Delphine Kindermans

Les fêtes, c’est Byzance !

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Les périodes de crise, et les doutes qu’elles engendrent en mettant à mal les modèles connus, sont souvent génératrices de paradoxes. La mode n’échappe pas à la règle.

Les périodes de crise exacerbent les extrêmes et laissent peu de place au tiède, au mitigé, à un certain entre-deux de bon aloi dans lequel on peut facilement se complaire quand tout va bien. La mode, en tant que miroir fugace d’un état d’esprit qui prévaut à une époque donnée, n’échappe pas à la règle. Ainsi, cette saison, les collections sont-elles traversées par deux courants diamétralement opposés. Deux manières d’être chic, en recourant à des moyens antagonistes : austérité et profil bas d’un côté, porté beau et verbe haut de l’autre.

Dans le premier pan de cette garde-robe hivernale schizophrène, des tailleurs stricts, du tweed, de la laine bouillie, des souliers à semelle épaisse, des pièces calquées sur le vestiaire masculin. Et une longueur, en dessous du genou, qui semble une fois de plus donner raison à cette fameuse « théorie de l’ourlet », émise dans les années 20, qui veut que quand les cours de la Bourse chutent, les jupes descendent plus bas. Des marques comme Prada ou Lanvin ont fait de ce revival des sombres années de récession le fil rouge de leurs défilés.

Dans l’autre clan, comme pour conjurer la morosité ambiante, une surabondance d’or et de pierreries, de la soie et de la dentelle noire, de la fourrure et des broderies pour une luxuriance revendiquée chez Fendi, Bottega Veneta ou Roberto Cavalli. Mais ceux qui poussent ce souffle byzantin à son paroxysme, ce sont Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Une fois encore, les deux compères se sont laissé inspirer par la Sicile natale du premier, et plus particulièrement par les célèbres mosaïques de la cathédrale Santa Maria Nuova de Monreale, datant du XIIe siècle. Si leurs robes tuniques frappées de visages d’icônes, leurs tiares et leurs bijoux évoquant des rosaires baroques se prêtent difficilement à un usage quotidien, la période des fêtes est idéale pour s’y essayer. Et tant qu’à faire, avec le make-up ad hoc, puisque ombres à paupières, gloss et vernis cèdent eux aussi à la tentation du doré. Un peu, beaucoup, à la folie… pour, à minuit, être belle à damner tous les saints du paradis.

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