Nos favoris de l’été: la fabuleuse histoire du monoï
Le monoï, c’est le parfum de l’été par excellence. La fabrication à Tahiti de cette macération traditionnelle est désormais protégée. Plus de 500 marques de cosmétique l’utilisent dans leurs produits.
L’odeur du monoï aurait-elle le pouvoir magique de nous faire voyager? Son sillage suave suffit à réveiller en nous une abondance de clichés exotiques. Des vahinés couronnées de fleurs blanches aux plages de sable fin bordées de lagons bleu azur, il est intrinsèquement lié aux vacances.
La popularité de cette huile que les Tahitiens utilisent depuis plus de 2000 ans ne s’est jamais démentie. Un coup d’oeil sur TikTok suffit pour s’en convaincre : certains produits comme l’huile nacrée hydratante d’Yves Rocher génèrent à eux seuls des millions de posts. Aujourd’hui, pas moins de 500 marques de cosmétique en on fait un de leurs actifs de choix.
De prétendues propriétés bronzantes
Tout commence dans les années 70… à cause d’un malentendu. Le tourisme se démocratise sur l’archipel polynésien. Notamment grâce à l’installation du Club Med à Bora-Bora. Les vacanciers ramènent en Europe les premières bouteilles d’une huile à laquelle ils prêtent des propriétés bronzantes. Dans les faits, il n’en est rien : tout comme la célèbre et désastreuse graisse à traire dont on se tartine à l’époque, le monoï ne contient aucune protection contre la UV.
En revanche, ses vertus hydratantes et apaisantes sont bien réelles et connues des Polynésiens. C’est donc finalement comme après-soleil ou comme agent préparateur que le monoï se révèlera particulièrement utile. Même si aujourd’hui, de nombreuses marques en ajoutent également à leurs produits solaires à très hauts indices de protection UV.
Le monoï de Tahiti
Pour prétendre à cette appellation, les fleurs de tiaré qui entrent dans sa fabrication doivent être cueillies à la main. Elles doivent être en bouton et utilisées dans les 24 heures après la cueillette. On les infuse alors dans de l’huile de coco raffinée aussi appelée huile de coprah.
Ces noix doivent impérativement avoir été récoltées dans l’aire géographique de la Polynésie française. Les fleurs doivent ensuite macérer pendant au moins dix jours. Pour un litre d’huile il faut compter au minimum dix fleurs de tiaré.
A Tahiti, le monoï a longtemps été utilisé pour les massages, notamment sur les nouveaux-nés. Riche en acides gras et en anti-oxydants, elle s’emploie également pour hydrater et soigner les cheveux. Chaque famille avait sa recette avant que la production ne s’industrialise pour faire face à une demande internationale de plus en plus pressante.
La pression des dupes bas de gamme
L’engouement s’accompagnera hélas de l’arrivée sur le marché de « faux monoï » fabriqué à partir d’huiles minérales et de parfums de synthèse bas de gamme.
Le monoï perd de sa rareté et acquiert même une image bas de gamme, voire même carrément plouc – merci Franck Dubosc et son célèbre « trop de monoï tue le playboy » que l’on retrouve même aujourd’hui sur des tee-shirts à message.
Une AOC bienvenue
En 1992, sous l’impulsion de la première ministre française Edith Cresson, le monoï devient une appellation d’origine contrôlée, une première pour un produit qui ne soit pas alimentaire. Sa fabrication est depuis totalement réglementée.
La réglementation aujourd’hui en vigueur a également permis de faire de la filière monoï l’un des piliers économiques de l’archipel. Exporté à 80% dans plus de 100 pays, il est utilisé aujourd’hui aussi bien par des acteurs plutôt d’entrée de gamme de l’industrie cosmétique comme Corine de Farme ou Yves Rocher – la collection Monoï a fêté ses 35 ans l’an dernier – que dans les tout nouveaux après-solaires de Dior.
Si l’idée de sortir le monoï de la saisonnalité se justifie amplement vu la diversité des usages que l’on peut en faire, encore faut-il que la production puisse suivre. La tiaré pousse aujourd’hui naturellement sur les sols coralliens. Mais le réchauffement climatique couplé à la pression foncière pourraient mettre à mal ce fragile équilibre.
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