La boulette sauce tomate, bientôt au panthéon de la flandritude?
Cela n’agite pas tellement les esprits de ce côté-ci de la frontière linguistique, et pour cause, mais les autorités du nord du pays planchent actuellement sur un canon, sorte de recueil où sera consigné chacun des éléments fondamentaux qui constituent l’identité flamande.
A ce vaste édifice, la ministre Zuhal Demir a voulu apporter sa pierre, insistant pour que ce panthéon de la flandritude inclue certaines spécialités culinaires. Spontanément, on pense au waterzooï, dont personne ne réfutera les origines gantoises, qui remontent au Moyen Age – voire nettement plus loin si l’on en croit Astérix. Eh bien non. Madame Demir avait autre chose en tête: les boulettes à la sauce tomate.
Sauf que d’emblée, des experts ont pointé que ni les ballekes, ni leur savoureux coulis ne méritaient chez nous une quelconque AOC. Pour les premières, c’est facile: on en fait partout depuis toujours, difficile d’en réclamer la paternité. Pour le second, la tomate est originaire de la Cordillère des Andes, et fut introduite en Europe via l’Espagne et l’Italie, ce sont donc les échanges entre Nord et Sud qui ont favorisé son arrivée ici.
On n’ira pas jusqu’à accuser la ministre d’appropriation culinaire, mais on s’amusera peut-être qu’une manoeuvre destinée à renforcer un sentiment d’appartenance nationale démontre finalement que les traditions proviennent toujours de siècles d’échanges et d’interpénétrations culturelles. Merci pour le rappel.
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