Mais au fait, pourquoi mange-t-on une galette des rois pour l’Epiphanie?

Quelle est l'origine de la galette des rois - Canva
Quelle est l'origine de la galette des rois - Canva
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Comme les oeufs en période de Pâques ou les spéculoos lors de la Saint-Nicolas, la galette des rois est indissociable de l’Epiphanie et permet à ses fans de commencer l’année avec un bon goût de frangipane… Et peut-être, aussi, une couronne sur la tête.

Mais pourquoi une galette des rois, et pas un gâteau ou des biscuits, par exemple?

C’est ce qu’on a tenté de déterminer, histoire d’au moins finir la journée plus malins si, par manque de chance, on n’avait pas la fève. Et le fait est que l’explication est à chercher du côté de l’Italie, entre la Rome antique pour la coutume, et Florence, et un certain marquis de Frangipani, pour la recette actuelle.

À l’origine de la galette des rois

Pour rappel, le 6 janvier, on fête l’Epiphanie, c’est à dire, pour le christianisme, le jour où Jésus, âgé de quelques jours seulement, est présenté aux trois Rois Mages, Melchior, Gaspard et Balthazar, venus d’Afrique, d’Asie et d’Europe pour lui offrir leurs dons. Et comme de nombreuses autres fêtes du calendrier chrétien, à l’origine, cette date était un jour hautement symbolique pour les païens, puisque lors de l’Antiquité déjà, les Romains célébraient les Saturnales, qui les voyaient désigner le roi ou la reine du jour… à l’aide d’une fève cachée dans une galette.

Mélangez les deux traditions et vous obtenez celle qui reste encore aujourd’hui, et qui voit les gourmands à peine remis des festins de fin d’année se servir joyeusement une belle part de galette des rois.

D’après notre consoeur Margot Hinry, qui a déjà creusé la question il y a quelques années de ça pour le compte du National Geographic, lors des Saturnales, la fève avait une saveur toute particulière puisque les esclaves étaient aussi de la fête, et étaient invités à partager la galette avec leurs maîtres. S’ils avaient la chance de tomber sur la fève,  » ils devenaient « Princes des Saturnales » et avaient le droit d’obtenir tout ce qu’ils souhaitaient pendant une journée » relate la journaliste française. Et bien que l’esclavage ait fort heureusement été aboli il y a des siècles de ça, une variation de cette tradition ancestrale a, elle, plus ou moins perduré, puisque jusqu’il n’y a pas si longtemps que ça, la coutume voulait qu’on tranche autant de parts qu’il y avait de personnes à table, plus une, la « part du Bon Dieu » ou encore « part du pauvre », à offrir à la première personne nécessiteuse qui se présentait le 6 janvier.

Autre aspect historique qui a transcendé le passage des années et est toujours respecté dans certains foyers? La coutume de demander au plus jeune membre de l’assemblée de se cacher sous la table, sans la moindre vue sur la galette, et d’attribuer les parts au hasard au fur et à mesure qu’elles sont coupées – une tradition qui date des Saturnales, et qui permettrait en théorie d’éviter toute triche pour décrocher la fève.

Voilà pour l’historique. Et la recette, alors?

Fèves et frangipane

Selon la légende, ce serait au marquis florentin Cesare Frangipani que l’on devrait l’invention de la recette qui porte son nom, cette galette à la frangipane ayant été mitonnée par ses soins à l’occasion du mariage de Catherine de Médicis. Quant à savoir pourquoi et comment ce mets sucré est passé du menu du banquet à celui de l’Epiphanie, l’Histoire ne le précise pas. Même si la galette était déjà associée depuis belle lurette à cette date, et qu’il se peut que tout comme la transformation des fèves, passées depuis une trentaine d’années des simples sujets aux figurines de collection ultra détaillées, un audacieux ait eu l’idée de fourrer sa galette de frangipane et, vu le succès, le test soit devenu une tendance puis une nouvelle tradition.

Curieusement, malgré son origine méditerranéenne, c’est aujourd’hui principalement en Belgique, en France, en Acadie et au Québec que la traditionnelle galette des rois est dégustée le 6 janvier. En Espagne, on savoure ainsi le roscón de reyes, une couronne briochée qui rappelle celle que l’on déguste également en Provence, tandis qu’au Portugal, on opte pour le bolo rei, un gâteau en forme de couronne surmonté de raisins secs et de fruits confits. En Italie, l’Epiphanie est associée à la Fugassa de la Befana, un gâteau en forme de soleil agrémenté lui aussi de fruits confits et de raisins, tandis qu’en Croatie, le menu est un peu plus austère puisqu’on ne coupe pas de parts de gâteau ni de galette des rois, mais bien plutôt d’une couronne de pain tressée, déposée traditionnellement sur la table lors de la Noël et dégustée seulement le 6 janvier.

Le traditionnel roscón de reyes espagnol – Getty Images.

Et la fève, alors? Si ses origines remontent à l’Antiquité et aux Saturnales romaines, à l’époque moderne, c’est en Allemagne qu’a été conçue en 1875 la première fève en porcelaine, en forme de baigneur, les galettes étant jusqu’alors agrémentées de véritables fèves séchées.

Pour la petite histoire, les collectionneurs de fèves répondent au nom de « fabophiles », et ils seraient plus de 250.000 rien qu’en France. Si on ne dispose pas de statistiques similaires pour le royaume, sachez toutefois que les fabophiles les plus assidus comptent plusieurs centaines (!) de fèves dans leur collection, ce qui vous donne une excellente excuse pour reprendre une part et espérer y trouver un nouveau sujet.

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