Dior, Galliano : Enterrement de première classe

Devant le musée Rodin, une foule, celle des grands jours. Mais étrangement aucun cri, aucune hystérie. Une voiture de police, un triple service de sécurité à la mine sombre, beaucoup de monde qui attend, on ne sait quoi, une hypothétique star, un parfum de scandale…

Devant le musée Rodin, une foule, celle des grands jours. Mais étrangement aucun cri, aucune hystérie. Une voiture de police, un triple service de sécurité à la mine sombre, beaucoup de monde qui attend, on ne sait quoi, une hypothétique star, un passe-droit, un parfum de scandale…

Il faut traverser l’allée de gravier, sur un tapis gris souris très Dior, passer le musée et puis s’installer dans la tente dressée dans le jardin. Derrière, en standing, des fournisseurs de la maison, qui sont là comme chaque année – « Si l’ambiance est différente, aujourd’hui? » »Non ». C’est le choix du no comment, Galliano est out, c’est clair, cela a été annoncé urbi et orbi, quant au reste, the show must go on.

Justement les lumières s’éteignent, apparaît Sydney Toledano, PDG de Dior, qui prend la parole, seul sous les grands lustres d’apparat. Il retrace l’histoire de la maison, qui, « depuis sa création, connait un trajet exceptionnel » et parle de « l’épreuve » qu’elle traverse, des propos « inacceptables », « inqualifiables » de John Galliano, du devoir de mémoire, « au nom de toutes les victimes de l’Holocauste, au nom du respect des peuples ». Il rappelle alors les valeurs de cette maison créée par Christian Dior en 1947, qui « libéra la femme après les ombres de la guerre », il évoque la soeur du créateur qui fut déportée à Buchenwald et insiste sur son envie « d’apporter de la joie, du rêve, de la beauté et du bonheur, du raffinement, du savoir-faire dans le respect de l’autre, de tous les autres ». Autant de valeurs « intactes », insiste-t- il avec pathos, « portées par les équipes, le coeur de la maison Dior ». Et ce coeur « qui bat », ce sont « les ateliers, les petites mains qui portent, sans compter les heures, les valeurs de la maison. Ces petites mains qui ont le coeur serré. Ce que vous allez voir maintenant est le résultat de leur immense travail. »

Justement, la première fille déboule sur cet immense catwalk, capeline et maxi cape au vent. Les tailles sont hautes parfois Empire, les knickers noués sur le côté des genoux, les silhouettes contemporaine, avec des couches superposées, qui évoquent « le dandysme des poètes romantiques anglais. C’est doux chromatiquement, et très joli. Avec une vraie main couture, des chiffons, de la fourrure et même des tapisseries pour finir par une mini collection boudoir, qui ose les déshabillés transparents. Applaudissements bientôt transformés en ovation quand toutes les petites mains, en tablier blanc viennent saluer, à la façon de la Maison Martin Margiela. Et si la mode qui se mord la queue avait enfin compris qu’une collection, cela se construit en équipe d’artisans ?

Anne-Françoise Moyson

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