10 objets qui racontent l’histoire de la Belgique

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Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Un tout nouvel ouvrage se promène de la préhistoire à nos jours afin de répertorier 100 objets qui, chacun à leur manière, racontent l’histoire de notre chère Belgique. En guise de mise en bouche, on vous en a sélectionné 10.

Ce sont les éditions Racine qui, à la veille de l’été, nous ont offert cette passionnante manière de parcourir les pages de notre passé commun. Un livre intitulé Une histoire de la Belgique en 100 objets, qui se présente comme un copieux inventaire d’objets anciens ou modernes. Le plus âgé est daté du Paléolithique, et le plus récent, du XXIe siècle. Classés par ordre alphabétique, ces trésors démontrent l’importance de « l’objet » comme source historique et comme manière de « rafraîchir nos connaissances ». Place ici à 10 témoins qui devraient vous dire quelque chose. Bon à noter, tout de même : on ne vous livre qu’une infime partie de l’histoire, le reste étant à dévorer dans ce livre passionnant…

Globe terrestre de Mercator (1541)

Du XVIe au XVIIIe siècle, on vit apparaître dans les salons de l’aristocratie et de la bourgeoisie fortunée une nouvelle gamme d’objets de grand prestige : des globes terrestres et des mappemondes, où chacun pouvait lire le monde tel qu’il est, découvrir des territoires d’outre-mer ou reconnaître les grandes routes commerciales. Ces objets d’exception, fruit d’une technique de fabrication complexe, donc coûteuse, témoignaient de la fortune et du prestige de leurs propriétaires. De tous les globes produits à l’époque, les plus impressionnants sortaient de l’atelier de Gérard Mercator. Le globe terrestre représenté ici est exposé au Musée Mercator de Saint-Nicolas.

Patin à glace (1564)

La période moderne coïncida avec un refroidissement du climat, que l’on désigne d’ordinaire sous le terme de « petit âge glaciaire ». Des épisodes hivernaux extrêmes, mais aussi des débâcles dévastatrices et des étés pourris altérèrent dramatiquement les conditions de vie. Cependant, les habitants des anciens Pays-Bas s’approprièrent aussi leur environnement pétrifié par le froid en circulant sur les eaux glacées, et ce, pour commercer, se déplacer ou se divertir. Le patinage sur glace est un témoignage joyeux de ces moments de délassements hivernaux. Si la pratique du patinage a conféré une identité particulière aux actuels Pays-Bas, en s’imposant bien plus tard comme discipline olympique, elle ne fut pas en reste dans les Pays-Bas méridionaux au Moyen âge et à l’époque moderne…

Saxophone (1846)

Issu à la fois de l’imagination débridée et de l’habileté technique d’Adolphe Sax (1814–1894), le saxophone a d’abord été développé en Belgique avant d’être breveté à Paris en 1846. Son timbre si singulier, littéralement inouï, s’immisce dans le paysage sonore de son temps avant de conquérir progressivement une multitude de genres musicaux jusqu’à nos jours, notamment le jazz, dont il est devenu une icône. Le saxophone – le « son de Sax » – est sans aucun doute l’invention phare de celui qui peut être considéré comme le plus célèbre facteur belge d’instruments de musique, Adolphe Sax. L’instrument apparut dans le contexte du foisonnement d’idées créatrices et d’innovations techniques de la Révolution industrielle du XIXe siècle…

Enseigne Delhaize (1897)

En 1867, le premier magasin Delhaize Frères & Cie connut un succès immédiat, dès son ouverture. La clientèle de ce qui allait devenir la première chaîne belge de grande distribution alimentaire fut rapidement séduite par l’étendue de l’assortiment et par les prix démocratiques qu’il pratiquait, et de nouvelles succursales poussèrent comme des champignons. Désireuse de créer une marque forte et de rendre ses magasins reconnaissables au premier regard, l’entreprise Delhaize voulut se doter, en 1875, d’un logo et d’une enseigne communs représentant un lion fièrement dressé. Faisant clairement référence au lion belge, l’enseigne identifiait Delhaize et ses produits comme « véritablement belges », sollicitant ainsi un patriotisme encore très présent au sein de la population. Le pays n’était indépendant que depuis peu, mais sur le plan économique, la Belgique s’en sortait déjà bien. Le logo jouait sur ces sentiments nationalistes, et il en était en même temps l’expression : acheter chez Delhaize devenait presque un acte patriotique.

Affiche du parti général des femmes belges (1921)

Cette affiche du Parti général des femmes belges met en avant son programme électoral, constitué de thèmes chers au mouvement féministe : la lutte contre l’alcoolisme, l’éducation, la lutte contre la débauche et la prostitution, la protection des enfants et des mères, et le pacifisme. Fondé en janvier 1921, ce parti proposa une liste pour les élections communales et pour les élections législatives, mais aucune des deux ne sera acceptée.

Album Le Lotus bleu de Tintin (1936)

Œuvre de rupture et premier signe de la maturité d’Hergé, Le Lotus bleu s’est imposé par le souci de combattre les stéréotypes au profit d’une fraternité universelle. Celle-ci s’y décline grâce à l’immixtion savante de l’Histoire et des échanges sino-belges dans l’intimité amicale qui unissait Hergé et Tchang Tchong-jen et dans leur transposition en régime fictionnel. Sa réception n’a cessé d’enchérir sur cette passionnante confusion en saluant une réussite graphique où le noir et blanc crépusculaire se profile comme un spectacle d’ombres chinoises.

Souvenir de l’Atomium (1958)

La production et la vente massive de souvenirs touristiques témoignent du succès de foule de l’Exposition universelle de Bruxelles de 1958. L’Atomium, monument phare de l’Exposition, est devenu l’un des symboles les plus universellement connus de la capitale de la Belgique. Il témoigne des espoirs de modernité et de progrès de l’après-guerre, en particulier de la foi dans l’énergie nucléaire.

Figurine Gaston (1959)

À la fin des années 1950, les personnages de bande dessinée belges connurent un succès populaire sans précédent qui encouragea leurs éditeurs à les décliner sous la forme de gadgets et d’objets publicitaires. Parmi eux, Gaston Lagaffe, « héros sans qualités », bouscula le cadre très bienséant des hebdomadaires pour la jeunesse.

Casserole de moules (1966)

Les turbulentes années 1960 furent l’occasion pour bien des artistes de réagir à différentes évolutions sociétales – en particulier, à la société de consommation – notamment dans des mouvements artistiques tels que le pop art ou le nouveau réalisme. L’artiste bruxellois Marcel Broodthaers (1924–1976) sut concevoir une variante typiquement belge du pop art : aux antipodes des chantres de la culture populaire américaine, il réalisa notamment des sculptures où il intégrait l’un de sujets de fierté nationale de la Belgique : la moule.

Maillot jeune d’Eddy Merckx (1969)

Le 20 juillet 1969, c’est avec plus de 15 minutes d’avance qu’Eddy Merckx gagna le Tour de France, remportant non seulement le classement général, mais aussi trois classements annexes. Pour la Belgique passionnée de cyclisme, ce fut l’occasion d’un délire collectif puisque c’était la première fois depuis trente ans qu’un Belge remportait cette course mythique. C’est grâce à cette victoire, et à un palmarès sans pareil qu’Eddy Merckx est aujourd’hui le héros sportif par excellence et, pour la Belgique, un symbole.

Une histoire de la Belgique en 100 objets, collectif d’auteurs, éditions Racine.

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