Visite d’une maison dans le Hainaut où la perception de l’espace prime sur la surface
Cette petite maison cloisonnée est devenue une spacieuse habitation familiale, dans la province du Hainaut. Et ce, sans agrandir son volume ! La recette : une réorganisation minutieuse des fonctions et une réflexion poussée sur la perception des espaces, menée par les propriétaires et l’atelier d’architecture Vortex.
Texte: Anne-Catherine De Bast
De belles façades en pierre de sable, caractéristiques de la région hennuyères. De généreuses vues dégagées sur les environs. Le coup de cœur. Cette maison, c’était sûr, elle était pour eux ! Et tant pis si son organisation intérieure ne correspondait pas à leur mode de vie…
Mais rapidement, le besoin de changement, d’agrandissement s’est fait sentir.
Pour y répondre, le couple de propriétaires a contacté l’atelier d’architecture Vortex. Objectif : la rénover et l’adapter, tout en préservant son cachet. « L’intervention se veut particulièrement discrète, indique Jeremy di Timoteo, l’architecte. Les propriétaires, attachés à l’extérieur du bâtiment, souhaitaient préserver au maximum sa volumétrie et son esthétique. Seuls deux percements témoignent depuis l’extérieur d’une intervention architecturale. »
Une porte d’entrée déplacée. Son ancienne baie élargie et sertie d’un cadre accueillant une banquette. Et à l’arrière, une nouvelle baie pour ouvrir le séjour et la cuisine sur la vue. Les façades et la volumétrie ont bel et bien été conservées, et les vues vers l’extérieur accentuées. Mais l’intérieur, lui, est méconnaissable… L’enveloppe du bâtiment a été entièrement évidée, de manière à optimiser le volume au mieux en réorganisant les espaces.
Les éléments de séparation ont été presque totalement démolis. Le plancher de l’étage, épais et encombrant, a été remplacé par une dalle de béton coulée sur place dont la finition brute apparente joue un rôle prépondérant dans l’ambiance intérieure. En réponse à ces plafonds bruts, du béton lissé couvre le sol.
Tout aussi bruts, les éléments structurels, tels que les poutrelles, ont été travaillés avec soin pour rester visibles et, notamment, libérer les angles vitrés.
Rappelant les façades, un mur intérieur en pierre de sable apparent borde le hall et la cuisine. Puis, au cœur de la maison, serpentant au rez-de-chaussée, un meuble conçu sur-mesure réorganise l’espace et redéfinit les fonctions. Une cloison-mobilier en MDF laqué blanc qui dissimule un local technique, intègre vestiaire, rangements et espace multimédia, et aboutit en meuble de cuisine, combiné avec un plan de travail en pierre reconstituée. Le meuble est parfois habillé de tôle d’acier et ponctué de niches en bois multiplex.
« On aime jouer avec les matériaux bruts, mais surtout quand ils s’inscrivent en contraste avec des matériaux bien léchés et des finitions propres et homogènes, souligne l’architecte. L’idée est de tout gérer, jusqu’au moindre détail, pour que tout cohabite harmonieusement. »
Pour agrandir les zones de nuit et transformer la maison en évitant une extension au volume existant, les architectes ont choisi d’exploiter la hauteur du garage, inutilisée. Ils ont dessiné un nouvelle cage d’escaliers, en tôle d’acier noir, qu’ils ont repositionnée. Quelques marches mènent d’abord à un palier en demi-niveau, qui conduit au volume supérieur du garage. Une suite parentale, composée d’une chambre, d’un dressing et d’une salle de bain y a été aménagée.
Une seconde volée d’escalier plus haut, un petit salon commun a été aménagé sur le palier, en mezzanine. Il est protégé par un filet noir, hamac suspendu au-dessus du vide donnant sur le rez-de-chaussée. Un coin destiné aux enfants, où, ici aussi, un meuble sur-mesure a été imaginé.
Accessible par ses deux côtés, il sépare les deux chambres d’enfants de l’espace commun. Une petite salle d’eau complète le tableau. « La maison est petite, et la hauteur limitée. On a complètement dégagé le volume sous la toiture pour amplifier la sensation d’espace. Cet espace est une respiration, qui évite d’avoir un couloir serré. Aujourd’hui, les propriétaires ne pourraient plus se passer de cet espace. C’est agréable, ouvert. On y est isolé sans l’être. »
Au sol, ici, on trouve du parquet, dans l’idée de donner une ambiance plus chaleureuse aux espaces de nuit. Dans les chambres enfin, un peu de couleurs. Car partout ailleurs, le choix a été fait d’apporter de la chaleur par les matériaux eux-mêmes.
Dans cette petite maison à la volumétrie figée, les architectes ont ainsi aménagé une habitation fonctionnelle, comprenant 3 chambres et deux salles d’eau. Un espace qui démontre que même dans les maisons réduites, une réorganisation des fonctions permet d’améliorer la qualité de vie.
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Vortex en bref
L’atelier d’architecture Vortex conçoit des projets résidentiels et des bâtiments tertiaires. « Mais notre domaine de prédilection, c’est la transformation d’habitation, la transformation lourde, indique Jeremy di Timoteo. C’est en tout cas ce qui nous amuse le plus ! ».
Composé d’un ingénieur architecte, d’un architecte, d’une architecte d’intérieur et d’un designer, le bureau propose un panel complet de services à ceux qui font appel à lui. Une diversité de compétences qui permet de travailler et d’unifier en profondeur toutes les dimensions d’un projet. Vortex mise sur le contemporain, en explorant les nouvelles tendances, techniques et matériaux pour répondre aux demandes, du design d’un objet à la réalisation globale d’un projet.
Cet article a été rédigé en partenariat avec l’Union Wallonne des Architectes. Parmi ses missions, l’UWA vise à accompagner les architectes et à promouvoir l’architecture au sens large. Elle représente 1.800 membres. Avec la Maison Régionale de l’Architecture et de l’Urbanisme (MRAU), elle coorganise le Grand Prix d’Architecture de Wallonie, auquel ce projet était candidat.
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