Fanny Bouvry

Edito| Gastronomie française: pas de quoi se friter

Fanny Bouvry Journaliste

« Le Belge n’est pas venu à Paris pour faire des frites. » Voilà ce qu’écrit le critique Thibault Danancher, dans le magazine Le Point, à propos de notre compatriote Mallory Gabsi, dont il encense le nouveau restaurant près des Champs-Elysées. « Les Français sont très attachés à la cuisine traditionnelle et ce n’est pas toujours évident de leur faire découvrir autre chose », rétorque l’ancien candidat de Top Chef, à l’occassion de notre dossier sur les talents noir-jaune-rouge installés dans l’Hexagone.

C’est qu’en matière de casseroles, nos voisins revendiquent fermement cette chasse gardée, au point de voir le contenu de l’assiette s’inviter dans le débat politique. Rappelez-vous: en 2010, le « repas gastronomique à la française » entrait au Patrimoine immatériel de l’Humanité, la candidature ayant été portée par Nicolas Sarkozy. La décision fut suivie de son lot de polémiques, certains rappelant que le couscous figure parmi les plats préférés des Français! Rebelote, en cette campagne électorale 2022.

Le candidat communiste Fabien Roussel déclare sur France 3: « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage: pour moi, c’est la gastronomie française. » Et bim, ses adversaires se déchaînent, jugeant ses propos trop nationalistes. S’il est compliqué de distinguer ici en quelques lignes l’identité culturelle fédératrice, qui sait inclure les influences diverses, de l’identité nationale réductrice et fermée, on pourra repenser à ce débat en regardant les résultats du premier tour ce 10 avril, tout occupés à déguster (ou avaler de travers, les urnes le diront) notre plat du dimanche soir devant la télé.

En espérant que les Français se mobilisent et aillent voter en toute connaissance de cause. Car sinon, franchement, on risque de se friter!

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