Manger local et durable, en quelques clics

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Consommer local : c’est la nouvelle tendance qui se répand en Belgique. Une tendance boostée par des multitudes d’initiatives qui naissent en ligne et qui mettent en avant une alimentation saine et durable.

Voilà quelques années maintenant que les consommateurs se tournent de plus en plus vers une filière de consommation dite courte. Problème de santé, désir de promouvoir une agriculture locale et écologique, dégoût de la grande distribution, les raisons sont nombreuses et variées pour expliquer cet engouement et ce revirement de situation. Les enseignes de supermarché tentent elles aussi de suivre ce nouveau mode alimentaire, notamment avec la viande. Pour booster et encourager cette nouvelle manière de consommer, des initiatives ont vu le jour un peu partout en Belgique et cherchent à rapprocher les consommateurs des producteurs et agriculteurs.

Outre les marchés biologiques comme le marché des Tanneurs dans le centre de Bruxelles ou le Rayon Vert à Jette, ce sont des plateformes en ligne qui se développent de plus en plus. Ces start-up partent généralement d’un constat : les gens sont prêts à consommer différemment, mais n’ont pas toujours le temps de se consacrer à des courses dans ce sens. Il est en effet plus facile de se rendre dans son supermarché habituel et d’y continuer à acheter les produits que l’on connait. Grâce aux nouvelles technologies, les grandes marques de distribution ont lancé leur « caddy » en ligne il y a quelques années. Aujourd’hui, ce sont des paniers de produits bios et locaux qui sont mis à disposition des consommateurs. Plus besoin de se rendre dans une ferme, une laiterie, un maraîcher: tout est centralisé et mis rapidement à disposition des clients. Faire des courses durables et locavores comme on faisait ses courses traditionnelles est désormais tout à fait possibles.

La Ruche Qui Dit Oui

Cette start-up française est venue s’implanter en Belgique il y a deux ans maintenant et son succès ne décroit pas. On compte aujourd’hui 67 « ruches » dans notre pays dont 23 dans la région bruxelloise. La Ruche qui dit oui construit sa propre définition du circuit court de consommation selon trois aspects : les producteurs doivent se trouver à moins de 250 kilomètres, ils fixent leurs prix librement et la ruche agit comme un prestataire de service et non comme un intermédiaire. Pour rejoindre une ruche, rien de plus simple : se rendre sur le site www.laruchequiditoui.fr/fr, s’inscrire et choisir une ruche près de chez soi.

Manger local et durable, en quelques clics
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Une fois cela fait, aucune obligation d’achat, le consommateur décide ce qu’il veut commander et quand il veut le commander parmi les producteurs disponibles dans sa région. Une fois sa liste établie, il lui suffit de se rendre dans la « ruche » le jour de l’enlèvement pour récupérer ses produits et avoir la possibilité de rencontrer les producteurs.

eFarmz

EFARMZ Le site propose des fruits, des légumes, de la charcuterie, du fromage et du poisson. © PG
EFARMZ Le site propose des fruits, des légumes, de la charcuterie, du fromage et du poisson. © PG © PG

eFarmz est une petite entreprise belge qui a vu le jour il y a trois ans sous l’impulsion de deux amies. Ces dernières ont lancé la plateforme dans l’idée qu’il était possible de manger autrement tout en entreprenant autrement. Le principe est aussi simple que pour La Ruche : une plateforme en ligne qui vend des produits locaux, bios et de saison et qui les livrent le consommateur directement chez lui, dans des points de retrait ou en entreprise. eFarmz travaille en collaboration avec plus de 60 producteurs belges qui proposent des produits divers et variés.

Pour Muriel Bernard, co-fondatrice, il est important de proposer des produits qui ont du goût, c’est pourquoi les employés eFarmz les testent eux-mêmes avant de les présenter aux consommateurs. Autre importance pour la start-up : la rémunération équitable des producteurs et les prix abordables pour les clients. La plateforme en ligne cherche aussi à promouvoir l’emploi en Belgique. Dans cette optique d’alimentation durable, les livraisons se font en vélo ou en camionnette électriques dans des emballages biodégradables.

Et les prix ?

Le prix est souvent le frein qui empêche beaucoup de gens de se lancer dans la consommation durable, locale et bio. Muriel Bernard affirme que les prix d’eFarmz sont comparables à ceux des supermarchés bios comme Bioplanète, la gamme de la chaîne Colruyt. En les comparant, on se rend pourtant compte que faire ses courses en ligne, que ce soit sur la plateforme eFarmz ou sur celle de la Ruche, revient plus cher, même si les écarts de prix ne sont pas toujours énormes. Par exemple, un pain blanc coupé bio de 800 grammes coûte 2,99 euros contre 3,60 euros chez eFarmz et 3,40 euros dans une Ruche du Brabant Wallon. Côté fruits et légumes, le scénario se répète plus souvent. Quelques produits font cependant exception, comme la salade qui coûtera 1,85 euros chez Bioplanète, 1,69 chez eFarmz et 1,40 euros chez la Ruche. Attention que les prix peuvent varier d’un producteur à l’autre.

Il est pourtant important de noter pourquoi ces prix peuvent varier et être quelque peu plus élevé quand on se tourne vers une filière courte de consommation. Les petits producteurs qui travaillent en collaboration avec eFarmz ou la Ruche cultivent de petites quantités d’aliments pour garantir des meilleurs produits. Les coûts de production sont, dès lors, plus élevés que pour un agriculteur qui décide de commercialiser ses produits via la grande distribution. Ce dernier n’aura d’ailleurs pas le choix quant au prix de vente contrairement à celui qui travaille à plus petite échelle. Un petit producteur touchera aussi une plus grande marge sur le prix de vente. Un agriculteur qui produit du lait, par exemple, touchera environ 0,35 euro sur un litre vendu via une grande filière, mais gagnera deux fois ce prix si le lait est vendu directement par un commerçant.

Autre avantage de ces services : la transparence. Difficile de réellement savoir d’où viennent les produits que l’on trouve dans un supermarché, bio ou non. Les plateformes en ligne, elles, présentent leurs producteurs et leur façon de travailler et de traiter les aliments. De plus, consommer local fait tourner l’économie local et peut booster l’emploi d’un pays. Mais c’est surtout le goût des produits et la conviction de la justesse de ces démarches qui plaident en la faveur de l’adoption de ces modes de consommation.

par Alessandra Cillario (stg)

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