On a testé: devenir barmaid ès cocktails

© PHOTOS : FANNY BOUVRY
Aurélie Wehrlin Journaliste

Sur l’échelle de gravité des fautes professionnelles, certaines s’avèrent fâcheuses et d’autres plus cocasses. J’ai ainsi une fois failli envoyer, par mail, un direct « quand penses-tu? » à ma rédactrice en chef, voulant évidemment écrire « qu’en penses-tu? » Pour sûr, on aurait ri de bon coeur de cette involontaire insubordination. Mais plus récemment, j’ai vraiment dérogé aux règles de mon contrat de travail et je le confesse, j’ai bu dans l’exercice de mes fonctions.

L’entorse aux sacro-saintes normes de notre entreprise, qui encouragent à privilégier le Champomy pour les drinks entre collègues, a eu lieu dans un bar feutré de l’avenue Louise à Bruxelles, le Green Lab. Dans ce moment d’égarement, j’avais deux complices, Leslie et Sophie, barmaids aguerries, formées au Delirium Café, et aujourd’hui à la tête de leur propre adresse. Deux filles qui, elles, se doivent d’ingurgiter au minimum quelques centilitres bien tassés pendant le taf: un cocktail, sachez-le, ne peut être envoyé en salle sans avoir été goûté…

On a testé: devenir barmaid ès cocktails
© FANNY BOUVRY

Me voilà donc, ce jour-là, invitée par mes comparses à passer derrière le zinc pour m’initier à la mixologie, le mot chic pour désigner cette science finalement très exacte. Préparer un Basil Smash? « Facile », me direz-vous. On googlise ce nom qui sonne comme la botte secrète de Nadal; on rassemble vite fait les ingrédients (2 cl de sirop de sucre, 2 cl de jus de citron, 4 cl de gin, 6 feuilles de basilic); on touille; eeeeeet santé… Eh bien non!

Un peu intimidée, je suis le mode opératoire nettement plus détaillé que me dictent mes mentors: je place le « jigger » (« le doseur », mais dans le milieu, on parle anglais madame) entre mes doigts tremblotants; je verse les composants dans la petite timbale du shaker; je remplis la grande de glace; je frappe le basilic sur ma main pour révéler l’arôme et je l’ajoute… ça y est, je peux mélanger. Pas question toutefois de secouer le shaker comme un prunier, cela briserait la glace et inonderait la préparation d’eau. Dans les règles de l’art, il faut former de petits ronds dans les airs. Je vous laisse imaginer la chorégraphie de la novice concentrée à faire des courbes (dis)gracieuses, les doigts crispés sur l’ustensile pour éviter qu’il s’ouvre.

Mes copines me signalent d’ailleurs qu’il faut se placer de profil par rapport au client… pour éviter de l’arroser si on se loupe. Après, il reste à transvaser le liquide dans le verre avec le « strainer » (une passoire), à ajouter le « garnish » (la garniture), sans oublier de déposer un peu de nectar sur le dos de sa main… et de le lécher (oui, oui), pour vérifier qu’on a bien bossé. Verdict: pas mauvais! Pour fêter ça, je trinque avec mes profs et signe pour un deuxième essai: 6 cl de gin + 2 cl de vermouth = 1 martini, je maîtrise la formule désormais.

Jaloux? Il ne faut pas! Mes nouvelles amies organisent ce mois-ci la Brussels Cocktail Week qui rassemble le gratin des barmans pour des soirées, mais aussi des workshops gratuits. Avec, pour cette cuvée 2019, une belle thématique: les barmaids, parce que oui, les femmes savent aussi mixer. Tom Cruise, tu peux aller te rhabiller.

www.facebook.com/BrusselsCocktailWeek Du 15 au 22 septembre.

On a testé: devenir barmaid ès cocktails
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