Manger des poissons laids pour sauver les espèces en péril

Du 27 au 30 mai à Gênes, le salon Slow Fish est consacré à la pêche durable et le sauvetage des espèces en péril.

Epines venimeuses ou yeux globuleux, la rascasse, le maquereau cheval et l’aiguillette sont laids et peu appétissants mais leur chair est délicieuse. Ces espèces mal-aimées sont les vedettes du salon Slow Fish à Gênes, consacré cette année à la pêche durable et au sauvetage des espèces en péril. Cette 5e édition du Slow Fish, qui se tient du 27 au 30 mai à Gênes, est l’un des évènements organisés par le mouvement écolo-gastronomique Slow Food, né il y a 25 ans en Italie pour éduquer au goût, sauver la biodiversité et les aliments traditionnels.

« Les poissons pauvres sont bons et pas chers »
La crise du secteur est palpable à Slow Fish: revenus en baisse, conditions de travail de plus en plus précaires, le constat des professionnels du secteur est amer. « La pêche est en diminution. Slow Fish nous aide en quelque sorte à essayer de faire entrer dans les cuisines des particuliers cette nouvelle typologie de poissons », espère pêcheur Roberto Moggia. « Il est temps de recommencer à manger des poissons pauvres comme le faisaient autrefois nos grand-mères, ils sont bons, pas chers et peuvent sauver d’autres espèces de l’extinction », s’enthousiasme-t-il pendant que de nombreux visiteurs se pressent autour de son étal où les espèces à risque d’extinction comme le thon rouge, l’espadon ou l’anguille étaient remplacés par une large variété de poissons hérissés, plats, et de couleurs différentes, aux noms souvent oubliés.

« Personne ne mourra de faim s’il ne mange pas de thon pendant 10 ans! »
Pour Gianlucca Cazzin, un grand chef italien -restaurant La Ragnatela près de Venise-, il est vital que les restaurateurs donnent l’idée à leurs clients de consommer les poissons « pauvres » ou « oubliés ». « Dans mon restaurant, on ne sert plus du tout de thon rouge, seulement des produits locaux selon des recettes traditionnelles, l’une de mes préférées à base de poisson stargazer vient de Vénétie et date du 14ème siècle », souligne-t-il. Il faut selon lui, « laisser le temps aux espèces animales ou végétales en voie d’extinction ou en danger de se reproduire pour les sauver. Personne ne mourra de faim s’il ne mange pas de thon pendant 10 ans! »

« Nous avons remplacé le thon rouge et les gens ne remarquent pas la différence »
Preuve qu’un autre mode de consommation est possible: le « Slow Sushi » a également fait son apparition. Au salon, les chefs cuistots n’utilisent aucun des poissons inscrits sur les listes noires internationales qui ne cessent de s’allonger, uniquement des espèces vivant dans les eaux génoises. »Nous avons remplacé le thon rouge ou le saumon par de la liche ou du chinchard et les gens ne remarquent pas la différence de goût », se félicite Nicola Fattibene, un étudiant en gastronomie, promoteur de Slow Sushi.

Un message de consommation responsable que bon nombre de consommateurs semblent avoir intégré. « A présent, j’évite d’acheter du thon rouge. Avant, j’en achetais, mais je ne savais pas qu’il était en danger », souligne Livia Polgacini, une visiteuse.

Lexpress.fr Styles

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