Le coronavirus aura-t-il la peau du rouge à lèvres?

.
Aurélie Wehrlin Journaliste

Considéré jusqu’ici par certains comme le reflet inversé des crises économiques mondiales, le port du rouge à lèvres est-il en voie de disparition? Le port du masque généralisé, le télétravail et la diminution des interactions sociales le laissent penser.

Mise au point en 1915 outre Atlantique, le bâton de rouge à lèvres tel qu’on le connait est devenu l’un des produits cosmétiques les plus populaires au monde. Leonard Lauder, fils héritier de la Compagnie Estée Lauder en 1946 voyait en lui un reflet inversé de la vitalité de l’économie générale, concept contenu dans le Lipstick Index, formulé après les attentats de 2001: quand les temps économiques sont durs, les ventes de rouge à lèvres, produit bon marché et très ostentatoire, augmenteraient. Pour le philanthrope, en période de crise, les achats extravagants tels que les sacs à main ou les chaussures de luxe seraient trop chers, ce qui pousserait les femmes à recourir à des excès plus abordables comme le rouge à lèvres pour accéder au chic.

u003cstrongu003eu0022L’index rouge u0026#xE0; lu0026#xE8;vres a u0026#xE9;tu0026#xE9; remplacu0026#xE9; par l’index cru0026#xE8;me hydratanteu0022u003c/strongu003e

Si cette théorie a été à plusieurs occasions remise en cause, elle semble l’être aujourd’hui plus encore. En effet, les ventes de rouge à lèvres seraient les plus en berne en cette période de crise du coronavirus. Le port du masque y étant pour beaucoup. Selon la logique de Lauder, les ventes de rouge à lèvres devraient donc atteindre un pic ces temps-ci, pandémie mondiale oblige. Or ce n’est pas le cas. L’actuel CEO d’Estée Lauder, Fabrizio Freda, a même déclaré à Bloomberg: « L’index rouge à lèvres a été remplacé par l’index crème hydratante ». Selon un rapport du cabinet McKinsey & Company, durant la pandémie de coronavirus que nous traversons, le rouge à lèvres est l’un des produits les plus gravement touchés. McKinsey ajoute que les ventes de la plupart des autres produits de beauté ont en revanche fortement augmenté.

C’est le cas en Belgique, selon nos confères du Standaard, où chez ICI Paris XL, les ventes de rouge à lèvres auraient chuté de 40% au cours des six premiers mois de cette année, tandis que les ventes de produits de soins pour la peau et les cheveux sont, elles, en augmentation.

Jean-François Voets, porte-parole d’ICI Paris XL, est confiant: même si les chiffres récents sont en baisse, il ne croit pas que les femmes vont cesser définitivement de porter du rouge à lèvres. Parce que nous sortons toujours finalement, et que nous faisons des réunions en ligne, pour lesquelles les femmes aiment toujours porter du rouge à lèvres. « Nous voulons toujours avoir l’air bien. De plus, le segment des rouges à lèvres est fort, il suffit de penser aux produits de Kylie Jenner (à qui la vente de sa marque Kylie Cosmetics au groupe Coty a rapporté 600 millions de dollars). Nous pourrions juste trouver une autre façon de l’utiliser avec ce masque ».

Pour savoir comment allier rouge à lèvres et port du masque, le Standaard a ainsi interrogé la maquilleuse Sabine Peeters. « Quand je suis allée au restaurant la semaine dernière, je portais un gloss. Il est moins visible qu’une couleur vive et il provoque moins de taches sur le masque. J’ai aussi mis un masque assez grand pour ne pas qu’il frotte à mes lèvres. Il peut également être utile de porter une version waterproof, car sous ce masque, on transpire ». Et la make-up artist de conclure: « Le rouge à lèvres a toujours eu des hauts et des bas, et il n’a cessé de revenir, durant toutes ces années. C’est logique, ça vous donne du pouvoir et c’est amusant à expérimenter ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content