Fraises et pesticides: comment faire le bon choix ?

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Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

La saison des fraises bat son plein. Mais attention, toutes les fraises ne se valent pas. Celles originaires de France et d’Espagne ont des taux anormalement élevés de pesticides. Et les fraises belges ? On fait le point sur la question.

Un rapport réalisé en 2013 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur les résidus de pesticides dans les aliments a démontré que bien qu’ils ne dépassent pas les limites légales, la laitue, les pèches, les fraises et les tomates présentent le plus grand nombre de résidus chimiques. Les fraises sont en tête, avec 84 sortes de pesticides, dont 15 pour un même échantillon.

Dans ce contexte, les fraises espagnoles n’ont pas bonne réputation. Leur prix plancher cache en effet des conditions de cultures alarmantes, dans des serres remplies de pesticides. En 2013, Générations Futures, une association militante française qui met en garde sur les dangers des pesticides, a mené son enquête sur des fraises issues de l’agriculture conventionnelle, choisies au hasard dans les supermarchés français. Les fruits choisis provenaient principalement de France et d’Espagne, respectivement cinquième et premier producteur européen. Résultats: sur les 49 barquettes passées aux tubes à essai, près de 92 % contenaient un ou des résidus chimiques (85 % pour les françaises, 100 % pour les espagnoles).

Les scientifiques ont également retrouvé dans sept barquettes sur dix un ou plusieurs pesticides perturbateurs endocriniens. Des substances qui peuvent provoquer « cancers, perturbations du métabolisme et de la reproduction », en particulier lorsqu’elles sont absorbées par les jeunes enfants ou les femmes enceintes. Une situation inquiétante quand on sait que ces perturbateurs agissent « même à très faible dose » et que le fait de nettoyer les fraises n’en élimine qu’une infime partie.

Pratiques agricoles douteuses

L’enquête a aussi mis le doigt sur d’autres pratiques agricoles douteuses. En effet, 18 % des échantillons contenaient des pesticides interdits depuis plusieurs années sur les sols français ou espagnols, comme l’endosulfan ou le carbosulfan, tous deux considérés comme de graves polluants pour l’environnement et la santé. Sans oublier leur aspect peu écologique vu que les fraises doivent parcourir des milliers de kilomètres pour arriver à destination en Europe et dans le monde.

La culture intensive de la fraise au Maroc soulève, de son côté, la question des conditions de travail peu respectueuses des cueilleuses. Un reportage de France 3 épingle l’exploitation d’adolescentes, qui ne sont payées que 6 euros par jour. Les 150 000 tonnes de fraises qu’elles cueillent sont produites en utilisant des pesticides (figurant sur la liste de ceux agrées par l’UE). Les fraises sont ensuite équeutées, trempées dans du chlore, réfrigérées puis transportées vers l’Angleterre et la France, deuxièmes clients des fraises marocaines.

Et en Belgique ? Les producteurs de la célèbre fraise de Wépion – ils sont une vingtaine à l’heure actuelle – recourent aux techniques de production raisonnées, réduisant les pesticides et produits phyto. Les terres fertiles utilisées pour la culture en pleine terre de ce type de fraise leur offrent un terrain de développement idéal. De plus, les fraises belges sont cueillies dès qu’elles sont mûres et sont vendues sur-le-champ. Les fraises du label Hoogstraten cultivées dans le sud du Limbourg, la Hesbaye et le nord de la Campine le sont aussi de manière traditionnelle, en pleine terre et à ciel ouvert. Sur ce lien, il est même possible de tracer la provenance de son ravier et de découvrir le petit producteur qui les a cultivées.

Le Belge consomme en moyenne un peu plus de deux kilos de fraises par an.

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