À Marseille, l’interdiction de fumer sur les plages fait des vagues

À Marseille, l'interdiction de fumer sur les plages fait des vagues - Getty Images
À Marseille, l'interdiction de fumer sur les plages fait des vagues - Getty Images
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A Marseille, une des seules grandes villes de France à se targuer d’avoir des plages en centre-ville, l’annonce gouvernementale que la cigarette y sera bientôt interdite laisse souvent sceptique, d’autant que la mesure est censée y être en vigueur… depuis 2021.

« Ce que j’en pense c’est qu’ils font tout pour emmerder les gens », peste Simone Torrente en vapotant, bob en jean vissé sur la tête, sur la plage des Catalans, la plus proche du centre-ville.

« Evidemment, il faut faire attention aux mégots, les gens les jettent, il y a des enfants. Mais j’estime qu’interdire non, je suis pas d’accord, les gens fumeront quand même en cachette », insiste la retraitée de 67 ans, « ancienne fumeuse ».

« Est-ce que ça va être respecté… ça reste à voir. On est à Marseille, il y a cet esprit rebelle qui restera toujours », renchérit Barthelemi Ryan, directeur-adjoint dans la restauration âgé de 22 ans, pourtant favorable à l’annonce faite jeudi par la ministre de la Santé Catherine Vautrin d’une généralisation au 1er juillet des espaces sans tabac, notamment aux plages, jardins publics ou encore abords des écoles.

Car dans la deuxième ville de France, le tabac a été interdit dès 2019 par arrêté municipal sur quelques plages à titre d’essai, et la cigarette est théoriquement bannie sur toutes depuis 2021. Difficile pourtant de ne pas y croiser un mégot…

« C’est Noël en juillet », se réjouit Christine Juste, adjointe au maire de Marseille en charge de l’environnement, à propos de l’annonce gouvernementale.

« Ce n’est plus l’arrêté municipal, c’est maintenant une loi » qui fera respecter l’interdiction. « Ce n’est plus uniquement la police municipale, c’est la police nationale et toute autorité qui peut mettre des contraventions », jusqu’à 135 euros en théorie, poursuit l’élue écologiste.

À Marseille, « on n’est pas les meilleurs pour respecter les lois »

Mais « on ne peut pas mener une guerre totale contre le tabac avec cette amende seule, il faut que toutes celles et ceux qui viennent profiter de notre littoral prennent conscience de l’enjeu de santé et de pollution », prévient-elle.

« Les mégots, on en voit partout » se désole Hedy Omrane, chef de cuisine de 52 ans, pour qui « la mer ça reste sacré, un lieu de détente pour les enfants ». Venu prendre le soleil aux Catalans il trouve que l’interdiction « aurait dû être mise en place depuis longtemps », mais doute lui aussi de son respect.

« Marseille c’est différent, dans les bons et les mauvais côtés. Les gens ne s’exécutent pas ».

Lui même fumeur, il s’est mis en peu en retrait, à quelques mètres de la plage.

« Disons qu’on n’est pas les meilleurs pour respecter les lois », euphémise Céline Albinet, cofondatrice de Clean my calanques, association qui a collecté plus de 2.000 mégots lors de son dernier ramassage mensuel sur les plages marseillaises.

« Qui va aller vraiment mettre des contraventions à quelqu’un qui va fumer dans un parc, alors qu’on est en déficit de forces de l’ordre? », s’interroge-t-elle, regrettant « un manque de ressources » pour faire appliquer les arrêtés déjà pris.

L’exemple de la Zone à faibles émissions (ZFE), jamais vraiment appliquée à Marseille avant même la suppression du dispositif la semaine dernière par les députés français, ne plaide effectivement pas en ce sens.

Alexandre Benhamou, directeur de l’association Recyclop qui milite pour la « gestion des zones fumeurs », souligne pour sa part qu’il faudra accompagner l’interdiction. Si « on ne met pas à disposition des espaces pour mettre les mégots au bon endroit » elle ne fera que « déplacer le problème », prévient-il.

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