A Bordeaux, le premier chai urbain s’installe dans un blockhaus allemand

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Après New York ou Hong Kong, la capitale du vin de Bordeaux se lance dans la vinification urbaine avec un premier chai installé dans un blockhaus allemand de la dernière guerre.

A l’instar des micro-brasseries qui fleurissent dans les villes, de Brooklyn à Amsterdam, un couple de jeunes pionniers parie de faire mûrir des vins dans cet ancien dortoir à soldats en béton au coeur de Bordeaux.

Laurent Bordes, oenologue de 33 ans, et son associée finlandaise, Annica Landais-Haapa, 35 ans, juriste du vin, font équipe depuis leur rencontre en 2013 sur les vignes de Château Latour, premier grand cru de Médoc classé en 1855. Ils se présentent comme des « oeno-artisans », de « nouveaux chasseurs-cueilleurs urbains à la recherche du bon grain », prêts à « bousculer en douceur » une tradition séculaire de vinification sur un vignoble très conservateur. « L’idée n’est pas de concurrencer les grands Bordeaux de garde », mais de fabriquer « des vins fruités, gouleyants, haut-de-gamme, à consommer tout de suite, qui marchent bien dans d’autres régions et que l’on aimerait voir un peu plus à Bordeaux », explique l’oenologue. « On veut juste apporter quelques bulles d’air et un peu de fraîcheur », renchérit Annica.

La vinification urbaine répond, selon Laurent Bordes, à de nouveaux modes de consommation : « le citadin veut de la production locale et voir comment tout est fait ». Il souligne la multiplication des micro-brasseries, « dans des garages et autres, alors pourquoi pas dans le vin? ».

Fort de ses expériences au Dominus Estate dans la Napa Valley en Californie, ou à Pomerol, dans le Bordelais, l’oenologue s’est lancé en 2014 dans la vinification urbaine « assez osée à Bordeaux, au milieu de ses 8.000 châteaux » parfois pluriséculaires.

Il teste le concept, d’abord dans son appartement transformé en laboratoire, avec pour seuls équipements une cuve en inox et une barrique d’occasion pour vinifier 800 kilos de raisins qu’il a transportés lui-même.

L’apprenti oenologue fait goûter son premier nectar artisanal à des « amis de la filière ». Encouragé par leurs promesses d’achat, il se jette à l’eau, « mais pas seul, trop de risques », et convainc Annica sur le principe d’un « partenariat à 50/50 » pour créer les Chais du Port de la Lune.

A Bordeaux, le premier chai urbain s'installe dans un blockhaus allemand
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Au coeur d’un quartier ouvrier

Les deux associés retroussent leurs manches et retapent une partie des 160 m2 de béton armé du bunker transformés en chai urbain, au coeur d’un quartier ouvrier réhabilité.

Leur société s’appuie sur un réseau « de vignerons exclusivement bio » du sud et du sud-ouest de la France – Madiran, Corbières ou Dordogne – mais aussi du Beaujolais (centre-est), et sur des « techniques personnelles », gardées jalousement, tant « la concurrence peut être rude dans cette fourmilière de production », explique l’oenologue.

A fortiori quand la vinification urbaine, importée des Etats-Unis, « devient de plus en plus tendance en Europe », renchérit Annica.

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Et voilà, encore une riche année de clôturée!
Nous vous envoyons tous nos meilleurs vœux pour 2019 et nous allons bosser dur pour continuer à vous surprendre! 💪
On va se régaler!!! 🍷🍷🙏🍷🍷

Geplaatst door Les Chais du Port de la Lune op Woensdag 2 januari 2019

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Pour le millésime 2018, les Chais du Port de la Lune produiront 9.000 bouteilles, à 15 euros chaque, et trois cuvées: un blanc (un assemblage de viogniers issus du Madiran et du Beaujolais), un rouge léger (alliant gamay du Beaujolais et syrah des Corbières) et un rouge plus charnu à partir de grappes de syrah des Corbières, merlot de Bergerac et tannât de Madiran.

Leurs choix: ne jamais vinifier en grande quantité et créer de nouvelles cuvées chaque année avec des cépages et des assemblages nouveaux, pour « titiller la curiosité du consommateur » et « fidéliser une clientèle qui n’a pas forcément envie de visiter les châteaux », précise l’oenologue.

« Prélude », son premier millésime rouge bio, est un assemblage atypique de cabernet sauvignon de côtes de Blaye, de syrah des Corbières et de merlot de Bergerac. Un nectar artisanal fabriqué en 2017, « de la vendange jusqu’à la mise en bouteilles », raconte Annica. « Les grappes, insiste-t-elle, on les ramasse à la main, nous-mêmes ».

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