Et si les industries avaient finalement leur place en ville ?

La brasserie Cantillon à Anderlecht. © BAS BOGAERTS

C’est l’hypothèse défendue par une expo présentée actuellement à Bruxelles. Explication, avec Joachim Declerck, l’un des architectes derrière cette réflexion.

Et si les grandes métropoles qui ont rejeté leurs industries en périphérie, pour les remplacer par des logements, des bureaux et des infrastructures de loisirs, s’étaient finalement fourvoyées ? C’est l’approche proposée dans l’expo organisée par Bozar, à la galerie Ravenstein, fruit du projet de réflexion Atelier Brussels mené par des experts lors de la Biennale d’archi de Rotterdam, au printemps dernier. Joachim Declerck, cofondateur du  » think and do tank  » Architecture Workroom Brussels, est l’un des initiateurs de cette étude. Il nous explique le concept.

Pourquoi avoir monté cette expo ?

Lors des discussions de préparation de la Biennale de Rotterdam, entre décideurs et experts néerlandais, flamands et bruxellois, on s’est rendu compte que Bruxelles profitait en quelque sorte de son retard dans le développement urbain… Contrairement à Londres par exemple, notre capitale n’a pas encore remplacé toutes ses industries par des logements et envoyé toutes les chaînes de production dans des pays où les salaires sont plus bas. On parle toujours du siège des institutions européennes, à Bruxelles, mais pas de nos entreprises qui produisent ici comme les fabricants des sacs Delvaux ou des poignées de porte Vervloet, les brasseries de la Senne… Il y a aussi une belle dynamique autour du canal. Il faut absolument conscientiser le public de cette force qu’a la ville et renforcer ce pôle économique. Sinon, dans cinq ans, tout cela aura disparu comme dans les autres métropoles… et ce sera trop tard.

Concrètement, vous présentez quoi ?

Des maquettes, des photos, une cartographie… Cinq bureaux d’architecture et d’urbanisme, jeunes et plus expérimentés, ont été invités pour travailler avec des services de planification, le bouwmeester bruxellois, des entrepreneurs, investisseurs et experts, pendant un an. Les maquettes montrent le fruit de cette coopération et donnent des clés pour recréer une ville productive et non post-industrielle. L’idée est de basculer vers une économie circulaire : on va récupérer les matériaux usagés et les réinjecter dans les usines… Comme Umicore à Anvers, qui réemploie les éléments électroniques des vieux réfrigérateurs, smartphones, etc. des habitants pour créer autre chose. On montre aussi qu’on peut par exemple, au sein d’un même îlot urbain, faire cohabiter logements et industrie, en gérant bien les flux de camions et de voitures. Les autorités bruxelloises, et le bouwmeester actuel, ont clairement décidé d’emprunter cette voie…

Cela pose tout de même question en matière d’écologie ?

Dans l’imaginaire collectif, une ville industrielle est grise, avec des cheminées qui polluent et des tonnes de nuisances. Mais il faut se rendre compte que le secteur a évolué, notamment avec les nouvelles technologies et a réduit considérablement son impact sur l’environnement. Les citoyens n’ont pas encore tous compris cela… Et c’est aussi le rôle de cette expo.

Par Fanny Bouvry

A good city has industry, galerie Ravenstein, à 1000 Bruxelles. www.bozar.be et www.atelierbrussels.eu Jusqu’au 15 janvier prochain.

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