Zoom sur les boissons à base d’argousier + notre sélection de produits
Notre expert ès flacons sirote les tendances et noie les idées reçues. Cette semaine, focus sur les boissons à base d’argousier.
Longtemps, les baies d’argousier se sont cherché un public en dehors de la phytothérapie et des épiceries bio. Leur astringence faisait peur, rebutait pour le dire sans détour. Seuls quelques explorateurs du goût s’étaient essayés à en exploiter les qualités organoleptiques. Parmi les pionniers, Cantillon qui réalise, il y a une petite vingtaine d’années, un lambic avec des fruits envoyés par l’importateur finlandais de la brasserie – des cuvées sont aujourd’hui encore disponibles rue Gheude, à Anderlecht. Jean Van Roy se souvient avec émotion de l’acidité marquée des baies : « La combinaison avec le lambic était parfaite. »
Seul hic, avec les années, le taux d’acidité en question diminue, le brasseur bruxellois ne retrouve plus la même intensité – peut-être en raison d’une sucrosité directement influencée par le réchauffement climatique. Qu’à cela ne tienne, c’est probablement cette remontée en sucre qui ouvre de nouvelles portes à l’argousier. L’un des points culminants de ce retour en grâce ? Sans doute la création en 2013 d’une liqueur d’argousier par le mixologiste Jeroen Van Hecke à la suite de sa victoire à un concours organisé par la Distillerie de Biercée.
Bien sûr, à cela s’ajoute un élément capital, à savoir la présence des baies en question sur le littoral belge, ce qui ne manque pas de déclencher un engouement immédiat dans un contexte de valorisation des produits locaux. Ce n’est pas tout : un autre élément permet à l’argousier de séduire le grand public et les créateurs de nouveaux breuvages, sa dimension de « superfood ».
Outre une teneur exceptionnelle en vitamine C, les fruits de cet arbuste, dont l’une des sous-espèces ne craint pas les sables dunaires, sont également une bonne source de bêta-carotènes et d’antioxydants. Enfin, la séduction ultime de cette baie est à chercher dans son goût assez unique, un peu suret, qui le rapproche des agrumes et des fruits exotiques.
Goûtés et approuvés
Liqueur d’argousier, 35 euros (70 cl), lecomptoirbelge.be
L’idée est lumineuse : faire se croiser la sucrosité d’une liqueur avec l’acidité de la baie d’argousier. Résultat ? Un modèle d’équilibre qui ne sature pas les papilles, entre l’ananas et le fruit de la Passion.
Duno pils, 1,60 euro (33 cl), seaberryliquids.com
Beaucoup de buvabilité pour cette pils relevée à l’argousier. Un breuvage sans sucre ajouté. Mention pour les notes de houblon et d’orge malté qui épousent joliment les baies cueillies sur notre littoral.
Edge, 34 euros (50 cl), covivins.be
La présence de l’argousier assure une fraîcheur distinctive à ce gin venu de l’Ardenne, marqué par le genièvre et la myrtille. On le déguste avec le tonic le plus neutre et le plus simple possible.
Hierbas de las dunas, 35 euros (50 cl), hierbasdelasdunas.com
Fan de la Hierbas façon Ibiza ? Le chef néerlandais Syrco Bakker a créé son cousin avec 18 fleurs, herbes et baies cueillies sur les dunes. Belle harmonie salé, sucré et iodé.
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