Le sport comme thérapie: l’exercice, une bénédiction pour votre bien-être mental
Avec une année aussi mouvementée – ou pas justement – que l’année dernière, porter un peu plus d’attention à la santé de nos cerveaux n’est pas un luxe. Et pour cela, une bonne dose d’exercice pourrait aider. Rencontre avec une psychiatre, spécialiste du sujet et chantre de l’exercice physique comme thérapie pour les troubles psychologiques.
En plus de la crise engendrée par le coronavirus qui nous a frappé par surprise l’année dernière, une autre pandémie fait rage à travers le monde, en silence, et ce depuis des années : il s’agit de celle de la sédentarité. Et toutes les deux apportent des maux (mentaux) dont le sport pourrait être une partie de la solution. En plus de votre organisme, l’exercice maintient votre cerveau en forme et pourrait prévenir, voire guérir, certains troubles psychiatriques.
Par le passé, ce sont surtout les bienfaits physiques du sport qui étaient relevés. Mais de plus en plus d’études scientifiques prouvent que faire de l’exercice en quantité suffisante est au moins aussi important pour votre bien-être mental.
« Faire plus d’exercice est la meilleure intention que l’on puisse avoir », déclare Wiepke Cahn, psychiatre et professeur spécialiste de la santé physique dans les troubles psychiatriques. Elle dirige actuellement la clinique « Body & life » du département de psychiatrie de l’université de médecine d’Utrecht. Ses recherches portent sur la (mauvaise) santé physique dans les troubles psychiatriques. Ces dernières années, elle a mené plusieurs études sur les effets positifs de l’exercice physique sur la santé mentale. « Dans le passé, nous avons surtout constaté les bienfaits physiques du sport, mais de plus en plus d’études scientifiques prouvent qu’un exercice suffisant est au moins aussi important pour votre bien-être mental ». Selon la psychiatre, les deux aspects ne peuvent être considérés séparément. Le lien est évident : si vous vous sentez bien physiquement, cela a aussi un effet positif sur le plan mental et vice versa.
Le sport et l’activité du cerveau
Bien sûr, le sport permet de « se vider la tête », mais il déclenche aussi un phénomène cérébral. En termes simples, pendant l’activité physique, le nombre de neurotransmetteurs de ceux qui nous font nous sentir mieux augmente, explique-t-elle. Parmi eux, les endorphines, qui sont des hormones anti-stress, par exemple, tandis que la dopamine augmente le sentiment de bien-être et aiguise l’attention. La sérotonine, de son côté, est bénéfique sur l’humeur, le contrôle des impulsions et la confiance en soi. Enfin, la neutralisation du cortisol pendant l’exercice, a pour effet de réduire le stress.
La recherche montre également que certaines parties du cerveau peuvent augmenter de volume, parce que davantage de cellules sont produites pendant l’exercice. En outre, l’approvisionnement en sang augmente, ce qui améliore la circulation sanguine ». Ces phénomènes mis bout à bout permettent un meilleur passage des signaux et un meilleur fonctionnement de notre cerveau. Par exemple, on a constaté que lorsque les patients atteints d’Alzheimer font plus d’exercice, de nouvelles connexions cellulaires se créent et que les personnes souffrant de psychose font beaucoup moins de rechutes lorsqu’elles font de l’exercice », explique Wiepke Cahn.
Trouver l’équilibre
En fin de compte, il ne s’agit que d’une chose: être bien, être heureux. Si la société et les contacts sociaux contribuent à accéder à ce bonheur, le sport peut aussi y contribuer. On observe, par exemple, que les personnes qui ont une dépendance ou qui luttent contre elle, voient le sport comme un moyen précieux de remplir leur journée et, en même temps, un moyen de sortir de leur isolement. Le sport en tant que thérapie ne présente-t-il pas de risques? Bien sûr qu’il y en a. Le sport peut causer des blessures ou de l’épuisement. Il s’agit de s’y mettre progressivement, sous surveillance si nécessaire, et d’augmenter petit à petit. « Écoutez votre corps pour trouver le bon équilibre. Un conseil qui peut en fait s’appliquer à tout dans la vie. »
Sophie Lodewijks
Jo, 38 ans. En télétravail depuis mars 2020
« Je me suis mise à courir pendant le confinement. Il faut dire qu’avant lui, je courais tout le temps, mais d’une autre manière : je filais au travail à vélo, revenais en fin de journée, attrapais les enfants à l’école, rentrais pour le fameux tunnel (diner, bain, lecture, dodo), et ce 5 jours par semaine. Avec le confinement, ça en a été fini des 25 km à vélo quotidiennement, et j’ai vite senti que quelquechose me manquait.
C’est ma séance d’isolement dehors.
Une décharge de bien-être. Alors désormais, je me ménage quelques plages de 45 minutes chaque semaine, je perds en quête de podcasts passionnants, et je file courir. Je m’exfiltre de ma tanière où je passe désormais le plus clair de mon temps. C’est ma séance d’isolement dehors. Le résultat est sans appel : je reviens apaisée, le rose aux joues, les membres déliés, la tête à la fois vide, de par l’exercice, et pleine de ceux que j’ai écouté quelques dizaines de minutes. Certaines sessions sont de véritables états de grâce, mélant jubilation intellectuelle et exercice physique soutenu. Je ne suis pas une runneuse de compèt’, je n’ai pas d’appli. Je ne cherche jamais la performance. De peur de me dégoûter ou de me blesser. Je suis une amatrice qui se délecte. Et ça me va très bien. »
Catherine, 39 ans, mariée et mère de deux jeunes enfants
Le sport est un moyen de me défouler et de relâcher la pression. C’est un besoin quotidien pour moi d’aller marcher, courir, faire une balade à vélo dans la campagne ou de disputer un match de tennis, et cela, encore plus depuis que la pandémie me force au télétravail très sédentaire et porte un coup à ma liberté de mouvement. Je ressens un besoin urgent de libérer les endorphines et de bouger, au maximum selon mon emploi du temps. Je fais du sport de préférence seule. C’est ma petite bulle de décompression rien qu’à moi, qui me permet de recharger mes batteries pour affronter les tâches quotidiennes avec les enfants.
Quand je suis « en manque », je peux être de très mauvaise humeur.
Quelle sérénité retrouvée et quel plaisir quand ces hormones du bonheur se répandent en moi après quelques minutes de sport intense ou plus doux, comme du yoga. Elles fonctionnent tel un véritable antidépresseur naturel, une véritable drogue! Car quand je suis « en manque », je peux être de très mauvaise humeur. D’autant plus depuis que mes hormones me jouent des tours et que je souffre d’un syndrome prémenstruel assez inconfortable à vivre pour moi, comme pour mon entourage. Pour tous ces bienfaits, je le dis haut et fort « Vive le sport » !
Andrea, 42 ans, deux jeunes enfants, en couple. En télétravail depuis mars 2020.
« Quand mon cours de danse classique a de nouveau fermé, au début de ce deuxième confinement, j’étais catastrophée. On m’enlevait non seulement mon activité physique de la semaine, mais aussi un moment rien qu’à moi, en dehors du foyer, du boulot et de mon cercle d’amis habituels. J’avais acheté, juste avant le premier confinement, des baskets pour courir qui n’avaient pas quitté leur sac d’achat. Un matin, je me suis dit que, cette fois, c’était le moment de les sortir, sinon j’allais déprimer sévèrement. Et voilà deux mois que je cours. Je n’ai jamais été fan de la course à pied pourtant.
Je ne pense à rien et à tout en même temps. Il y a toujours un moment dans la course où je me sens presque euphorique. Je trouve tout beau, je me sens bien, tout me réjouit. Un vrai shoot d’ecstasy !
Je ne sais pas si c’est lié au confinement ou pas mais, cette fois, j’ai senti que c’était différent. J’avais besoin de me défouler et de sentir mon corps que je commençais à trouver trop sédentaire, se tassant sur une chaise toute la journée, et surtout, peu aéré. Ce n’était pas que d’exercice physique dont j’avais besoin, mais aussi de sortir. Je suis devenue accro à mes sessions de course qui m’emmènent dans des quartiers de la ville que je me délecte à découvrir. J’écoute des podcasts, mais parfois, je décroche complètement et je réalise que je suis dans une espèce d’état méditatif. Je ne pense à rien et à tout en même temps. Il y a toujours un moment dans la course où je me sens presque euphorique. Je trouve tout beau, je me sens bien, tout me réjouit. Un vrai shoot d’ecstasy ! J’ai presque l’impression d’être une super-héros qui peut bondir d’une rue à une autre (rires). C’est assez grisant. Quand je me mets au travail après une course, j’ai l’esprit clair, je respire mieux, je me sens détendue et plus concentrée. Je commence à avoir un peu mal aux genoux, j’espère vraiment que ça ne m’empêchera pas de continuer mais, en attendant, je songe déjà à faire un peu de vélo… Une super-héros en vélo, c’est pas mal non plus, n’est-ce pas?
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