontium, lithium, bore, manganèse, fer, zinc, baryum (ce qui les rend décongestionnants, hémostatiques, cicatrisants, apaisants…)

Sans oublier ceux à l’origine de la marque Biotherm. Leur particularité? Les bactéries, dites « plancton thermal », qui y pullulent (on en trouve aussi à Molitg-les-Bains, dans les Pyrénées-Orientales). Apparues, à quelques millénaires près, il y a trois milliards d’années au sein de milieux aquatiques sulfureux, chauds et très riches en sels minéraux, elles apportent à la peau les protéines, vitamines et acides aminés dont elles sont elles-mêmes constituées. L’extrait pur de plancton thermal (une sorte de gel d’eau concentrée, puisqu’il en faut 50 000 litres pour obtenir le plancton nécessaire à 50 ml du nouvel hydratant Aquasource Skin Perfection) l’aide à s’autorenouveler. Selon le biochimiste Lucien Aubert, « le plancton thermal protège non seulement la peau en agissant sur le contrôle du stress oxydatif, mais il stimule aussi fortement la division cellulaire, ce qui permet d’avoir une bonne correction du vieillissement. De plus, il aide de manière naturelle les mécanismes innés de défense cutanée ».

A la source des légendes

Ailleurs aussi, on constate les vertus des sources thermales. Ainsi, au Japon, les onsen sont un mode de vie, un rite ancestral. On plonge, après s’être soigneusement récuré et rincé, dans un baquet d’eau bienfaitrice, voire dans plusieurs successivement, chacun contenant une eau de composition minérale différente, la nature volcanique du sol fournissant plusieurs variétés de sources chaudes minérales. Chaque établissement affiche ses particularités: soufrées, ferriques, chargées en chlorure de sodium, en carbonate d’hydrogène. Les Japonais sont très calés en minéraux et oligoéléments… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les cosmétiques spécifiques y foisonnent. Certains sont disponibles en France. Telle la toute récente ligne Muji à base d’eau d’Iwate, venue du nord du pays, ou l’Eau apaisante Sensitive d’Annayake, puisée au centre du mont Fuji. Tel aussi le Soin total anti-âge d’Issey Miyake, contenant près de 60% d’eau de Kirishima, une source thermale du sud de l’archipel. Découverte au tout début de l’ère Edo (vers 1600), raconte la tradition locale, par un samouraï grièvement blessé qui recouvra ses forces après s’y être baigné. Sa richesse en silicium restaure l’élasticité épidermique. Mais, surtout, augmente le métabolisme de la peau avec 10% de glucose, sa principale source d’énergie. Ne pas oublier, lors de l’application, le massage associé, inspiré du shiatsu…

A chacun ses mythes… En France, il y a aussi l’eau de Lourdes. Celle-là même, « reconnue pour son activité psychosomatique et spirituelle », dont viennent chaque jour s’oindre des milliers de pèlerins. Elle est depuis peu au coeur d’une ligne (accessible sur Internet) « véritable source de bienfaits pour le corps et l’âme ». Un miracle?

Par Maïté Turonnet

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