Les secrets d’une peau rayonnante au naturel
Une peau qui respire la santé et rayonne au naturel. Tel est le nouvel idéal de beauté auquel aspirent les femmes de tous âges. L’offre en produits ciblés explose. Avec en toile de fond l’idée de se sentir bien… et de briller en société.
La transparence est dans l’air du temps: un paradigme qui s’applique même à nos produits de beauté, tant sur le fond – on n’a sans doute jamais autant appris à décoder les étiquettes – que sur la forme. Après les années de « contouring » – à savoir l’art de superposer du maquillage jusqu’à redessiner ses propres traits -, l’heure est désormais aux visages qui arborent un teint frais, des joues rosées, presque irisées. Cette mine radieuse synonyme de jeunesse et de bonne santé, les Anglo-Saxons l’appellent le « glow », un terme flou que l’on pourrait traduire par l’éclat, même s’il est depuis quelques années déjà entré dans le vocabulaire courant de toutes les beautystas.
« Si je devais définir le glow d’un point de vue dermatologique, je parlerais d’un teint égal, sans pigmentation, sans rougeurs, énumère le docteur Samira Baharlou, chef de clinique du service dermatologie à l’UZ Brussel. Une peau bien pulpée aussi, saturée en hydratation. La vision qu’en ont la plupart de mes patients relève en revanche plutôt du fantasme: une peau avec des pores quasiment invisibles, lissée comme un filtre Instagram! Ces « babyfaces » que l’on voit sur les réseaux sociaux n’existent pas. Et surtout, il n’y a pas de crème miracle capable de masquer d’un seul coup tous vos défauts. »
Trouver le juste équilibre
Derrière ces peaux dénudées présentées comme belles au naturel se cachent pourtant des rituels de soins complexes qui varient selon l’âge et le type de défauts rencontrés (lire par ailleurs). « Cette nouvelle approche de la beauté s’inscrit dans cette quête de bien-être globale qui caractérise notre époque, pointe Audrey Roulin, directrice du pôle beauté pour le bureau de tendances parisien Nelly Rodi. Un corps sain boosté par une alimentation équilibrée, éventuellement supplémentée, et par la pratique d’une activité physique régulière bien souvent couplée à la méditation est supposé rayonner. Et la peau peut en être le reflet. Un beau grain que l’on ne doit pas couvrir devient une sorte de preuve d’une hygiène de vie globale plutôt bonne ». Derrière cette pseudo-naturalité se cachent en réalité de nouvelles injonctions qui laissent même supposer que tout est une question de volonté. En faisant fi des moyens – ces soins ne sont pas à la portée de tout le monde -, de l’environnement pas toujours maîtrisable et du capital génétique des individus. Dans certaines régions du monde, en Asie en particulier, une peau en bonne santé est même perçue comme un signe de réussite sociale.
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« Dans l’estimation que l’on fera de l’âge de quelqu’un, le glow, décodé par notre cerveau comme un signe de santé, jouera un rôle de modulateur positif, ajoute Virginie Couturaud, directrice de la communication scientifique chez Dior. Au-delà même de paramètres de qualité de peau objectivement mesurables comme la taille des pores, les taches, la fermeté ou les rides, ce que l’on perçoit comme du glow vous fera toujours paraître plus jeune et plus attirant. Tout va se jouer dans le juste équilibre entre brillance et matité qui va permettre au visage de rayonner. Lorsque l’on est jeune, c’est assez simple finalement: une bonne hydratation suffit pour regonfler la peau, lisser les rugosités de surface et de ce fait mieux renvoyer la lumière. Avec le temps, les taches apparaissent, la densité de la peau change, ce qui va modifier les volumes et de ce fait même la perception que l’on aura de l’éclat du teint. »
La prévention d’abord
L’époque, qui n’en est pas à un paradoxe près, plaide aussi pour une beauté plus inclusive, plus tolérante vis-à-vis des « défauts » désormais assumés comme des aléas de la vie, ce qui s’explique aussi par une démultiplication de l’offre, chaque marque proposant finalement sa propre définition du glow. « L’idée pour chacun est de faire de son mieux, de chercher à atteindre son propre glow, de trouver une réponse en rapport avec sa philosophie de vie et sa vision de la beauté, note Audrey Roulin. Les modèles sont plus nombreux qu’avant. On a compris aussi qu’au-delà d’un certain âge, cela ne se jouait de toute façon plus sur les rides, qu’il valait mieux les assumer. »
La notion même de « bonne mine » reste éminemment culturelle voire générationnelle. « Aux personnes qui ont 50 ans et plus, on n’a jamais dit qu’il fallait se protéger quotidiennement du soleil pour lutter contre le vieillissement cutané, souligne Virginie Couturaud. Et les protections solaires n’étaient pas aussi fiables qu’aujourd’hui. Beaucoup de jeunes femmes, en Europe en tout cas, pensent encore qu’une peau dorée est synonyme de glow. Pourtant, avec l’âge, le bronzage sera de plus en plus hétérogène et deviendra l’ennemi du rayonnement. Il devient un piège à lumière et plus un réflecteur. »
Aujourd’hui, les petites imperfections sont presque nécessaires pour que le visage reste naturel.
Samira Baharlou
Ainsi, qui dit glow aujourd’hui, dit d’abord protection solaire et cela dès le plus jeune âge. « Comme les femmes commencent de plus en plus tôt à prendre soin de leur peau, on est davantage dans la prévention que la correction, se réjouit le docteur Baharlou. Moins on a été prudent, plus les corrections seront invasives: il faudra passer par un peeling profond, des produits de comblement ou du laser pour récupérer une certaine unité de teint. Et ce de manière répétitive si l’on veut maintenir l’effet. En ce qui me concerne, je refuse d’implémenter de tels traitements sur une peau qui ne se protège pas. Je ne laisserai pas quelqu’un dépenser des sommes folles d’un côté tout en continuant à détruire sa peau de l’autre. »
L’extrême matité, tant recherchée hier, est aussi passée de mode. Ce qui est finalement une bonne nouvelle pour l’épiderme produisant la quantité raisonnable de sébum nécessaire à la protection de sa barrière cutanée et au maintien naturel d’un bon taux d’hydratation que l’on ne va plus chercher à assécher. « L’usage de brumes et autres eaux de beauté appliquées à la fin de la routine de soin, voire même au-dessus du maquillage, donnera même à la peau cet effet « dewy » comme disent les Anglo-Saxons, qui donne l’illusion qu’elle est comme couverte de rosée, que l’hydratation perle à sa surface, précise Hélène Salat-Baroux, directrice de la formation chez Caudalie. Et d’éviter ainsi le côté carton du fond de teint. » Comme le pointe encore le docteur Baharlou, la logique semble s’être complètement inversée ces dernières années. « Aujourd’hui, le make-up ne doit plus tout couvrir, les petites imperfections sont presque nécessaires pour que le visage reste naturel. On oublie les looks à la Kardashian, les couches de fond de teint et de poudre. Désormais, ce sont plutôt les soins que l’on superpose, avec par-dessus une petite crème teintée légère et un peu d’anticernes là où c’est nécessaire, car le grain de peau doit rester visible. » En beauté comme en mode, l’heure n’est donc plus à la sophistication à outrance. Si l’on prend soin de sa peau, c’est avant tout pour se sentir bien. Et montrer le meilleur de soi, sans forcer le trait.
Christina de Kerpel, 33 ans
Propriétaire de la boutique gantoise Rio Store et de la marque de bijoux Culture Jewelry
Conseil de la make-up artist: « Tout est permis ou presque, même s’il est plus facile de travailler une texture liquide pour la fondre dans le teint. On peut jouer avec le glow sur les paupières, les pommettes, les arêtes du nez. On poudre très légèrement en dessous des yeux si on a des cernes et des rides. »
- Base: Moisture Surge Intense 72H, Clinique. Studio Radiance Face and Body Foundation, M.A.C. Glow Play Blush, M.A.C.
- Highlighter: Master Radiance Base, RMS Beauty.
- Yeux: 5 Couleurs Couture 759, Dior.
- Sourcils: Diorshow Brow Styler, Dior.
- Lèvres: KissKiss Shine Bloom 775, Guerlain.
Kaat Blommaert, 51 ans
Experte beauté spécialisée dans les soins pour la peau et anti-âge, à la tête de son institut, à Grimbergen
Conseil de la make-up artist: « Toujours commencer avec une bonne crème hydratante pour raviver le glow naturel. Préférer les formules liquides ou crèmes qui marquent moins. On opte par contre pour un bronzer en poudre pour apporter un contraste entre le mat et le glow. »
- Base: Prisme Libre Mat-Finish & Enhanced Radiance Loose Powder, Givenchy. Fluid Sheer Glow Enhancer 7, Armani. Le Rose Perfecto Lip Balm 201 utilisé comme blush, Givenchy.
- Highlighter: Born to Glow, NYX.
- Yeux: Phyto-Kohl Star Waterproof Stylo Liner 4 Sparkling Bronze, Sisley.
- Lèvres: Lip Comfort Oil Shimmer 6 Pop Coral, Clarins.
Bernadette Van Schoote, 64 ans
Ex-agent de mode
Conseil de la make-up artist: « Il faut éviter d’alourdir les paupières avec trop de texture. On choisit une poudre légèrement satinée et un crayon waterproof ou longue tenue pour empêcher les traces qui filent. Pour les lèvres, attention aussi à ne pas mettre trop de gloss car cela accentue les rides autour de la bouche. »
Base: Touche Eclat B40, Yves Saint Laurent. Highlighter: Touche Eclat Schimmer Stick Rose 2, Yves Saint Laurent. Bronzer: Phyto-Touche Gel, Sisley. Yeux: Les Beiges Palette Regard Belle Mine Naturelle, Chanel. Crayon gel Tattoo Liner Deep Onyx, Maybelline. Sourcils: Stylo Sourcils Waterproof 810, Chanel. Lèvres: Rouge Coco Flash 164 Flame, Chanel. Corps: Emulsion Exquise à la Rose Noire, Sisley.
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Ce qui entrave le glow varie bien sûr avec l’âge, même si certains facteurs, comme l’apparition de taches ou de pores dilatés par exemple, peuvent survenir à tout moment de la vie. Les conseils qui suivent sont donc modulables. Seule règle en vigueur: » écouter » sa peau et se protéger à tout prix du soleil, un SPF 50+ n’empêchant pas de bronzer.
Jusqu’à 25 ans: j’hydrate avant tout
« Lorsqu’on est jeune, si on a mauvaise mine, c’est souvent par manque de sommeil et parce que l’on a une routine trop sommaire, analyse Hélène Salat-Baroux. C’est le moment de prendre de bonnes habitudes. En hydratant correctement sa peau. En ne zappant jamais le nettoyage, soir et matin. Le bon plan, c’est d’incorporer dans son rituel un peeling pour exfolier la peau, la débarrasser des cellules mortes qui ternissent le teint. » En matière d’hydratation, l’acide hyaluronique reste un allié de choix.
Jusqu’à 45 ans: je lutte contre le stress oxydatif
Les premiers signes de l’âge commencent à s’installer: les ridules, les taches dues à l’exposition solaire ou à la grossesse. La pollution et le stress mettent aussi la peau à rude épreuve. « On ajoutera des antioxydants à sa routine et le choix ne manque pas, explique le docteur Baharlou. La vitamine C est le plus connu. Comme chaque fois qu’on introduit un nouvel actif, on y va progressivement. On augmente en douceur la fréquence d’application et la concentration. » L’exfoliation régulière reste bien sûr nécessaire. De préférence chimique – à base d’acides de fruits ou d’acide salicylique – plutôt que mécanique pour ne pas irriter la peau.
Au-delà de 50 ans: je booste l’énergie cellulaire
La peau s’amincit, les volumes s’affaissent, les cellules tournent au ralenti, les taches s’installent. On recherche un actif capable d’aider la peau à se régénérer. Le rétinol en est un mais il n’est pas toujours bien toléré. Il existe aussi des alternatives naturelles. L’ajout d’un sérum dépigmentant pourra aider à réguler la production de mélanine mais ne fera pas de miracles. Si les dégâts sont importants, des interventions médicales seront sans doute nécessaires. « Certains actifs vont aussi favoriser la microcirculation, insiste Hélène Salat-Baroux. Ce qui redonne du rose aux joues. » Un effet dégrisant qui peut aussi être obtenu par l’ajout de pigments légèrement rosés.
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