Le gin, ce spiritueux qui a (re)conquis la Belgique
Ce 11 juin, et pour la huitième année consécutive, le gin est célébré à l’occasion de la journée mondiale qui lui est consacrée. Ça tombe bien, cet alcool est le second spiritueux le plus consommé par les Belges, derrière le whiskey. Une tendance qui dure depuis une grosse décennie et qui n’est pas près de s’arrêter.
« Un gin to’ s’il vous plait ! ». Dès la nuit tombée et depuis plusieurs années, cette phrase résonne en boucle dans les bars, brasseries et autres lieux festifs belges. En effet, comme le rapporte Thierry Heins, directeur du concours mondial Spirits Selection, « le gin est l’alcool n°2 juste derrière le whiskey sur le marché belge, et sa croissance est toujours au rendez-vous alors que l’on prédit la fin de l’engouement depuis deux ans. Il a signé une croissance de +43% en volume et de +75% de valeur en 2014. Il est énormément consommé, mais aussi produit, ici en Belgique« . Car depuis quelques années, en parallèle de l’attrait croissant du consommateur pour ce breuvage, le nombre de producteurs (distillateurs, brasseries, mais aussi barmen) ne cesse d’augmenter. Il faut dire que, malgré certaines idées reçues, le gin trouve son origine dès la fin du 16ème siècle au coeur des territoires actuels des Pays-Bas et de la Belgique. Rien de plus normal donc que le gin retrouve ses lettres de noblesse à l’endroit même où il fut conçu.
Un alcool « simple à préparer »
« Cela fait une bonne dizaine d’années que le gin marche très fort en Belgique. Beaucoup pensaient que c’était seulement une « hype « , que ça ne durerait pas. Pourtant les gens continuent d’en boire et d’en produire, du très bon même. Le gin belge est de très très bonne qualité« , explique Thierry Heins. Pour Serge Buss, qui produit depuis trois ans le gin Buss509, ce retour en force n’est pas surprenant. « On voyait, il y a quelques années, qu’il y avait quelque chose qui manquait. Les personnes en Belgique aiment bien les choses sucrées. Or, il n’y avait pas assez de variété, pas assez de saveurs fruitées comme la framboise. Avec des produits plus sucrés, cela devient à la fois accessible pour les hommes et les femmes. La force du gin, c’est que c’est unisexe« , explique l’Anversois. Pas besoin de réaliser et concocter un obscur cocktail pour pouvoir savourer un bon gin, la recette de son succès résiderait donc dans sa simplicité. « C’est frais, on ajoute un soft, de la glace si il faut et c’est tout. C’est très facile à faire à la maison, ou lorsque l’on reçoit des amis. C’est pour cela que ça plait autant aux gens « , ajoute Serge Buss.
Le tonic, le coéquipier incontournable
L’alcool doit aussi son succès au développement en parallèle d’une nouvelle gamme diversifiée de tonic, l’accompagnement quasi automatique du gin. « Comme le disait Charles Ross, qui relança la production du Plymouth Gin dans les années 90, « à quoi bon fabriquer des gins de très haute qualité si c’est pour les noyer ensuite dans un mauvais tonic?« . C’est pourquoi on a rapidement vu l’émergence de tonics premiums, comme le Tonic Fever Tree, le Thomas Henry mais aussi des tonics belges comme le Belgian Syndrome Tonic ou l’Erasmus Bond. Contrairement à d’autres pays, ici en Belgique, on a une grande variété de bons tonics disponibles pour accompagner nos gins. Les combinaisons entre gins et tonics sont infinies« , analyse Thierry Heins.
À découvrir, dix nouveaux gins belges
Environ 200 gins belges
Le gin, qui a déjà conquis depuis plusieurs années le consommateur flamand n’est pourtant pas en reste du côté francophone. Bruxelles et la Wallonie commencent d’ailleurs à tomber sous le charme de la boisson spiritueuse. Pour Manu De Cort qui produit lui aussi son propre gin avec sa femme depuis 3 ans (à l’Open Up Farm Distillery), « il y a, en effet un grand intérêt pour le gin en Flandre depuis longtemps, mais ça commence aussi à prendre en Wallonie ». « Les Wallons sont d’ailleurs très portés vers les spiritueux faits à partir de matières premières, sans alcool neutre, plus qu’en Flandre « , note-t-il. Des gins 100% naturels comme ceux réalisés par le couple flamand. Une petite satisfaction pour les De Cort, qui souhaitaient dès le début faire revivre la tradition ancestrale de leur région tout en récoltant eux même tous les produits nécessaires à la réalisation de l’alcool. « Il n’y aurait plus que trois ou quatre producteurs comme nous dans le monde, qui produisent tout de A à Z » ajoute Manu, non sans une pointe de fierté.
À eux deux, Serge Buss et le couple De Cort produisent 13 variétés différentes de gin (9 pour le premier, 4 pour les seconds), qui font partie des près de 200 gins belges produits actuellement. Un nombre conséquent au vu du marché relativement petit que représente la Belgique. Néanmoins, Serge Buss nuance : « C’est vrai que c’est beaucoup pour le marché belge, mais il faut savoir que contrairement à d’autres alcools comme la vodka, le gin a été épargné par l’apparition de grosses corporates. De fait, on a vu la multiplication de plein de petits producteurs en Belgique. Mais il faut prendre en compte que 80, 90% d’entre-deux font plus cela comme un loisir, un hobby, et leur gin est juste vendu localement. Ils produisent seulement entre 3 000 et 5 000 bouteilles par an« .
Quoi qu’il en soit, cette grande variété et diversité du gin nous permet d’avoir l’embarras du choix. Gin très amer, épicé ou plus sucré, avec tonic, coca (« comme dans les années 80 » dixit Serge Buss), ou bien pur…il y en aura pour tous les goûts.
Par François Cahour
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