Le défilé des Petits Riens, label fête

Deux anniversaires pour les Petits Riens. Cela fait 75 ans que l’Abbé Froidure créait cette association destinée à aider les plus démunis et cela fait 10 ans que les créateurs de mode et les designers farfouillent dans le stock de vêtements et du mobilier récoltés par les Petits Riens pour les découper, les détourner, les réinventer en des silhouettes étonnantes, des meubles décalés vendus aux enchères en une charity bien ordonnée.

Une naissance pour ces mêmes Petits Riens. Ou plutôt une rénovation en bonne et due forme pour une maison qui accueillera désormais les jeunes que la vie a jetés à la rue, qui n’ont donc pas d’endroit où loger et qui pourront prendre le temps de souffler entre ces murs. Les bénéfices de cette dixième édition serviront à faire tourner cet abri-là, d’autant plus indispensable que la crise malmène aussi les 18-25 ans.

Dans les backstages, juste avant le défilé, ambiance cool, Edouard Vermeulen pour Natan connaît la chanson, c’est la neuvième fois qu’il y participe. Il s’amuse de ce manteau d’agent de police qu’il a détourné, là une bande fluo orange, ici une ganse, le tout doublé façon Haute Couture, « quand on le fait, on doit le faire bien ! ». Carine Gilson, elle, a trouvé de la soie et de la dentelle, ça lui ressemble, et marié le tout avec brio et raffinement. Un peu plus loin, Marc-Philippe Coudeyre raconte une histoire de sirène qu’un beau Norvégien sauverait – « J’étais complètement ému, retourné, quand j’ai été cherché les vêtements au centre de tri des petits riens, j’avais l’impression d’être dans le film Dancer in the dark. Je me suis investi à fond, j’ai drapé, détourné et je me suis senti presque plus libre que sur ma propre collection… Comme si soudain je pouvais créer sans songer à tout le reste… « . A côté, trois sacs Delvaux attendent leur heure de gloire, la maison a collectionné les pins et les a insérés dans un Brillant XXL en plastique transparent, effet garanti. Sandrina Fasoli et Michael Marson sont là aussi, of, course, et c’est la troisième fois. Ils ont déniché de la lingerie, ils en ont fait du Sandrina Fasoli, c’est ravissant. Là, sous un spot, une top qui connut son heure de gloire il y a quelques années, dans un genre très cabaret enroule sa jambe interminable et voilée de bas résille autour de son partenaire de show, « ça va si je fais ce geste-là », demande-t-elle à Elvis Pompilio qui a travaillé du chapeau et de la cravate. « C’est parfait », lui répond le modiste amusé. Sur un portant, trois manteaux en Astrakan attendent leur mannequin vivante, c’est sublime, patronné par la reine des Robe, Véronique Leroy.

Devant les miroirs, les dernières retouches make-up, Lancôme est de la fête, avec son Rouge in love, son Hypnôse drama et son Généfique pour embellir des jeunes gens déjà bien gâtés par la nature. L’équipe de Maison Roger s’active sur un dernier chignon, le show peut commencer. Et dieu que c’est vivant, frais, joyeux. Les manteaux de Kim Stumpf – de vieilles couvertures magistralement réadaptées – font leur petit effet, les gamins qui zig zagent entre les bulles pour Juggle font mouche, idem pour le cuir d’Atelier Marchal, en vestes retravaillées et en sacs juste parfaits. Ajoutés à cela les exercices de coupe de Joanne Vanden Avenne et de Zoé Vermeire, le lit repensé de Dirk Wynants et la danseuse orientale et ses shimmy, vous aurez une petite idée d’un défilé qui fait chaud au coeur.

Petite déception : les enchères ne se sont pas envolées comme elles auraient dû. Est-ce la faute à la crise ? A la scénographie qui zappait le commissaire-priseur avec marteau, suspense, surenchères et tout le tralala ? Promis, juré, on fera mieux la prochaine fois. Parce que les Petits Riens le valent bien.

A-F.M.

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