L’alimentation, clef de la santé: les conseils nutritionnels pour la garder ou la retrouver

Aurélie Wehrlin Journaliste

A chaque mois sa campagne de sensibilisation: octobre est dédié au cancer du sein tandis que novembre l’est à celui de la prostate. Or, soigner sa santé est un travail quotidien, notamment via l’alimentation. C’est avec cette idée en tête, à savoir que nous sommes faits de ce que nous mangeons, mais pas seulement, que Weekend.be est parti à la rencontre d’Aline Ways, conseil holistique en nutrition, dotée d’un optimisme communicatif.

Aline Ways donnera une conférence sur la beauté par l’alimentation le lundi 9 décembre. Tous les détails ici: www.alineways.be/agenda/

Weekend.be: Vous êtes Conseillère Holistique en Nutrition. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit.

Aline Ways: Une approche holistique tient compte de toutes les dimensions d’une personne. Cela peut paraitre curieux pour quelqu’un qui fait du conseil en nutrition, mais je considère les aliments comme une nourriture secondaire. Je pense que les troubles alimentaires commencent rarement dans l’assiette, et c’est pourquoi je m’intéresse à ce que j’appelle les nourritures primaires, qui tournent autour de 4 points : les relations humaines, le travail, l’activité physique et l’esprit. Les relations humaines : amour, famille, amitiés, sociabilité. Le travail : c’est ce qui occupe la majorité de notre temps. Le mouvement : sport, marche propension à bouger, mobilité. L’esprit : vie spirituelle ou métaphysique.

Ces aspects de la vie sont des facteurs majeurs de notre bien-être, et peuvent avoir une incidence profonde sur notre santé et même notre alimentation. Une personne isolée ne prendra pas forcément le temps de préparer des repas frais et sains par exemple. Les attitudes négatives peuvent nuire au travail, ce qui engendre un état un peu dépressif, et donc à une certaine négligence quant à son hygiène de vie.

Tous ces aspects sont interconnectés et l’alimentation, geste de quotidien, se trouve au centre de cela. Ce sont les piliers de la santé et il faut un équilibre entre eux. Sans cela, tout le brocoli du monde ne servirait à rien. Ce sont parfois des sujets intimes, délicats, et il faut du courage pour en parler, de la confiance, mais c’est la clé pour trouver son équilibre. J’aime être à l’écoute des autres et pouvoir trouver des solutions, sans jamais porter de jugement.

Vous êtes particulièrement engagée dans la campagne de prévention et la lutte contre le cancer du sein, dans le cadre de laquelle vous intervenez. Pourquoi ce combat vous touche-t-il particulièrement ?

Aline Ways: Le cancer du sein est pour moi particulièrement touchant pour plusieurs raisons. D’abord les chiffres : chaque jour, 27 femmes sont diagnostiquées de cette maladie en Belgique, soit 9.400 nouveaux cas par an. Lorsque j’ai pris connaissance de ces chiffres, j’ai été vraiment stupéfaite. C’est tout de même une femme sur 8 qui en sera atteinte. Et quelle atteinte à la féminité et à l’aspect nourricier et donneur, généreux du sein.

Le cancer est LA raison pour laquelle je fais ce travail. Il y a 15 ans j’ai perdu mon père d’un cancer de la prostate. Il y a eu beaucoup de cas de cancer dans ma famille. A l’époque on était très résigné face à cette maladie. C’était quelque chose qui « arrivait », et j’ai trouvé cette fatalité inacceptable. J’ai eu besoin de comprendre pourquoi on avait le cancer et c’est ainsi que mon aventure a commencé. J’ai vite compris le lien avec l’alimentation, et j’ai commencé des expériences sur moi-même: jus d’herbe de blé, crudivorisme végétalien, jeûnes, etc. Bien que n’étant pas malade, je ne respirais pas la santé non plus: un peu trop ronde, une acné irréductible depuis 8 ans, des gros troubles de la circulation, une dépression, etc. Bref, des choses « normales » mais qui contribuent – quand même – au mal être.

En quelques mois j’ai été profondément transformée et j’ai vécu une sorte de renaissance, de renouveau. Cela a changé ma vie, non seulement physiquement, mais mentalement, psychologiquement et spirituellement aussi. Depuis, je m’alimente de manière bien moins extrême, mais je suis évidemment convaincue de ce que l’alimentation peut faire pour la santé, donc contre la maladie.

Qui êtes-vous amenée à rencontrer de par votre métier (malades, familles, etc)? Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent de la part des personnes que vous rencontrez ?

Aline Ways: Les profils sont variés. Les personnes atteintes du cancer que j’ai suivi ont eu l’opportunité ainsi de s’éduquer sur la santé, comprendre ce qui leur était nuisible et ont pu adopter des habitudes plus saines. Je fais aussi du conseil pré et post-natal. Je dois dire que celles qui suivent mes consignes prénatales retrouvent très rapidement la ligne et ont des bébés très sains. Les hommes sont minoritaires, et c’est dommage, car ils ont aussi besoin d’une écoute et de conseils, et subissent des pressions sociales à boire et manger de manière « virile » tout en gardant la ligne.

Le profil le plus courant est la femme autour de la quarantaine plutôt stressée, qui jongle travail, famille et vie sociale et qui frise le burn out. Eduquée en nutrition, des dernières « tendances » régime, détox et super aliments, elle a tendance à s’alimenter avec beaucoup de rigueur et de privation. Malgré tout cela elle prend du poids petit à petit, année après année. Elle cumule candidose, hypothyroïdie et excès de cortisol. Cette femme croit tout faire bien, et ne comprend pas pourquoi ses efforts sont vains.

Je constate qu’il y a beaucoup d’idées reçues en nutrition et qu’il est difficile de les « déconstruire ». Il y a aussi beaucoup de fringales émotionnelles mais souvent elles ont aussi pour origine un déséquilibre hormonal (insuline, leptine, ghréline) lié à une alimentation non pas nécessairement malsaine, mais déréglée, disharmonieuse. Je tâche de mettre de l’ordre là-dedans.

Pouvez-vous nous expliquer quelle incidence ont l’alimentation et la nutrition sur l’organisme.

Aline Ways: Tous les 35 jours votre peau se renouvelle. Votre foie tous les mois. Votre organisme fabrique ces nouvelles cellules à partir des ingrédients que vous lui fournissez. Vous êtes donc littéralement fait de ce que vous mangez. Vous avez donc la possibilité de choisir de quoi vous êtes fait.

Outre le goût et le plaisir de manger, les aliments représentent une information (et du fuel) pour notre organisme. Il y a des informations qu’il reconnait et qu’il sait utiliser dont les macronutriments (protides, lipides et glucides) et les micronutriments (vitamines et minéraux). Et puis il y a les informations qu’il ne reconnait pas: graisses trans, toxines, pesticides, hormones, produits chimiques, conservateurs, additifs etc. Ce que l’organisme – malgré le dur labeur du foie – ne parvient pas à éliminer, il isole dans les cellules adipeuses pour se protéger.

Les animaux sauvages sont rarement malades, car ils ne vont jamais contre-nature. De même pour nous, plus on reste en accord avec ce que la nature a prévu pour nous, plus nous sommes en bonne santé et permettons à nos cellules de se renouveler. Autant cela est instinctif chez l’animal, autant cela doit s’apprendre chez l’homme. Et les règles du jeu ont changé: le blé, autrefois un aliment de base a été tellement hybridé qu’il est devenu intolérable pour nombre d’entre nous. Le lait a perdu toutes ses qualités nutritives à cause de la pasteurisation et l’homogénéisation. L’humain a une nature gourmande – voire gloutonne – et succombe facilement aux excès en tout genre. Ajoutons à cela les contraintes de conservation, logistique, transport pour nourrir une population toujours grandissante, l’évolution est entre les mains de l’industrie agroalimentaire, qui n’a que rarement notre santé à l’esprit.

Mais la malbouffe n’est pas l’unique coupable des troubles de santé, anodins ou plus graves comme le cancer, et de notre état de pollution interne. Il existe des coupables sournois, invisibles, mais très présents : le stress, la pollution de l’environnement, électromagnétique, les produits chimiques ménagers, du textile, les excès médicamenteux, les métaux lourds (mercure, cadmium, etc.), les POP (polluants organiques persistants dont la dioxine et la famille des PCB), les perturbateurs endocriniens (bisphénol A, PCP, phyto-oestrogène).

Ce sont sans doute eux les plus grands responsables des problèmes de santé, et c’est ce qui expliquerait pourquoi des personnes qui mangent bio, font du yoga etc. peuvent eux aussi, contre toute attente, être atteintes du cancer, avec un grand sentiment d’injustice.

Via l’alimentation, que ce soit en amont ou en aval, ce qu’il nous est possible de faire, c’est de remettre en équilibre les forces vitales naturelles du terrain, c’est-à-dire permettre à l’organisme de restaurer lui-même, à son rythme, son équilibre physiologique sain. C’est ainsi que nous lui donnons la force dont il a besoin pour lutter, en tablant simultanément sur les autres piliers de la santé que sont les nourritures primaires.

S’alimenter sainement est certes devenu contraignant et cher: les fruits et légumes sont les calories les plus coûteuses que nous ayons à nous mettre sous la dent – sans vouloir faire de jeux de mots – tandis que la viande, autrefois une denrée de riches, s’est démocratisée aux dépens de la qualité, à tel point qu’elle est devenue source de maladie. Enfin, de ma propre expérience, j’ai vécu de profondes transformations en changeant mon alimentation. Ce n’est que parce que je suis à ce point convaincue que ma mission est de convaincre les autres de vivre ce renouveau.

Qu’en est-il dans le cas précis du cancer du sein. En amont ? En aval ?

Aline Ways: Il est certain qu’une mauvaise alimentation met l’organisme à risque de développer la maladie. Le surpoids et l’obésité sont de gros facteurs de risque et sont souvent causées par une alimentation riche en sucres, farines blanches, aliments industriels et les graisses trans et saturées. Ces aliments sont comme je le disais des informations incompréhensibles, que l’organisme stocke dans nos tissus adipeux car c’est le seul moyen dont il dispose pour protéger les cellules des toxines.

Le danger des aliments industriels est sournois. De nombreuses études démontrent qu’en modération, les produits chimiques (sirop de fructose, aspartame, colorants et divers additifs) ne sont pas nocifs. Ce dont on parle beaucoup moins, c’est de l’effet dévastateur de la combinaison de ces ingrédients qui ensemble forment des synergies très dangereuses. Or ce type d’aliments, chips, pizza, biscuits, sodas sont consommés au quotidien par la plupart des gens, et ce dès l’enfance, et jusqu’à à un âge avancé alors qu’autrefois c’étaient des aliments pour occasions spéciales, réservés aux enfants.

Mais c’est justement à cause de ces stocks de graisse que l’organisme va produire cet excès d’oestrogènes. Or le cancer du sein est très souvent hormono-dépendant. Cela couplé au cumul hormonal d’une femme de 50 ans et plus (pilule, ménopause, allaitement trop court, grossesse tardive) rend le terrain favorable au développement du cancer du sein. C’est un des effets pervers de l’allongement de l’espérance de vie, puisque sans surprise, ce sont les femmes ménopausées qui sont le plus touchées par cette maladie. Il y a 100 ans, il y avait moins de cancer puisque nous ne vivions guère plus de 45 ans.

Ces aliments causent également une inflammation chronique, imperceptible mais dévastatrice pour les défenses de l’organisme car elle sollicite en permanence notre système immunitaire et l’affaiblit. Cet état inflammatoire va favoriser la multiplication des cellules malignes. En outre, ce type d’alimentation cause une condition acide dans l’organisme, extrêmement favorable aux cellules cancéreuses.

Avec l’âge aussi, on a cumulé davantage de toxines à cause de la malbouffe, et cela se retourne contre nous. Ajoutons à cela la perturbation hormonale, liée au déséquilibre de l’axe thyroïde-ovaires-surrénales, causé le plus souvent par le stress, nous voilà bien vulnérables.

Si on est atteinte de la maladie et qu’on subit le traitement, il y a un combat supplémentaire qui vient s’ajouter : il faut lutter contre les effets secondaires de la chimio ou radiothérapie, souvent dévastateurs. Il s’agît donc là, grâce à une très bonne alimentation détoxifiante et ressourçante à la fois, de renforcer son organisme en lui fournissant les éléments nécessaires pour qu’il retrouve sa capacité innée à se guérir lui-même. C’est un outil extrêmement puissant pour renforcer ses capacités de lutte et de guérison.

Ce qu’il faut savoir, malade ou pas, c’est que la chose qui demande le plus d’énergie à l’organisme c’est la digestion, plus que toute autre fonction du corps. Et sans cette précieuse énergie, le foie et les autres cellules ne savent pas se régénérer ni éliminer les toxines. Il faut donc faciliter sa digestion avec une alimentation la plus naturelle possible, afin de libérer son énergie pour les autres fonctions régénératrices et réparatrices du corps. Si on lui en donne les moyens, le corps a une capacité phénoménale de se guérir lui-même. Alors aidons-le, au lieu de l’accabler par paresse ou par gourmandise.

Quels conseils donneriez-vous en prévention, pour espérer éloigner les risques d’être touchée ?

Aline Ways: La première chose, c’est de soigner son alimentation. C’est la stratégie thérapeutique et préventive la plus importante selon moi. Tout ce que nous mangeons contribue soit à notre santé, soit à la maladie. Il suffit de choisir.

Je pense que nous savons tous qu’il faut éviter les sucres, les farines blanches, les graisses trans et saturées, bref éliminer à tout prix ce qui nous rend malades… et grosses.

Alors quelques règles simples pour éviter tous ces déchets :

– Quand vous faites vos courses au supermarché, restez en périphérie, c’est là que se trouvent les produits frais (ne pas s’arrêter au rayon des plats préparés)

– Lisez les étiquettes: il est obligatoire de mentionner tous les poisons potentiels qui se trouvent dans votre alimentation, alors profitez de cette transparence. Si vous ne savez pas ce que signifient ces ingrédients, ce n’est pas un aliment!

– Privilégiez les mono-ingrédients: brocoli

– Au pire limitez-vous à 5 ingrédients.

– Pensez aux paniers bio : local et soutient de bonnes pratiques agricoles.

– Essayez de vous procurer de la viande bio: les hormones et les antibiotiques sont un problème

– Réduisez votre consommation de protéines animales (l’étude Colin Campbel a démontré que dans les pays ou la consommation de protéines animales ne dépassait pas 5%, le cancer du sein était très rare, de même pour les produits laitiers)

– Attention aux produits laitiers : pleins d’hormones, d’antibiotiques, dénués de nutrition et forment des amas gluants dans les intestins difficiles à éliminer…à la rigueur des produits au lait cru, et préferrablement de chèvre (qui refuse de manger ce qui n’est pas naturel)

– CUI SI NEZ !!! c’est dans la cuisine que la révolution santé se fait

– Apprenez des recettes faciles et rapides, et partagez-les avec votre entourage

– Usez et abusez des épices et des herbes, vous ne vous en lasserez jamais et elles sont très bénéfiques à la santé

En outre, il y a quelques « super aliments » qui contribuent à la protection de l’organisme contre le cancer. Les champions en ce domaine sont de la famille des choux: chou, chou-fleur, brocoli, non seulement ils sont protecteurs, ils sont spécifiquement anti-cancer et en plus, ils réduisent la dominance oestrogénique. Vive la choucroute!

Les champignons, notamment les shitakes, ont les mêmes propriétés. Le curcuma pour ses propriétés anti-inflammatoires, car l’inflammation est un facteur aggravant du risque de cancer. Les fibres contenues dans les végétaux et les céréales entières contiennent beaucoup de fibres qui balayent l’excès d’oestrogène dans le colon. On peut ajouter des graines de chia et du son d’avoine pour un supplément de fibres. Je dois également citer le jus d’herbe de blé : c’est de la chlorophylle pure, une bombe de vitamines et minéraux bio-disponibles et synergiques. (www.blevert.com)

Lorsque vous mangez un repas sain léger et équilibré, inévitablement vous vous sentez bien. Et ce n’est qu’un seul repas. Alors imaginez l’effet d’une telle alimentation au quotidien. Vous devenez littéralement ce que vous mangez. La qualité de vos cellules dépend de ce que vous leur fournissez. Alors tâchez de leur donner la meilleure qualité que vous pouvez leur offrir.

Comme je vous le disais, l’alimentation joue un rôle primordial dans la santé. Même si toutes ces mesures ne vous épargneront pas du cancer, il n’est jamais inutile de bien s’alimenter. C’est un acquis de santé qui donne la force nécessaire pour combattre la maladie, faire preuve de résistance à la chimio, aux radiations, et permet une récupération plus rapide.

Le cancer peut paraitre un peu arbitraire, car on ne peut prévoir qui l’aura, qui ne l’aura pas. Certaines peuvent semble-t-il tout se permettre et ne seront jamais malades, tandis que d’autres font très attention et sont touchés. Cela parait injuste, mais la réalité est que nous avons chacune ce que j’appelle la « bio-unicité » : un patrimoine santé déterminé par notre héritage génétique, notre environnement et bien sûr nos choix d’hygiène de vie.

Apprendre à vivre en bonne santé c’est trouver un renouveau d’énergie, de joie et de vitalité. C’est s’offrir une nouvelle vie et devenir la plus belle expression naturelle de soi.

Propos recueillis par Aurélie Wehrlin


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