Industrie agro-alimentaire: quel est son véritable rôle dans la mise en place d’un environnement alimentaire (mal)sain?

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Même si les entreprises agroalimentaires promettent de ne pas s’adresser directement aux enfants, ces derniers sont encore trop exposés à de la publicité pour des aliments mauvais pour la santé, ressort-il mardi d’une analyse de Sciensano des engagements et pratiques des plus grandes entreprises agroalimentaires belges en matière d’alimentation, de santé et de prévention de l’obésité.

Dans quelle mesure les géants de l’alimentaire contribuent-ils à un environnement alimentaire malsain, où il est plus facile d’opter pour des aliments mauvais pour la santé, ou au contraire, l’améliorent-ils ?

C’est ce qu’a voulu déterminer le projet BIA-Obesity qui, pour la première fois, analyse les engagements et pratiques des grandes entreprises agroalimentaires belges en la matière. Ainsi, 31 entreprises ont été passées à la loupe lors de cette recherche, comprenant des fabricants d’aliments emballés et de boissons non alcoolisées, des restaurants à service rapide et des supermarchés.

Par rapport aux engagements, l’étude constate que les politiques visant à réduire l’exposition des enfants à de la publicité pour des aliments mauvais pour la santé devraient être renforcées.

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Stefanie Vandevijvere, chercheuse u0026#xE0; l’Institut de santu0026#xE9; publique.

Stefanie Vandevijvere appelle dès lors à la prise d’actions.

Pratiques des entreprises agroalimentaires belges

Les chercheurs ont aussi examiné les pratiques en matière de formulation produit, d’étiquetage des produits et de promotion des produits et des marques. Voici ce qu’il ressort de leurs observations.

En ce qui concerne les fabricants d’aliments emballés et de boissons non alcoolisées :

  • Sur les 18 fabricants sélectionnés en 2018, seulement 2 avaient un Nutri-Score A sur plus de la moitié des produits de leur portefeuille. Pour 5 entreprises, plus de la moitié de la gamme était constituée de produits ayant un Nutri-Score E.
  • 3 fabricants sur 18 avaient un portefeuille de produits entièrement constitué d’aliments ultra-transformés.
  • 5 fabricants sur 18 n’avaient dans leur portefeuille que des produits dont la publicité auprès des enfants est interdite selon les directives de l’Organisation mondiale de la santé.
  • Fin 2019, 34 % des produits d’Iglo et de Danone présentaient le Nutri-Score. Les deux entreprises ont donc obtenu les meilleures performances pour cet indicateur.

En ce qui concerne les supermarchés :

  • Plus de 39% des produits de la gamme d’Aldi, Carrefour, Colruyt, Delhaize et Lidl présentaient un Nutri-Score D ou E.
  • Delhaize avait inscrit le Nutri-Score sur la face avant de 30% de ses produits fin 2019, obtenant ainsi le meilleur score pour cet indicateur.
  • Parmi les 5 supermarchés sélectionnés, c’est Aldi qui a le plus souvent fait la promotion des fruits et légumes frais dans son prospectus et Colruyt le moins souvent.

En ce qui concerne les restaurants à service rapide :

  • Plus de 41% des produits de la gamme de McDonald’s, Panos, Paul et Quick avaient un Nutri-Score D ou E. Pour les produits de Domino’s Pizza, c’était seulement 13%.
  • Selon les directives de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) moins de 50 % de la gamme de produits de ces restaurants à service rapide peut faire l’objet d’une publicité destinée aux enfants. Pour 3 restaurants à service rapide, ce pourcentage était inférieur à 10.
  • 4 restaurants à service rapide avaient plus de 50% de leurs points de vente en Flandre à moins de 500 m d’une école primaire.

« Les entreprises agroalimentaires belges ont encore une grande marge d’amélioration » pour contribuer à un environnement alimentaire sain, conclut la chercheuse Stefanie Vandevijvere, notamment en oeuvrant à réduire la publicité d’aliments malsains destinée aux enfants et en renforçant l’accessibilité – l’offre et le prix – des produits sains. Les entreprises devraient « renforcer leur politique et leurs actions dans ce domaine ».

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