Rencontre avec Bertrand Jousset

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« Des vins ciselés par des mains d’orfèvre », c’est en ces termes que l’on évoque généralement le travail de Lise et Bretrand Jousset qui a contribué à redorer le blason d’une « petite » appellation : Montlouis-sur-Loire. Fin novembre, Bertrand Jousset était de passage à Bruxelles. L’occasion ou jamais d’en savoir plus sur cet « allumé du chenin », du nom de ce cépage auquel le vigneron voue un culte.

A voir débarquer Bertrand Jousset chez Titulus Pictus – où Vivien Blot lui a ouvert grand les portes – on a envie de reprendre les mots de Victor Hugo et parler de « force qui va ». L’homme est grand. Il en impose avec sa carrure de rugbyman. Joyeux et bavard, il est intarissable quand on le lance sur la vigne. Son crédo ? La bichonner pour intervenir le mois possible au moment de la vinification. Il résume son approche en évoquant « des vins propres, sans misère ». Il dit aussi « vins de fainéant avec peu de travail en cave »… mais il faudrait être naïf pour croire cela : le vigneron est un acharné, il passe son temps dans la vigne qui devenue « son jardin ». Ce qu’il cherche exprimer ? La minéralité mais comme le mot est galvaudé aujourd’hui, Bertrand Jousset préfère parler de « vins avec une tension ». La question du taux de « buvabilité » est également cruciale pour celui qui aime rappeler aux buveurs d’étiquette que « nul n’est censé ignorer la Loire ».

Le fait d’armes de Lise et Bertrand Jousset est d’avoir contribué à redorer le blason d’une petite appellation qui a longtemps vécu dans l’ombre de Vouvray : Montlouis-sur-Loire. Dans la foulée de François Chidaine, les Jousset sont arrivés à Montlouis par « amour du blanc, en particulier le chenin ». Pour réveiller ce terroir, ils se sont associés à d’autres vignerons afin de donner naissance au « Pétillant Originel de Montlouis-sur-Loire », une bulle naturelle qui répond à un cahier des charges strictes : ramassage à la main, pressurage, pas de levures exogènes – les seuls intrants tolérés sont le soufre et l’alginate -, dégorgement obligatoire, passage de 9 mois sur lattes, maturité du raisin (12°)… Bref, une bulle aussi nature que sérieuse qui fuit les notes oxydatives caractérisant trop souvent le genre. Lise et Bretrand Jousset proposent trois « pet nat » dont l’excellent et iconoclaste « Bubulle » qui se distingue par une belle vinosité.

Au total, les Jousset possèdent 11 hectares sur lesquels ils travaillent le chenin (80%), le chardonnay, le grolleau, le cabernet franc et le gamay. Lors du passage de Bertrand Jousset à Bruxelles, il nous a été donné de déguster une petite perle, soit « Premier Rendez-Vous », un vin blanc sec 100% chenin – celui-ci provenant de 5-6 parcelles vinifiées séparément – qui illustre à la perfection la vision du vin du couple. On y retrouve fraîcheur, minéralité et… la fameuse buvabilité évoquée plus haut. Autre belle surprise, Les Audouines livrent une étonnante version du chardonnay. Pas de gras, pas de bois, comme c’est trop souvent le cas, mais là aussi une fraîcheur salutaire qui donne envie de tirer un bord jusqu’à la Loire. Quel bonheur que ces vins rebelles qui rappellent qu’il s’agit là de l’un des derniers fleuves sauvages d’Europe !

A découvrir chez Titulus Pictus, 167a, chaussée de Wavre, à 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi, de 12h à 20h30 et le lundi, de 17h à 20h30. Tél. : 02 512 98 30.

MV

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