Exclululu: Le vin des Glaciers

© DR

En Suisse, dans le val d’Anniviers, le petit village de Grimentz perpétue la tradition d’un vin des Glaciers. Une rareté au goût de noix à découvrir lors d’un séjour de vacances à la neige.

Existe-il un vin de ski ? En dehors de l’ignoble vin chaud servi aux quatre coins des montagnes, j’ai toujours cru que non. Faux, quelques jours en Suisse m’ont ouvert les yeux. Ça se passe à Grimentz, non loin de Sierre. Ce petit village de seulement 400 habitants s’est ouvert au tourisme à la fin des années 50. Tant mieux car il ne manque pas de charme avec ses petits chalets rebelles aux alignements et « ses greniers sur pilotis isolés du sol par de larges pierres rondes en forme de meule empêchant les souris de grimper » tels que les décrits Victor Tissot dans « La Suisse Inconnue ».

On y évolue dans un décor de carte postale montagnarde. En prenant un peu de temps pour s’intéresser aux traditions de ce coin de Valais, on est surpris d’y découvrir un vin atypique élevé en altitude. Au 19ème siècle, les Anniviards vinifiaient en plaine et montaient leur production pour le stocker dans des fûts de mélèze. Ce bois très résineux confère au vin un goût particulier de résine, voire de noix. A la longue, les habitants se sont rendu compte que plus le vin s’oxydait, meilleur il devenait, gagnant même des notes subtiles de livèche.

Depuis cette découverte, ils n’ont eu de cesse de faire perdurer cette tradition, le principe étant de recharger sans cesse les tonneaux de mélèze pour que se mêlent en permanence vin neuf et vin vieilli. Dans la maison appartenant à la communauté bourgeoisiale de Grimentz, il est possible aujourd’hui encore de déguster ce vin surmaturé au robinet du fameux « tonneau de l’évêque », un large fût qui selon des calculs mathématiques contiendrait encore 27 litres du millésime 1886 (dont le dernier litre devrait être bu en 2127… bonne nouvelle il vous reste du temps).

Côté cépages, le vin des Glaciers est un assemblage d’un vieux plant – la Rèze – avec de l’Arvine, de la Malvoisie et de l’Ermitage. Théoriquement, il n’est pas à vendre – cela dit, j’en ai trouvé une bouteille dans un petit magasin local – mais de toute façon le mieux consiste à se faire inviter chez l’habitant dans l’une des 50 caves privées encore en activité – en espérant pouvoir goûter dans la foulée l’un des excellents fromages du cru. Un conseil : pour se faire adopter des Suisses, mieux vaut ne pas la ramener et déployer des montagnes de diplomatie…

MV

www.grimentz.ch


Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content