Substances interdites dans 23 produits cosmétiques: comment s’y retrouver?

© istock

L’association des consommateurs français UFC-Que Choisir met à nouveau en garde contre plus de 1 000 produits cosmétiques aux « composantes indésirables ». L’association pointe aussi du doigt 23 produits incorporant dans leurs formules des substances « rigoureusement interdites » mais qui sont malgré tout disponibles sur le marché.

La composition de nos produits de soin est souvent bien opaque: méthylisothiazolinone, phénoxyéthanol, isobutylparaben, mitosyl, cyclopentasiloxane, ethylhexyl , BHA, sodium lauryl sulfate, ammonium lauryl sulfate,…Tous ces termes scientifiques un peu barbares des composantes présentes dans la plupart des cosmétiques informent sur leur qualité d’agents lavants, antioxydants, conservateurs, protecteurs solaires, antibactériens ou encore, colorants.

Pas toujours évident de s’y retrouver dans ce charabia. D’autant plus quand la liste des ingrédients pour un produit donné en comporte parfois plus de 50. Pourtant, la vigilance est de mise car nombre de ces produits présentent des propriétés de perturbation endocrinienne, responsable entre autres, comme démontré par une récente étude, de puberté précoce. C’est le cas, entre autres, des parabènes. Il est ainsi déjà prouvé que les perturbateurs endocriniens peuvent être responsables de cas de malformations génitales, de cancers, ou encore de maladies cardiaques. Les perturbateurs endocriniens sont particulièrement à bannir pour certaines populations, telles que les femmes enceintes, les bébés et les adolescents.

D’autres substances peuvent être irritantes, allergisantes, voire même être classées cancérogènes, comme l’hydroxyanisole butylé, antioxydant plus connu sous le nom de BHA, qui est à la fois toxique pour la reproduction et perturbateur endocrinien. Heureusement, il se fait de nos jours plus rare dans les produits cosmétiques.

L’association UFC-Que Choisir publie cette semaine une liste actualisée de plus d’un millier de produits cosmétiques – gels douche, dentifrices, shampooings, déodorants, crèmes hydratantes, laits corporels ou produits antirides, soins solaires… – dont il faut se méfier à cause de leur « substances indésirables ». Lors d’un précédent pointage en février, un an après avoir initié sa liste, l’UFC-Que Choisir avait appelé les consommateurs à alimenter eux-mêmes sa base de données, qui épinglait alors 400 produits.

23 produits « hors la loi »

L’association annonce, en outre, avoir repéré 23 produits mis en vente qui incorporent dans leurs formules des substances « rigoureusement interdites ». L’association réclame le « retrait immédiat » de ces produits « hors la loi », selon elle. L’un des produits incriminés, un fond de teint sous forme de poudre minérale, contient par exemple de l’isobutylparaben, « un perturbateur endocrinien avéré, pourtant interdit depuis plus de 2 ans » dans l’Union européenne, s’indigne l’UFC qui identifie désormais douze composés « préoccupants » (perturbateurs endocriniens, allergisants, irritants, etc.), contre onze précédemment.

L’association met également en garde contre les produits « non rincés » ainsi que ceux dont le temps de pose est plus long, qui contiennent pour leur part du méthylisothiazolinone (MIT), ou du méthylchloroisothiazolinone (MCIT), interdits depuis juillet 2016. « Le cas est particulièrement fréquent dans les produits destinés aux cheveux frisés ou crépus « , note l’organisme. Ces produits sont vendus en magasins spécialisés, mais aussi en (para)pharmacie, ou encore dans les grandes surfaces.

Pour l’UFC-Que choisir , il faut aussi particulièrement se méfier des « cocktails détonants » retrouvés dans plusieurs produits, qui cumulent plusieurs perturbateurs endocriniens. «  Enfants, ados et femmes enceintes doivent les fuir« , recommande l’organisme.

Les produits à destination des tout-petits ne sont pas en reste non plus. Ainsi, le Mitosyl, qui est utilisée chez les nourrissons pour soigner l’érythème fessier contient un perturbateur endocrinien « parmi les plus préoccupants », note l’organisme. « D’après la Haute Autorité de santé, l’utilisation de Mitosyl expose notamment à un risque d’eczéma dû à la présence conjointe de BHA et de lanoline« , souligne-t-il.

Et attention car les étiquettes peuvent souvent se montrer trompeuses. Certains produits contenant des allergènes affichent des mentions « extra-doux », « apaisant » ou « hypoallergénique » déplore l’association. Elle déclarait déjà en février que même si les mentions « hypoallergéniques » ou « sans paraben » étaient sur l’emballage, on trouvait encore du phénoxyéthanol, un conservateur toxique pour le foie, dans certains produits très populaires pour nourrissons et bébés.

Une liste de produits sûrs

Prenant le contre-pied de cette annonce pour le moins inquiétante, le magazine « 60 millions de consommateurs » a décidé de dévoiler dans un hors-série à paraitre cet été une « liste positive » de 150 produits cosmétiques (crèmes hydratantes, crèmes solaires, gels douche, dentifrices, déodorants et shampoings) dits « sûrs ». (*)

Le magazine délivre dans la foulée de nombreux conseils pour bien analyser les étiquettes. Il rappelle notamment que les ingrédients doivent figurer par ordre décroissant de présence si leur concentration dans le produit égale ou dépasse 1 %. En outre, un nom en latin désigne un ingrédient issu de plantes qui n’a pas subi de transformation, tandis qu’un nom en anglais signifie une substance naturelle transformée chimiquement.

« 60 millions de consommateurs » recommande aussi de ne pas mettre dans le même panier les ingrédients indésirables ou inutiles et ceux qui sont véritablement toxiques. C’est le cas notamment du sodium laureth sulfate, un tensio-actif très courant, « particulièrement décrié, presque diabolisé » alors qu’il ne « pose pas véritablement de problème dans les produits rincés, à l’exception des shampoings ». « Si on diabolise trop certains produits à tort, on pousse les industriels à chercher des ingrédients de substitution, au risque que ça soit pire », alerte le magazine.

Avec comme conséquence que les fabricants essaient alors de proposer des produits s’affichant « sans parabènes », mais qui sont remplacés par du BHA, suspecté d’être cancérogène et également perturbateur endocrinien, ou par du methylisothiazolinone, un allergisant.

UFC-Que Choisir n’a pas l’intention, de son côté, de publier une « liste positive de produits cosmétiques » ne comprenant pas d’ingrédients indésirables et en explique les raisons sur son site.

Face à cette levée de bouclier, certains labels beauté ont déjà pris le pli d’annoncer sur leur emballage la modification récente de leur formule exempte des substances incriminées. Suite à l’enquête de « 60 millions de consommateurs », des marques désirent aussi se défendre. C’est le cas, par exemple, de Nuxe qui a fait paraître un communiqué pour rétablir la vérité sur son « Huile Prodigieuse », incriminée dans l’étude du magazine de consommateurs.

Pas encore de définition des perturbateurs endocriniens

L’association UFC-Que Choisir exhorte la Commission européenne à « publier enfin une définition ambitieuse des perturbateurs endocriniens », en incluant également les ingrédients qui sont suspectés d’en être.

Le débat sur les perturbateurs endocriniens fait actuellement rage au sein de l’UE. En décembre 2013, la Commission européenne était censée se prononcer sur les critères de définition des PE dans le but de les réglementer et de limiter leur impact sur la santé. Mais à cause des pressions, exercées de différentes manières par le lobby de la chimie, la Commission a reporté la définition des critères.

La Commission européenne avait proposé il y a un an des critères de définition, plus de deux ans après la date promise, suggérant qu’un perturbateur endocrinien soit défini comme une substance qui a des effets indésirables sur la santé humaine et qui agit sur le système hormonal, avec un lien prouvé entre les deux.

Fin 2016, la France et la Suède se sont opposées à la définition proposée par la Commission, vue comme « un recul dans l’action de l’Union de protection de la santé de nos concitoyens et notre environnement ».

Pas plus tard que la semaine dernière, l’Union européenne a tenté, une nouvelle fois de s’accorder sur une définition des perturbateurs endocriniens.Les vingt-huit pays n’ont à nouveau pas réussi à se mettre d’accord, et par conséquent, la décision a été une nouvelle fois reportée.

Pour permettre au consommateur de s’informer au mieux sur ces différents produits et de faire des choix judicieux, l’UFC-Que choisir a mis en ligne un Comparatif des substances toxiques dans les cosmétiques. A consulter également sur le site de l’association Les fiches des molécules toxiques à éviter et une carte repère téléchargeable et imprimable, qui permet au consommateur de repérer ces substances au moment de l’achat.

Rappel :L’UFC-Que Choisir est la première association de consommateurs de France, indépendante de l’état, des syndicats, des producteurs et des distributeurs depuis 1951.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content