Isabelle Willot

Le malheur selon Blaise Pascal, à méditer en période de confinement

Sur l’échelle des souvenirs laborieux de vos apprentissages scolaires, je suis prête à parier gros que Pascal et ses Pensées se taillent une place de choix. Pourtant, l’une des plus célèbres d’entre elles –  » Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre  » – prouve aujourd’hui toute sa pertinence.

Pour le grand moraliste, l’homme se perd dans les  » divertissements « , une notion qui chez lui recouvre même le travail, pour éviter de s’interroger sur le sens de sa vie. Et d’oublier ainsi sa condition mortelle.

Privés de nos principaux moyens de distraction depuis cinq semaines, nous avons cru à l’urgence vitale de nous en trouver d’autres, et vite, pour tenir le coup et transcender l’épreuve. Du cours de zumba virtuel, à l’e-péro entre copains sans oublier les concerts en chambre de stars de la chanson et les tutos pour apprendre soudainement à faire son pain, à coudre son masque, à planter des tomates… le catalogue d’activations que nous proposent chaque jour les médias et les réseaux sociaux nous force à l’auto- dépassement. Comme s’il fallait à tout prix continuer à sur-performer pour mieux nier l’angoisse qui nous étreint.

 » Le propre de ce virus, c’est qu’il nous ramène à la genèse même de la vie, postule le philosophe et psychopédagogue Willy Lahaye (lire l’interview complète). Il nous renvoie à la terre, à son devenir, à la manière dont nous vivons dans ce monde, à notre vulnérabilité.  » Pour se préparer à ressortir un jour, il faudra bien se résoudre à écouter nos peurs pour mieux les accepter, les rationaliser. A prendre ce repos prôné par Blaise. Ou dit plus simplement : à se foutre la paix.

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