Après avoir limité la casse, le champagne espère le retour des touristes internationaux

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« Quand vous venez de l’étranger pour visiter la France, vous goûtez les produits locaux, et le champagne est un produit local »: avec l’arrêt du tourisme et de l’hôtellerie-restauration sur fond de crise sanitaire, la consommation de champagne a drastiquement chuté l’an passé.

« Cette crise sanitaire n’est pas une crise comme les autres: depuis 50 ans, c’est la première crise en Champagne où l’export a fait mieux que le marché français », a remarqué mardi Jean-Marie Barillère, président de l’Union des Maisons de Champagne, lors d’une conférence de presse en ligne avec Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons de Champagne (SGV).

Dans l’hexagone, les ventes de bulles ont elles chuté de 20% par rapport à 2019, à 114 millions de bouteilles. Alors qu’à l’export la baisse s’est limitée à 16% à 131 millions de « cols », a indiqué M. Barillère.

Mais producteurs et négociants estiment avoir évité le pire en limitant collectivement leur production de raisin et de vin en 2020, afin d’éviter un effondrement des prix lié à la surproduction qui aurait pu laminer la filière viticole champenoise.

Depuis 50 ans, c’est la première crise en Champagne où l’export a fait mieux que le marché français

Le coût du trou noir de 2020 n’est pas encore totalement chiffré, mais M. Barillère a évalué le chiffre d’affaires de la filière « à 1 milliard d’euros de moins qu’en 2019 ». Evoquant une année « noire, à oublier très vite ».

Pour lui, le recul des bulles en France n’a rien à voir avec un pessimisme accru des Français qui auraient perdu le sens de la fête. Il vient de la mise à l’arrêt du tourisme international et de la fermeture des relais de consommation que sont hôtels, cafés et restaurants, sans parler des duty free.

« Après-guerre »

« Il suffit de voir la tristesse de Paris, des Champs Elysées », a-t-il dit, espérant un « retour à la convivialité » le plus rapide possible.

Pour la suite, lorsque les vaccins auront fait leur effet, M. Toubart se veut plus optimiste: « On a vu à la fin du premier confinement l’envie de se retrouver, de faire la fête, c’était comme un après-guerre. »

Les deux responsables ont estimé avoir su « bien gérer la crise », avec des ventes finalement moins mauvaises que prévu. « Lors de nos discussions interprofessionnelles en juin, nous estimions le recul des ventes en 2020 à 30% », a rappelé M. Toubart, saluant la réduction volontaire de la production décidée avant les vendanges.

« En Champagne, ce n’est pas la nature qui nous dicte ce que nous devons produire, nous gérons nous même nos stocks »

Nombre d’autres régions viticoles ont, elles, dû distiller ou stocker en masse des hectolitres de vins invendus, réclamer des aides, et vu la valeur de leurs crus tomber « très bas ». « Nous avons encore 1,2 milliard de bouteilles en stock« , a plaisanté M. Toubart. Mais les deux Champenois se sont félicités du « maintien de la valeur du champagne« , qui « n’a pas été bradé », et de l’absence de « casse sociale » ou de faillite, même si certains regroupements de structures sont en cours.

Après avoir limité la casse, le champagne espère le retour des touristes internationaux
© Getty Images

Le groupe LVMH, qui détient les maisons Dom Pérignon, Moët & Chandon, Mercier, Krug, Ruinart ou Veuve Clicquot, a indiqué de son côté « qu’après une baisse sensible des volumes au second trimestre » 2020, l’activité champagne avait connu « une amélioration des tendances au second semestre, en particulier aux Etats-Unis ».

De fait, le champagne est le seul vin français à ne pas subir la surtaxe de 25% imposée par l’administration Trump, qui pèse sur la filière viticole française car le marché américain est son premier débouché à l’exportation.

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