CoHop, première coopérative bruxelloise de microbrasseries
Première du genre dans la capitale, CoHop est une coopérative de microbrasseries artisanales à voir le jour à Bruxelles. Elle prendra ses quartiers à Etterbeek dans quelques mois. Rencontre avec Rémi Péquin, brasseur et coordinateur de ce projet brassicole, écoresponsable et égalitaire.
Présentez nous votre CoHop, ses acteurs et ses ambitions.
CoHop c’est en fait 4 brasseries qui ont mis leurs compétences respectives et leurs envies au travail depuis début 2020. Le but : mettre sur pied ce projet fou qui deviendra la première coopérative de microbrasseries à Bruxelles. Mais c’est aussi celle de tous nos CoHopérateurs qui, on l’espère, nous rejoindront nombreux, car nous n’existerons pas sans eux.
A la genèse du projet, il y a Thomas (Brasserie Witloof) qui a fait un appel du pied à quelques microbrasseries bruxelloises. Cela faisait quelque temps qu’il avait ce projet en tête. Le feeling est tout de suite passé avec Adrien et moi-même (Brasserie DrinkThatBeer), notamment une vision commune et des valeurs partagées. A ce trio se sont ensuite ajoutés naturellement Janine, avec Bertrand et Morane puis 1B2T avec Gilles.
Ensemble, nous avons travaillé pendant des mois à bâtir un business model qui soit innovant, mais aussi solidaire. Nous avons mis à profit les différents profils de l’équipe pour avancer efficacement sur tous les pans du développement de notre coopérative.
Notre ambition est d’abord de pouvoir produire nos bières dans nos propres installations que l’on veut écoresponsables. C’est un mot fort, mais trouver des solutions pour consommer moins, récupérer les énergies, moins gaspiller est au coeur de notre projet. C’est pour cela que dès le départ, nous avons prévu un système de récupération de la chaleur du groupe froid, l’installation de panneaux solaires hybrides pour produire de l’électricité et de l’eau chaude et le plus tôt possible celle d’un système pour récupérer et réutiliser le Co2 produit lors de la fermentation. Nous avons aussi des partenariats avec plusieurs acteurs qui souhaitent utiliser nos drêches (les malts dont les sucres ont été extraits) ce qui nous permet de ne pas les gaspiller. Évidemment, la base, c’est de travailler avec des fournisseurs locaux afin de limiter les déplacements. Un bénéfice qui sera encore amplifié quand nous mutualiserons nos commandes et le lieu de livraison.
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Ça c’est pour le côté production. Côté humain, nous voulons créer un lieu ouvert, chaleureux et convivial incluant un bar dans lequel il sera possible de découvrir et de déguster les différentes bières artisanales brassées sur place. Avec une vue imprenable sur le matériel de production.
On proposera aussi des formations destinées aux personnes désireuses d’en savoir plus sur le monde brassicole, avec une partie théorique et une partie pratique durant laquelle elles pourront brasser elles-mêmes une recette qu’elles auront élaborée, avec le support d’un brasseur de la coopérative.
Nous donnons la possibilité à des brasseurs amateurs de venir faire chez nous ce que nous faisons tous actuellement chez d’autres brasseurs: à savoir, « brasser à façon ». C’est-à-dire venir brasser leur bière en plus gros volume (à la CoHop, 10hL), ce qui est encore rare à Bruxelles même.
Lire aussi : L’ère des éco-brasseurs
Puis nous aurons une partie shop/sandwicherie qui proposera des sandwichs tous les midis durant la pause dej ainsi que les bières des brasseries de la coopérative en canettes, des pains et viennoiseries de la boulangerie Janine, des goodies, d’autres produits artisanaux…
L’idée est aussi de diversifier nos activités afin de nous prémunir face à d’éventuelles crises à venir et d’être le plus résilient possible. En étant plus modulable, on pourra mettre l’accent plus sur différentes activités en fonction du contexte, des besoins de la coopérative. Mais ça permet aussi d’être à l’écoute des demandes de nos (futurs) coopérateurs, et de nos futurs clients.
Liens vers les sites des quatres brasseries
www.brasseriewitloof.be , www.drinkthatbeer.be, www.janine.brussels, www.1b2t.be
Ce projet est une première du genre?
Oui, nous sommes la première coopérative bruxelloise de microbrasseries. Le statut de coopérative n’est pas anodin pour nous: il était à nos yeux essentiel de mettre en place une gouvernance démocratique au sein de ce projet. Avec elle, on souhaite vraiment développer une alternative concrète aux modèles pyramidaux des entreprises traditionnelles et donner sa place à chaque coopérateur. Notre projet repose sur des valeurs communes sont la transparence, la qualité, la solidarité, le partage le plaisir, la convivialité, la circularité et l’écoresponsabilité.
D’autre part, plus pratiquement, je pense que la palette d’activités, services et produits que l’on propose réunis en un seul lieu est unique.
Vous venez d’horizons professionnels très différents, parfois éloignés de l’univers de la bière (cameraman, ingénieur mécanique, docteure en biologie, ancien de la Commission sur les questions du développement en Afrique, etc). Comment expliquez-vous ce vent de reconversions ? Et pourquoi autour de la bière selon vous?
Il y a plusieurs choses. La première est que l’on aime tous la bière ! Dans le pays où celle-ci est presque une religion, jusque-là rien d’étonnant. Mais nous avons tous pu aller plus loin en créant nous-mêmes nos recettes à la maison pour commencer et vraiment explorer ce domaine dont les combinaisons sont infinies. Une plaine de jeux sans limites.
Ensuite, il y a l’âge. Nous sommes tous trentenaires et ça fait donc plus de 10 ans que nous travaillons, parfois pour la même entreprise, au même poste… Certains d’entre nous ont travaillé dans des grosses entreprises avec tout ce que ça comporte de positif et de négatif, mais je pense que ça amène une routine un peu ennuyeuse qui ne nous excitait plus.
Et puis nous avons des âmes d’entrepreneurs et le fait d’avoir cette idée à laquelle nous croyons tous, nous a donné le déclic et on s’est tous un peu dit, si ce n’est pas maintenant …. Allons-y, donnons-nous à fond pour que cela devienne réalité et ne pas avoir de regrets!
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Pouvez-vous nous expliquer la méthode de financement que vous avez choisie ?
En fait il n’y en a pas qu’une, elles sont même nombreuses, dont la levée de fonds citoyenne, à laquelle vous faites certainement référence. Parce qu’elle est très importante, car nous demandons aux citoyens de nous aider à bâtir notre projet, ce n’est pas rien. Nous avons choisi de travailler avec LITA pour les mêmes raisons que LITA a accepté de travailler avec nous: ils choisissent les projets qui répondent à des critères tels que la consommation et production responsable, la lutte contre le changement climatique, l’accès à des emplois décents, etc…
Ça signifie d’emblée que leurs investisseurs partagent les mêmes valeurs que les nôtres, et sont donc des coopérateurs avec qui nous souhaitons travailler. La plateforme nous accompagne donc dans cette levée de fonds et prend en charge toutes les démarches qui en découlent.
Aujourd’hui nous sommes dans la phase de précollecte. Cela signifie que nous présentons le projet aux investisseurs et leur demandons de notifier sur la plateforme s’ils souhaitent investir dans le projet ou non. Il s’agit là uniquement d’intention d’investissement. L’investissement à proprement parler se fera lui au moment de la collecte (qui devrait débuter fin juin).
Pour en savoir pus sur le projet, rendez-vous sur lita.co/CoHop
En quoi diffère-t-elle d’un simple crowdfounding?
Cette méthode de financement est différente d’un simple crowdfunding, car elle permet aux investisseurs de devenir coopérateurs. Ils auront donc des parts dans la coopérative au même titre que les 4 brasseries fondatrices et pourront participer à l’assemblée générale.
Cela permet, outre le tax shelter, qui n’est pas le moindre des avantages (45% de réduction d’impôt sur le montant investi !), de pouvoir avoir accès à des nombreux avantages en biens et en services (ristourne à vie sur toutes les bières, participation aux brassins coopératifs, perception de dividendes, mais aussi pour les plus généreux la possibilité de brasser sa propre bière qui sera commercialisée sur place).
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