C’est par accident, dans le Piémont italien, que la plus célèbre des pâtes à tartiner a vu le jour. Voici pourquoi la marque Nutella peut se prosterner à vie devant la canicule de l’été 1949.
Pour comprendre toute l’histoire, il faut d’abord remonter aux sources. C’est-à-dire dans l’Italie d’après-guerre, et plus précisément en l’an 1946, au moment où le pâtissier italien Pietro Ferrero rêve de remettre un peu de baume dans le cœur des citoyens en créant un moelleux gâteau à base de ganache chocolatée.
Le hic? En pleine reconstruction économique, la nation est en proie à de sévères restrictions, et le cacao fait partie des produits qu’il est très compliqué – et très onéreux – d’importer. Mais Monsieur Ferrero n’est pas le genre d’homme à baisser les bras, et un beau matin, un éclair de génie le frappe: il va simplement remplacer le cacao par des noisettes broyées. Ça tombe bien: son Piémont natal regorge de noisettes, et Ferrero n’a plus qu’à plancher sur une recette digne de ce nom.

A l’origine: une brique à trancher
C’est en s’inspirant de l’onctueuse «gianduja» des pâtissiers de Turin que Ferrero va trouver la voie à suivre. Pendant trois longues années, il enchaîne les essais, les erreurs et les réussites, jusqu’à ce qu’il parvienne à créer le Giandujot, une pâte sucrée en forme de brique à trancher et à servir sur du pain.

L’année 1949 sera néanmoins un tournant. Car un coup du sort va changer la donne. Pietro Ferrero décède en plein mois de mars, peu avant le début d’un été qui va se révéler caniculaire. Le fiston de la famille, Michele Ferrero, reprend la boîte. Mais face aux températures, il doit s’incliner: son chocolat ne résiste pas et se transforme en une sorte de crème marron beaucoup pas vraiment alléchante… du moins à première vue.
Tout l’art de la texture
Car en réalité, dans les faits, cette création née par erreur est plutôt bonne, pour ne pas dire délicieuse. La texture est insolite et crémeuse, tandis que la noisette sublime le goût. Aussi, en 1951, l’entreprise Ferrero lance un tout nouveau produit sur le marché: la SuperCrema, qui va très vite faire oublier le Giandujot grâce à sa façon bien plus délicate de se poser sur les tartines…

Et le Nutella, dans tout ça? Il naît à peine plus tard, lorsque la SuperCrema de Michele Ferrero est améliorée par un certain Francesco Rivella, un chimiste italien qui avait collaboré à la création de la pâte à tartiner. Le gaillard décide de modifier légèrement la recette, en insistant notamment sur son goût de noisette. Aussi, le nouveau nom de sa création coule soudainement de source: il associe les mots «nutt» (noisette) et «ella» (le suffixe de son nom de famille) pour en faire… vous savez quoi.
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