Balade architecturale à Louvain-la-Neuve : les 10 bâtiments à ne pas rater

Erigée dans les années 70, Louvain-la-Neuve reste une curiosité urbanistique. Avec des tas de choses à voir… On vous en donne un avant-goût, aidé du prolifique guide sur le Brabant wallon signé par la Cellule Architecture francophone. Envie de plus ? Ce sont les Journées du patrimoine wallon ce week-end, avec plein de visites au menu.

Suite au conflits communautaires qui ont ébranlé la Belgique dans les années 60, il a été décidé de scinder l’Université catholique de Louvain et d’ériger la partie francophone à Ottignies, sur le plateau agricole de Lauzelle. Miche Woitrin, alors administrateur de l’institution, était persuadé de l’importance de laisser l’université dans la ville, plutôt que d’en faire un campus isolé. Il a donc à l’époque soutenu l’idée de créer une ville nouvelle. Celle-ci a été imaginée selon les principes modernistes de séparation de flux piétons et automobiles, séparés par une grande dalle. Les premiers bâtiments, réalisés par des architectes locaux regroupés sous le nom groupe UA ont été dessinés, eux, plutôt selon des principes postmodernes, les concepteurs désirant montrer leur désaccord avec certains aspects critiquables du modernisme. L’esprit urbain louvaniste devait persister.

Notre sélection

Aujourd’hui, nombre de bâtiments ont certes vieilli mais en les admirant on perçoit encore l’utopie d’alors et la volonté de créer des édifices communautaires et novateurs en réinterprétant les codes anciens, et notamment l’usage de la brique, de façon nouvelle. Au fil des décennies, Louvain-la-Neuve a grandi et accueilli de nouveaux buildings plus contemporains. Ce qui fait de cette cité toujours piétonne un lieu idéal pour tous les amateurs d’architecture ou de promenades atypiques, ponctuées par une ambiance estudiantine vivifiante.

Par où commencer ? On s’est plongé dans Le guide Architecture moderne et contemporaine 1902-2024 – Louvain-la-Neuve & Brabant wallon pour esquisser une première approche, d’Est en Ouest. Non-exhaustive, cela va sans dire !

1. Le Musée L et la place des sciences

Architectes : A. Jacqmain et Atelier d’architecture de Genval

Voilà l’endroit idéal pour commencer la visite de Louvain-la-Neuve. Car l’ambiance, place des Sciences, plante bien le décor de la ville, et la volonté première des concepteurs de mixer les fonctions et les habitants.

Autour d’un espace public découpé en gradins de béton, investis par toutes sortes de personnes, se dressent des bâtiments rattachés à l’université, une poste, des commerces, de l’horeca… et évidemment le fameux Musée L. Le tout affichant une grande liberté formelle.

Le musée, installé depuis 2017 dans l’ancienne bibliothèque brutaliste des sciences et technologues, est le point d’orgue de cette première halte. Sous sa toiture oblique sculpturale, on retrouve des espaces intérieurs imbriqués faits de mezzanines et escaliers en béton armé, mais aussi un mobilier d’époque signé Jules Wabbes notamment.

Et l’expo ? Elle regroupe des œuvres et pièces authentiques en tous genres, tirées de collections de l’UCL. De quoi s’offrir un voyage à travers le temps, la création et la recherche.

On peut également en profiter pour s’attabler à La Table L, au septième étage de ce musée, qui propose un menu valorisant les artisans locaux et qui en prime, offre une belle vue sur la cité universitaire.

2. La Maison des jeunes chez Zelle

Architecte : V+

Erigé pour un collectif local, ce cube recouvert d’ardoises découpées par des baies aux châssis rouges, abrite diverses fonctions : salle polyvalente pour des spectacles de cirque et concerts, atelier de cuisine, salle de répétition, bureaux…

Le volume gris contraste avec les édifices en briques rouges des alentours. Les finitions intérieures ont été en grande partie faites par les usagers, s’inscrivant dans l’esprit participatif qui règne dans la ville.

3. La Halle universitaire

Architecte : Yves Lepère

Ici aussi on retrouve un mix de fonction avec la gare au sous-sol, la galerie marchande au rez et les bureaux de l’administration et du rectorat aux étages.

Le volume mêle béton et brique avec de larges ouvertures géométriques et des arcades monumentales marquant la présence de ce bâtiment dans la ville. On retrouve ici pas mal de références au maître américain Louis Kahn.

4. L’hébergement Mozaïk

Architecte : FSV2

Nous avons retenu cet hébergement faisant partie du réseau Kaléo, inauguré en 2019, car il reprend le langage formel louvaniste d’origine mais en le réinterprétant de manière plus contemporaine et subtile. Ainsi, le volume occupe toute la zone constructible triangulaire mais la route passe dans le bâtiment, créant un dialogue entre intérieur et extérieur.

Les briques sont collées et un jeu d’appareillage a été mis en place sur les deux premiers niveaux. En haut, des lucarnes en zinc gris clair, à toiture plate, émergent, inscrivant elles aussi le projet dans le XXIe siècle. A l’intérieur, la plupart des matériaux ont été laissé bruts.

5. L’Aula Magna

Architecte : Philippe Samyn & Partners

Ouverte en 2001, cette grande halle parallélépipédique en verre, qui contraste complètement avec son environnement, est devenue l’un des emblèmes de la cité. Le bâtiment s’ouvre sur le lac à l’arrière et sur la ville à l’avant et accueille un centre de congrès et spectacles.

Imaginé par le bureau d’architecture et d’ingénieurie de Philipep Samyn, il offre un bel exemple d’architecture à double peau de façade, ce qui renforce l’isolation acoustique et thermique, tout en permettant à la lumière de pénétrer largement dans les lieux. A l’intérieur, le bois de hêtre a été utilisé pour les aménagement générant, là aussi, une belle opposition avec l’enveloppe vert bleu clair.

6. Le Théâtre Jean Vilar

Architecte : Jean Potvin. Transformation : Ouest Architecture

En bord de dalle, le bâtiment a d’abord été pensé, dans les années 70, pour accueillir un restaurant universitaire… Mais en cours de chantier, son affectation a changé. La salle de spectacles a dès lors été mise au chausse-pied dans un espace non-conçu initialement à cet effet. Durant quarante ans, les gestionnaires se sont ainsi accommodés des contraintes scéniques.

Mais en 2015, un appel à projet pour le lifting de l’institution a été lancé et c’est la proposition de Ouest Architecture qui a remporté les suffrages. L’idée: percer la dalle pour descendre le niveau de scène et ainsi garder en bonne partie la structure existante, tout en gagnant en volume.

Les façades, elles, mettent en scène de façon contemporaine la traditionnelle brique qu’on retrouve partout dans cette ville. Un projet qui vient juste d’être inauguré!

7. Le Musée Hergé

Architecte: Christian de Portzamparc

C’est le starchitecte Christian de Potzamparc qui signe ce bâtiment inspiré de la ligne claire par ses formes et qui abrite l’oeuvre d’Hergé. Le Français voyait dans ce projet « un bateau dans les bois ». Il faut dire que les quatre volumes très contemporains qui le composent contrastent avec le reste de l’architecture de cette ville.

A l’intérieur, les espaces se veulent fluides et s’interpénètrent, un peu à la manière du musée Juif de Daniel Libeskind, à Berlin. La scénographie, elle, ravit tous les Tintinophiles et tire parti de cette architecture déstructurée.

8. Le Couvent des Dominicains

Architectes: AGDA

L’élément marquant de ce projet est sans conteste l’oeuf en polycarbonate qui fait l’angle du bâtiment et abrite la chapelle de ce couvent en activité. Rappelant l’oeuf pascal des chrétiens, il est aussi un phare dans la ville pour faire le lien entre les néo-louvanistes et le couvent. Le volume devient en effet translucide le soir, lorsqu’il est éclairé de l’intérieur. Le reste du building affiche un langage formel plus en phase avec son environnement, fait essentiellement de briques.

Une curiosité à ne pas rater: à l’intérieur de la chapelle, le prêtre et artiste sud-coréen Kim En Joong a imaginé quatre vitraux et une croix tout à fait atypiques.

9. L’Eglise Saint-François d’Assise

Architecte: Jean Cosse

Très sculptural, cet édifice en brique se plie à la déclivité du terrain mais aussi au programme complexe qui nécessitait plusieurs types d’espaces pour les célébrations et autres fonctions religieuses. La salle principale est éclairée grâce à des décrochements de toiture qui apportent une lumière zénithale douce – presque divine.

La tour du clocher, qui se sépare en deux pour accueillir les cloches et la croix, s’élève à 15 mètres de hauteur et est, depuis les années 80, un repère dans la cité estudiantine. D’autant que l’église n’est pas au centre névralgique du campus mais bien dans un quartier résidentiel.

10. La Piscine du Blocry

Ce qu’on remarque d’abord lorsqu’on aborde cette piscine du Blocry – en fait composée de deux bassins -, ce sont ces éléments de structure triangulaires en béton. Ceux-ci apportent une élégance à ce bâtiment en trois volumes disposés le long de la pente et dont les obliques de toitures suivent celle-ci.

Les lieux sont baignés de lumière grâce à de vastes baies vitrées. Ce qui permet aussi à la végétation environnante de pénétrer visuellement à l’intérieur. A termes, le bâtiment devrait néanmoins être réaffecté puisqu’un projet de piscine olympique est en chantier non loin de là.