Hyperpigmentation: pourquoi le teint zéro défaut est-il devenu la nouvelle obsession beauté
Une personne sur deux assure souffrir de troubles de la pigmentation. L’offre de produits anti taches est en pleine explosion.
Loin d’être un problème anecdotique, l’hyperpigmentation concerne de plus en plus d’individus. Une personne sur deux dans le monde se plaint de taches pigmentaires. Une pathologie qui touche surtout les phototypes les plus foncés, trop longtemps sous-estimés jusqu’ici.
Pas moins de 62% des dermatologues ont déjà été consultés pour de tels troubles. Et d’ici 2040, deux tiers de la population mondiale devrait être touchée. Cette croissance est tirée d’une vaste étude réalisée par La Roche-Posay sur 48.000 personnes réparties dans 34 pays. Elle s’explique en partie par l’augmentation démographique globale mais aussi par l’attention que nous portons à notre peau.
Le constat peut en effet sembler paradoxal: jamais n’avons-nous été mieux informés sur la manière somme toute assez simple de se protéger des troubles pigmentaires les plus courants. A savoir par l’application au quotidien d’un filtre solaire.
La faute aux filtres des réseaux
«Mais ce sont d’autres filtres qui amènent de plus en plus de patients en consultation, pointe le docteur Françoise Guiot, dermatologue. A force d’en utiliser pour se prendre en photo et se voir à l’écran avec une peau magnifique, les gens ont de plus en plus de mal à s’accepter «en vrai». Ils cherchent à tendre au plus près vers cette image qu’ils ont d’eux. Au risque d’oublier qu’une peau parfaite n’existe pas.»
Un coup d’œil aux linéaires des produits cosmétiques suffit pour s’en convaincre: la recherche d’éclat et de teint lumineux – donc sans tache – est devenue l’une de nos préoccupations esthétiques majeures. Autant que les rides et le manque de fermeté.
Gare au soleil
L’apparition des taches indésirables résulte d’une surproduction de mélanine la plupart du temps liée à l’exposition au soleil. Elle est aussi due à des facteurs génétiques, à l’âge, à des phénomènes hormonaux ou à des inflammations cutanées.
‘Les soins dépigmentants doivent être intégrés dans une routine en complément d’une crème hydratante.’
La lumière du soleil est responsable de la production de mélanine : celle-ci agit comme une protection naturelle de la peau. En cas d’exposition excessive, un coup de soleil par exemple, les cellules trop stimulées produisent des dépôts. Ceux-ci restent dans un premier temps restent invisibles mais remontent peu à peu à la surface de la peau.
Les 3 types d’hyperpigmentation
Le lentigo solaire
C’est la forme la plus répandue. 27% des interrogés dans l’enquête de La Roche-Posay disent en souffrir. Aussi appelées «taches de soleil» ou «de vieillesse», elles résultent d’une exposition excessive au soleil. Celle-ci perturbe la production de mélanine. Ces dépôts remontent petit à petit jusqu’à l’épiderme. Cela donne lieu à l’apparition de taches de couleur marron clair à brun. Tous les phototypes sont touchés. Mais surtout les peaux claires (phototypes 1 à 3).
Le mélasma
Il est aussi appelé «masque de grossesse» car il peut affecter les femmes pendant et après celle-ci. Il résulte de bouleversements hormonaux liés à la grossesse mais aussi à la prise de pilule contraceptive ou de certains médicaments. Les femmes ayant une peau foncée (phototypes 3 et 4) ont 9 fois plus de risque d’être impactées. Une exposition au soleil prolongée sans protection suffit à provoquer l’apparition des taches. Il touche 11% des personnes sondées dans l’enquête.
L’hyperpigmentation post-inflammatoire
Aussi dénommée HPI, cette tache apparaît après la formation d’une «blessure cutanée». Celle-ci est la plupart du temps due à l’acné. Mais elle peut aussi provenir des piqûres d’insecte, des brûlures voire même des traitements comme le laser ou la dermabrasion. Les phototypes les plus foncés (4 à 6) sont les plus touchés. Pas moins de 15% des sondés assurent en être victimes.
«Les solutions les plus courantes sont actuellement les médicaments, le laser et les cosmétiques. Ces derniers s’avérent surtout efficaces pour des troubles légers à modérés, précise le dermatologue américain Andrew Alexis, co-auteur de l’étude internationale commanditée par La Roche-Posay. La plupart peuvent être utilisés comme un élément de routine des soins quotidiens de la peau. En revanche, il faut attendre plusieurs semaines voire des mois parfois avant d’espérer obtenir des résultats visibles.»
Trio d’actifs gagnants
De quoi se poser quelques questions légitimes sur leur efficacité réelle… Sur ce point, la dermatologue Françoise Guiot se veut rassurante. «Les cosmétiques contre l’hyperpigmentation s’inspirent de ce que l’on appelle le trio de Kligman. Cette crème est considérée comme un médicament et disponible uniquement sur ordonnance ».
1/6
2/6
3/6
4/6
5/6
6/6
1/6
2/6
3/6
4/6
5/6
6/6
Elle contient trois agents actifs, l’hydroquinone, l’hydrocortisone et l’acide rétinoïque qui agissent en synergie. «Le premier est un agent éclaircissant, poursuit notre experte. Le second offre une action anti-inflammatoire. Il permet à la peau de mieux supporter les traitements administrés. Enfin le dernier accélère le renouvellement cellulaire pour éliminer plus rapidement les cellules hyperpigmentées. Dans les cosmétiques, les actifs choisis sont moins puissants, moins agressifs aussi et surtout mieux tolérés.»
Prudence de rigueur
Si l’on peut espérer un résultat plus rapide grâce au laser, nos deux spécialistes s’accordent pour n’y avoir recours qu’avec la plus grande prudence. «Le laser permet de cibler certaines taches plus tenaces, admet le docteur Andrew Alexis. Les résultats tiennent sur la durée mais c’est un traitement onéreux. Il peut s’accompagner d’effets secondaires tels que des rougeurs, des gonflements et parfois un assombrissement temporaire des zones traitées. Il ne convient pas non plus à toutes les carnations, en particulier les plus foncées.»
Si le lentigo apparaît plutôt à partir de 40 ans, dès l’adolescence des taches liées à des poussées d’acné – ce qu’on appelle hyperpigmentation post-inflammatoire – peuvent s’avérer socialement très handicapantes. Elles nécessitent une prise en charge médicalisée rapide afin de limiter les dégâts.
Mieux vaut prévenir
«Je conseille toujours aux jeunes ou aux adultes qui sont touchés par l’acné de regarder la manière dont les boutons vont cicatriser, précise le docteur Guiot. Si la cicatrice est fort pigmentée, je recommande d’utiliser un traitement au Roaccutane afin d’enrayer la formation de nouveaux boutons. Tout en optant en parallèle pour un traitement local pour travailler sur l’hyperpigmentation déjà installée.»
Dans tous les cas, ces cosmétiques souvent très concentrés ne doivent pas être utilisés à la légère. «Ce n’est pas un hasard si les soins dépigmentants sont souvent des sérums, ajoute Françoise Guiot. Ils doivent être intégrés dans une routine en complément d’une crème qui apportera un supplément d’hydratation. Et calmera l’inflammation. Enfin, n’oubliez jamais que la meilleure arme reste la prévention.»
En appliquant chaque jour, même en hiver, un filtre solaire. Et pourquoi pas, si vous avez la peau très claire, un sérum anti-tache pas trop agressif qui soit capable d’intercepter les excès de mélanine avant que ceux-ci ne s’installent à la surface de la peau.
PACKSHOTS: SDP
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici