Votre thé bientôt produit localement? 

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© Getty Images

Comme tout amateur de thé, vous n’êtes pas sans savoir que cette boisson aux multiples saveurs est originaire d’Asie. Mais maintenant qu’elle a conquis les cœurs du monde entier, qu’en est-il des plantations en Europe?

Vert, blanc, noir, chaud ou froid, le thé est la deuxième boisson la plus consommée au monde. Et à raison, cette boisson peut s’adapter à toute situation, chaque besoin ou envie, grâce à ses nombreuses déclinaisons. Originaires d’Asie, les feuilles de thés doivent aujourd’hui encore parcourir un long chemin jusqu’à nos tasses. Alors, face à la demande importante et aux conditions climatiques qui ne cessent de changer, peut on espérer avoir des plantations de thés en Europe? 

Du vent, de la pluie, un terrain en pente… et du stress

Pour pouvoir comprendre ce qui pourrait permettre une implantation locale de la production, il est indispensable de saisir les conditions pour que ce « miracle » advienne, autrement dit, d’où vient le thé.

Il faut savoir que le thé est fait à base de feuilles de certaines variétés de Camellia Sinensis. Un long processus d’oxydation et de séchage suit la récolte pour en faire les feuilles de thés que nous connaissons. Quant à son origine, cette délicieuse boisson, souvent servie chaude, est apparue il y a 5000 ans. Plusieurs légendes asiatiques racontent l’histoire de la découverte du thé (voir encadré plus bas). 

Les arbres où poussent les feuilles de thé s’appellent des théiers. Arbustes exigeants, de nombreuses conditions nécessitent d’être réunies pour pousser correctement. Tout d’abord, un climat tropical, qui ne dépasse pas les 30°c, mais avec du vent et une pluie régulière. A la différence de beaucoup d’autres végétaux, les changements soudains de conditions météorologiques sont bons pour eux. En effet, ce stress provoqué chez l’arbuste par ces variations, permet aux feuilles d’être encore plus goûtues.

Autre condition cruciale pour l’épanouissement de ce végétal: que le terrain soit en pente, car le théier est capricieux et ne supporte pas l’eau stagnante. Il faut donc que la pluie puisse facilement s’écouler et ne pas rester aux pieds des plantations. 

Du made in Europe pour le tea time

Pour l’Europe, il faudra attendre le XVIIe siècle, pour voir ces petites feuilles desséchées apparaître chez nous, grâce aux Néerlandais qui ont été les premiers à les importer par voie maritime. Mais c’est chez les Anglais qu’elles ont rencontré le plus franc succès. 

Une fois les Européens conquis par ce breuvage, nombreux sont ceux à s’être essayés à sa culture en Europe, mais sans trop de succès… jusqu’aux tentatives des Portugais qui ont fini par y parvenir. C’est aux Açores, petit archipel au large de l’Atlantique qu’on va retrouver la plus vieille manufacture de thé européenne. Du nom de Chá Gorreana, l’entreprise se développe au XIXe siècle. José do Canto, un propriétaire de terres de Ponta Delgada, se prent alors de passion pour le thé et y invite deux cultivateurs de thé originaires de Chine. Son but: parvenir à y cultiver des théiers de façon ancestrale.

Paysage des Açores © Unsplash

D’autres cultivateurs s’en sont inspirés par la suite et les plantations de thé se sont répandues sur l’île de Sao Miguel aux Açores. S’il font partie de l’Europe puisque portugais, en revanche, en termes de proximité, les Açores ne cochent pas toutes les cases. Ce paysage hawaïen se trouve à 5h de vol de Bruxelles, ce qui ne le rend toujours pas si proches. Mais depuis quelques années, des Français, des Anglais et même des Belges se mettent aux plantations pour le tea time. 

En France, les plantations de thé ont commencé à voir le jour fin du XXe siècle. Aujourd’hui il existe quelques jardins de thés avec leurs propres plantations, mais leurs récoltes restent assez anecdotiques. Le salon de thé parisien L’autre Thé, a commencé la plantation de leur propre camellia en 2022, mais leur première récolte n’est attendue qu’en 2024. 

Puisqu’ils ont fait du tea time une de leurs traditions quotidiennes les plus célèbres, les Anglais se devaient d’essayer aussi d’implanter quelques théiers. Malgré les conditions météorologiques pas forcément favorables, le domaine de Tregothnan dans les Cornouailles anglaises a réussi à pérenniser une production d’une tonne par an. 

Lire aussi: Comment préparer le thé dans les règles de l’art?

Local tea: pour un thé encore plus vert

Et c’est maintenant la Belgique qui, depuis peu, se lance dans l’aventure avec la marque Local Tea. Cette marque a vu le jour après 7 ans de recherches pour découvrir le théier capable de survivre en Belgique et aux Pays-Bas. Le but de l’entreprise est de promouvoir un thé plus écologique, de proximité, et avec une chaîne de production totalement transparente. 

A la différence des thé açorien, français ou britannique, le thé belge pousse en serres. Mais toujours par souci écologique, celles-ci ne sont pas chauffées artificiellement. La seule source de chaleur est le soleil, même s’il n’est pas si présent dans notre beau pays… Alors oui les récoltes ne sont pas aussi importantes qu’en Asie, mais “il faut quand même dire que, sous serre, on récolte deux fois plus de thé que si on les laissait dehors” nous explique Wouter Eckelmans, le manager général de la marque. Les serres, même non chauffées, permettent donc une récolte plus productive pour le plus grand bonheur de tous les amateurs de thé. 

©SDP

En termes de goût, une petite différence existe entre le thé asiatique et belge. Wouter Eckelmans nous donne un exemple: “au Japon par exemple, on aime surtout le thé vert, et en règle générale les thé plus doux. Et pour obtenir ce goût, les plants sont activement protégés du soleil. En Belgique, pas besoin de ce genre d’artifice, la météo fait le travail!”. Il faut donc s’attendre à un thé assez doux avec très peu d’amertume. Ici, pas besoin d’enlever son sachet au bout d’une minute de peur que votre boisson soit trop amère. 

Thé, dans un souci écologique? 

Le thé étant une boisson ancestrale produite uniquement avec des feuilles séchées, on ne se doute pas forcément que cette boisson, à l’image purifiante, ait un côté obscur. Et pourtant, la demande de thé est si importante que les plantations de théiers participent à la déforestation en Asie, au même titre que l’huile de palme.

Si on rajoute à ça, les pesticides utilisés et le voyage de ces petites feuilles jusqu’à nos tasses, le thé qui de base à une empreinte carbone négative, n’est plus si green. Et puis, au-delà du côté écologique, l’aspect humain n’est pas toujours présent non plus. Les travailleurs dans les plantations sont le plus souvent très peu payés et ne sont ni logés et ni nourris dans des conditions correctes. Il faut donc espérer que ces nouvelles plantations européennes tiennent dans le  futur pour un thé encore plus vert. 

Travailleur d’une plantation de thé en Asie © Unsplash

Légendes autour du thé:

En Chine, la légende raconte que l’empereur Shen Nong avait pour habitude de faire bouillir de l’eau afin de la purifier. Un jour, il fit bouillir son eau à l’abri d’un arbuste. Mais durant la préparation, le vent souffla, et quelques feuilles de l’arbuste tombèrent dans l’eau. C’est en goûtant ce mélange, que l’empereur tomba amoureux de ce breuvage. Le thé qui venait de naître et l’illustre homme le répandit dans toutes les provinces. 

En Inde, celui à qui on attribue le mérite d’avoir découvert le thé serait Bhodi-Dharma. Après être devenu moine boudhiste, ce prince décida de se diriger vers la Chine. Son but était d’y répandre la religion boudhiste, et il y fonda l’école Chan. Arrivé en Chine, il fit le vœu de ne pas dormir pendant 9 années, afin de mener à bien sa mission. Cependant, autour de la troisième année, la fatigue s’empara de lui. Par hasard, il cueillit des feuilles de théiers qui se trouvaient près de lui. Il les mâcha et ressentit un regain d’énergie en lui. Ainsi il commença des cultures de thé pour ses vertus énergisantes.

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