Les Parisiens vendangent leurs vignes

Les vendangeurs du Clos des Morillons © AFP

Les vendangeurs du Clos des Morillons ressemblent aux milliers d’autres qui s’activent un peu partout en France pour récolter la vigne. Sauf que derrière eux se dresse un barre d’immeubles et, à une encablure, passe le périphérique parisien.

Si les vignes parisiennes de la très touristique butte Montmartre sont célèbres, elles ne sont pas les seules, et celles du parc George Brassens, dans le sud de Paris, sont vendangées cette année par des particuliers, contrairement à celles de la butte, où ce sont des membres d’une association de résidents qui officient.

Environ 20 personnes équipées de sécateurs s’affairaient donc entre les ceps mardi matin, ayant répondu à l’appel des autorités locales.

La vigne est minuscule, elle a produit l’équivalent de 250 bouteilles l’an passé, mais permet à quelques Parisiens sevrés de nature de perpétuer des gestes séculaires dans ce pays de grande tradition vinicole.

« Je ne savais pas qu’on pouvait faire des vendanges à Paris. Je trouve ça agréable, c’est un peu de nature en plein Paris », commente un de ces vendangeurs amateurs, Patrice Alokpo, 31 ans, alors que les joggeurs du parc passent à quelques mètres de là et qu’il ramasse les grappes de pinot noir.

Cette volonté de faire vendanger les Parisiens fait partie de la stratégie de la ville de Paris pour promouvoir les espaces verts et tenter de préserver le lien entre la nature et les habitants de la mégapole bétonnée où les parcs ne sont pas légions.

Paris est par exemple mal classée dans une étude américaine comparant la couverture arborée de certaines grandes villes. Le « green view index » s’établit à 8,8% à Paris contre 20,6% à Amsterdam, 13,4% au Cap ou 15,2% à Los Angeles.

– Douceur tannique –

Le vin de Paris n’a pas d’appellation légale et la diffusion des bouteilles des vignes de la capitale reste minimale.

« Nos vins sont moins connus mais ils sont très prestigieux », estime Marie Toubiana, chargée des espaces verts de l’arrondissement, expliquant que le vin, rouge, est bio.

Une bonne partie de la production parisienne (outre Montmartre et George Brassens, les autres vignes se trouvent dans les quartiers de Bercy et de Belleville) est conservée par la ville de Paris pour son usage, mais il est possible d’en acquérir quelques bouteilles.

Ainsi, les bouteilles de la cuvée 2017 du clos des Morillons seront proposées lors d’une vente aux enchères le 29 septembre.

« Nous avons un vin très fruité et il y a un élevage en barrique qui donne une douceur tannique », explique Sylviane Leplatre, l’oenologue de la ville de Paris, ajoutant que la cuvée 2018 est prometteuse après un printemps humide et un été chaud.

La production de vin en France devrait s’élever en 2018 à 46,1 millions d’hectolitres, en hausse de 25% par rapport à la terrible année 2017, marquée notamment par une vague de gel qui avait touché l’ensemble des bassins viticoles.

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