Benjamin Clementine, chanteur et nouveau visage de Givenchy: « Composer un parfum, c’est aussi chercher l’accord parfait »

© Rudy Waks - vêtements Givenchy
Isabelle Willot

Découvert dans le métro parisien, l’artiste britannique Benjamin Clementine, 34 ans, est capable de jouer à l’oreille n’importe quelle mélodie. Il vient de sortir son troisième album et a fait ses débuts d’acteur dans le film Dune de Denis Villeneuve. Il est aussi le nouveau visage du parfum Gentleman Society signé Givenchy.

Gentleman

Le courage est la plus belle qualité au monde. Je n’appartiens ni à la noblesse ni à une famille royale et pourtant je ressens le besoin constant de progresser en tant qu’être humain car je sais que personne n’est parfait. C’est peut-être cela finalement la définition d’un gentleman aujourd’hui. Etre respectueux et attentif aux autres, des enjeux de notre époque et soucieux de s’améliorer. Avoir la volonté d’aller au-delà des attentes, non pas pour plaire aux autres mais pour soi-même.

Autodidacte

La musique s’est toujours imposée à moi. Je suis autodidacte. J’ai ce que l’on appelle l’oreille absolue: je peux reproduire n’importe quelle mélodie entendue. Quand j’avais 5 ans, j’ai volé un petit piano pour enfant à l’école car il me fascinait. J’ai fini par le rendre, mais cette expérience m’a beaucoup marqué. A 11 ans, j’ai été happé par l’œuvre d’Erik Satie. Lorsque j’ai commencé à jouer du piano, je n’avais pas de plan. Jamais je n’aurais imaginé en faire mon métier. Encore moins devenir le visage d’un marque comme Givenchy.

Ecoute

La notion de «masculinité» a perdu une bonne partie de son sens aujourd’hui. En raison notamment du «politiquement correct». Cependant à mes yeux, la masculinité signifie encore qu’on peut être sûr de soi et de ses capacités tout en faisant de ses vulnérabilités une force. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est sans doute parce que je n’ai jamais dérogé à mes principes. Bien sûr, il faut savoir écouter les autres, mais à la fin de la journée, c’est toi seul qui prends la décision. Et qui en assumes la responsabilité.

Parfum

Tout art requiert avant tout de la patience. Je pense que c’est la meilleure arme dont disposent les créateurs. L’art du parfum est celui qui se rapproche sans doute le plus de la musique. Dans cette dernière, il existe diverses progressions harmoniques et différents styles et techniques de jeu. Il y a aussi les gammes majeures et mineures. A mes yeux on peut faire le parallèle avec la composition d’un parfum dans la mesure où il faut également plusieurs mois d’ajustements pour obtenir l’accord parfait. Les deux processus sont donc assez semblables.

Routine

La répétition du quotidien ne me fait pas peur. Pendant des années, mes journées se ressemblaient: je me levais et je m’installais au piano sans voir le temps passer. Maintenant que j’ai une femme et un enfant, j’apprends à prendre du temps pour eux. A redevenir humain finalement et à avoir une vie sociale. Je passe énormément de temps chez moi et je peux suivre la même routine pendant des jours entiers. Seuls mon travail et mes pensées fluctuent. J’aime démarrer chaque journée en faisant brûler de l’encens et en buvant du thé. Prendre des douches froides quelle que soit la température extérieure aussi, car mon esprit est plus productif lorsque mon corps est en quelque sorte en état de choc.

‘J’imagine le public comme des gens qui me regarderaient jouer par la fenêtre de chez moi.’

Bataille

Le dénuement peut être une forme de luxe. Le fait d’avoir tout quitté pour partir à Paris et d’avoir répété ensuite cette expérience, cela m’a rendu en quelque sorte addict à l’idée de ne rien posséder. Je ne dirais pas que je me mets en danger, ce serait un manque de respect pour les personnes qui sont vraiment dans la détresse. Dans une situation de vulnérabilité vous n’avez que deux choix: abandonner et donc dire adieu à la vie, ou vous battre. Cette adrénaline vous fait prendre conscience de l’importance de l’existence. Et de votre humanité.

« L’art du parfum est celui qui se rapproche sans doute le plus de la musique »

Métro

Sur scène je suis comme chez moi. Longtemps, je jouais pieds nus comme à la maison. J’imagine le public comme des gens qui me regarderaient par la fenêtre, cela me calme. Lorsque je me suis décidé à quitter le foyer familial, je me suis retrouvé à chanter dans le métro de Paris jusqu’à ce que j’aie la chance d’être découvert par un agent et d’enfin enregistrer mon premier album. Ça m’a mis à l’épreuve. C’est comme se tester à vide. Dans un lieu inconnu, dans un pays dont vous ne parlez pas la langue, vous n’avez pas d’autre choix que de vous poser et d’être vous-même.

Amour

On dit que la haine s’apprend, mais l’amour aussi. Ma plus belle ambition, c’est d’aimer. J’ai grandi loin de ma mère, dans un foyer où l’on ne m’a pas appris à dire «je t’aime». J’ai passé l’essentiel de mon adolescence seul, en ayant l’impression d’être rejeté par les jeunes de mon âge. Longtemps, tout ce que je voulais exprimer passait par la musique. Désormais, je suis bien entouré, j’apprends à écouter, à être humble. J’espère que cette nouvelle forme d’amour infusera ce que je crée, touchera le cœur des gens et les inspirera.

www.benjaminclementine.com

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content