Test: Les soins anti-âge des marques cosmétiques de luxe valent-ils leur prix?

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Isabelle Willot

Offrir le meilleur de la recherche anti-âge, c’est ce que proposent ces soins premium de la cosmétique de luxe. Ces traitements hautement concentrés en actifs exclusifs promettent une peau plus jeune, ferme et éclatante en quatre semaines chrono. Un investissement qui varie entre 890 et 2.520 euros. Décryptage et tests.

Il y a des jours comme ça, où le miroir peut se montrer implacable. Cette année, en particulier, notre peau a pris cher, au point même qu’il existe une expression pour décrire les méfaits du confinement, ce que le quotidien The Times appelle une « covid face ». Se faisant l’écho d’une étude commanditée par un spécialiste local de médecine esthétique, le très sérieux journal britannique rapporte ainsi que plus d’un tiers des interrogés estiment avoir pris un sacré coup de vieux ces derniers mois, les effets se marquant en particulier autour des yeux. Une impression qui serait même partagée par près de la moitié des 25-34 ans. Certes, personne n’a attendu la crise sanitaire pour avoir « mauvaise mine » et ce, quel que soit le degré de sophistication de sa routine beauté quotidienne. L’intérêt pour les soins visage est en forte croissance depuis plusieurs années déjà et avec lui les exigences des consommateurs toujours plus avertis et prêts à investir sur le long terme dans la jeunesse de leur peau.

En matière d’anti-âge, les produits premium représentent pas loin de 10% de l’offre en parfumerie sélective. Leurs formules, souvent complexes, cultivent le mystère en s’appuyant sur des ingrédients d’exception et des brevets uniques permettant de justifier des prix au litre pouvant atteindre jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Quelques acteurs de l’extrême luxe proposent même des cures encore plus exclusives destinées à offrir à la peau pendant quatre semaines – typiquement le temps d’un renouvellement cellulaire – un véritable coup de fouet. C’est notamment le cas de Sisley, qui vient de lancer un programme de ce type dans sa gamme Sisleÿa. « Nos client(e)s sont de plus en plus en demande de conseils personnalisés haut de gamme, détaille Martin Bizouard, Directeur Général Belux de la marque. Même à l’heure du digital, où tout va vite, ils ont envie de prendre soin d’eux, de s’offrir des produits qui correspondent à leurs besoins. La période que nous venons de traverser n’a fait qu’accélérer cette tendance. Sortir cette cure maintenant nous semblait approprié. Nous en sommes fiers tant en termes de résultats que de sensorialité. Son prix est certes élevé mais il n’est pas fixé pour renvoyer une image ou se positionner par rapport à la concurrence. Ce qui importe, c’est qu’il reflète notre expertise en matière de recherche fondamentale et de qualité d’actifs. Que nous soyons certains que celui ou celle qui l’achète sera satisfait de son investissement. »

Test: Les soins anti-âge des marques cosmétiques de luxe valent-ils leur prix?
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Quand se l’offrir?

Les montants, il est vrai, ne sont pas anodins: 890 euros les 40 ml pour Sisley, 1.110 euros les 42 ml pour Valmont et jusqu’à 2 520 euros les 90 ml pour L’Or de Vie de Dior, une cure millésimée limitée à 4.000 exemplaires – tous achetés en précommande avant même d’arriver en magasin – formulée autour de marc de raisins provenant du domaine d’Yquem. Un coût dont découle le fait que ces soins ne soient pas conçus pour une application en continu, même si rien non plus dans leur formulation ne l’interdit formellement. « C’est un produit complémentaire d’une routine anti-âge classique, plaide José Ginestar, directeur de la recherche scientifique chez Sisley. Lorsque l’on veut offrir à sa peau un boost d’énergie, à la sortie de l’été comme de l’hiver ou lorsque l’on n’aime plus ce que l’on perçoit dans son miroir. » Faut-il y voir aussi une manière de bousculer les habitudes de la peau qui, entend-on parfois, aurait tendance à s’endormir sur ses acquis? Edouard Mauvais-Jarvis, directeur de la communication scientifique chez Parfums Christian Dior, est loin d’être convaincu que la peau s’habitue au produit qu’on lui applique. « Je crois au contraire qu’il vaut mieux garder une routine relativement stable pour espérer de bons résultats, plaide-t-il. Mais l’on peut ressentir, de temps en temps, le besoin d’aller plus loin. Nos cures sont d’abord pensées pour les personnes qui utilisent déjà nos gammes mais ont envie de passer à une version plus puissante de leur soin. Au lieu de se contenter d’une amélioration en pente douce, elles veulent accélérer le processus et stabiliser cette avancée ensuite. »

Même le packaging fait partie de l’expérience. A la place d’un flacon pompe unique, des contenants jalons rythment la progression et favorisent une certaine fidélité au rituel. « Ils permettent aussi de garantir la stabilité des actifs présents dans des concentrations plus importantes que dans des soins classiques, poursuit Edouard Mauvais-Jarvis. Dans le cas de la cure Prestige, les formules diffèrent également d’une semaine à l’autre. » Ce choix également posé par Guerlain attise aussi la curiosité de l’utilisateur tant vis-à-vis des sensations ressenties lors de l’application que des résultats à attendre à chaque palier. « Psychologiquement, chaque fois que l’on ouvre une petite fiole, c’est un peu comme cocher une sorte de « check list » qui permet de visualiser la progression, comme lors d’un challenge, renchérit Lisa Mammeri, directrice de la communication scientifique chez Valmont, qui a opté pour un séquençage en 14 petits tubes. De plus, nos client(e)s sont souvent en voyage, ces formats nomades garantissent aussi l’observance de ce programme qui réunit, dans un soin unique contenant 26% de principes actifs, toute l’expertise de formulation de nos grandes familles de rituels. »

Nombreuses sont les femmes qui s’offrent également une cure en préparation d’un événement exceptionnel, un mariage par exemple. Il n’est pas rare non plus qu’elles aient recours à la médecine esthétique. « Il n’est pas nécessaire de choisir entre l’un ou l’autre, poursuit Lisa Mammeri. Nos clientes veulent le meilleur et en ont les moyens, ce sont de vraies cosmetic addicts. Tout est question de finalité: que l’on veuille moins de rides, un teint éclatant, une peau plus ferme, ce n’est pas un passage one shot chez le médecin qui peut vous la garantir. Il y a l’acte chirurgical, plus tout ce qui l’entoure. » Quelles que soient les prouesses scientifiques invoquées, toutes les cures suggèrent d’accompagner l’application de massages précis imaginés dans les spas signature de chacune des marques. Des gestes capables de doper l’efficacité du produit. A condition d’être régulier. Pour le grand bonheur d’une peau choyée.

Testé: La Cure Sisleÿa, Sisley

Isabelle Willot (52 ans) est à l’affût depuis plus de trente ans de tout ce qui agite l’univers des cosmétiques. A une préférence pour les soins à base d’ingrédients d’origine naturelle, mais n’a rien contre une molécule chimique qui fait le job.

La Cure Sisleÿa, Sisley, 890 euros les 4 x 10 ml.
La Cure Sisleÿa, Sisley, 890 euros les 4 x 10 ml.© SDP

La promesse. Avec l’âge ou lors de « moments de vie » difficiles, les cellules de la peau peuvent manquer d’énergie. Ce soin, qui s’appuie sur les travaux d’un Prix Nobel de médecine (2016), promet de relancer les mécanismes de régénération de la peau, avec, à la clé, moins de rides, plus de densité, d’élasticité et d’éclat.

Le bilan. La cure se présente dans une boîte coffret dont les « portes » s’ouvrent sur quatre fioles en verre d’un blanc crémeux cerclées d’un anneau d’or. Fraîche et laiteuse, la formule, identique pendant les quatre semaines, s’avère plus riche qu’elle n’en a l’air au contact de la peau, ce qui rend le massage, conseillé par le petit fascicule qui accompagne les produits, très agréable. Elle s’applique matin et soir – 8 pressions par utilisation – mais en dépit de cela, il m’en est resté près d’un flacon entier à la fin des 28 jours de test. Le confort est bien supérieur à celui d’un sérum classique, si bien que certains jours, je ne ressens pas le besoin d’appliquer une crème par-dessus. Dès les premiers jours, je sens que « ça travaille » car ma peau picote même légèrement, mais comme souvent lorsque j’entame une nouvelle routine. Au bout de 8 jours, je trouve en tout cas mon teint visiblement plus éclatant. Une impression confirmée par ma fille de 17 ans, d’ordinaire plutôt cash, qui constate comme moi que mes taches pigmentaires dues à des années d’exposition mal protégée au soleil se sont manifestement estompées. Après deux semaines, le grain de peau s’est resserré, elle est de plus en plus douce au toucher. Je guette avec impatience le regain promis de fermeté et si je le sens en surface, il est moins patent sur les joues et sous la mâchoire où la gravité, hélas, a marqué des points. En revanche, mes cernes sont aussi moins marqués.

La conclusion. Ma peau est plus lumineuse et plus uniforme qu’avant le début de la cure. Se lever le matin avec une mine éclatante fait vraiment du bien en ce moment. Petit bémol: le suremballage associé à l’idée que l’on se fait encore du luxe et qui pourrait être moins théâtral, sans rien ôter à la magie du produit.

Testé: Le Time Master Intensive Program, Valmont

Ilse Ceulemans (52 ans) suit de près les dernières tendances beauté et partage ses coups de coeur: crème de jour et de nuit, soin contour des yeux, sérum…

Time Master Intensive Program, Valmont, 1 110 euros les 14 x 3 ml.
Time Master Intensive Program, Valmont, 1 110 euros les 14 x 3 ml.© SDP

La promesse. Un traitement anti-âge intensif qui réduit l’apparence des rides de 30%. Cet élixir de jeunesse hydrate, tonifie, raffermit et stimule l’éclat grâce à ses cinq ingrédients actifs. Valmont présage un visage visiblement rajeuni en 28 jours.

Le bilan. La cure comprend 14 mini-flacons emballés dans un écrin turquoise et doré. Entre le sérum et le fluide, ce produit est agréable au toucher et facile à appliquer grâce à sa texture délicate. Il sent le frais et pénètre rapidement. Et cela n’est pas sans importance puisqu’il s’applique en deux couches. Idéal en période de télétravail: une couche avant et une couche après le premier café du matin. Après l’application – lit-on – vous pouvez booster l’efficacité du soin en tapotant et en massant légèrement votre visage. Passez ensuite à votre crème de jour ou de nuit. Après quelques applications déjà, je constate que ma peau est mieux hydratée et semble plus saine. Le produit a aussi un effet bénéfique sur une cicatrice récente, qui guérit remarquablement vite. Après deux semaines, ma peau est beaucoup plus souple. Après trois semaines, je vois mes rides s’estomper et mes taches pigmentaires s’atténuer. La cure tient ses promesses puisque mon grain de peau s’est affiné. Je le remarque surtout autour de mes yeux et de ma bouche. Mais ce qui me frappe le plus, c’est la couleur de ma peau: la grisaille a disparu, laissant place à un teint éclatant, comme au retour d’une semaine au ski. Au bout d’un mois, mes rides devraient être 30% moins profondes. Je n’ai pas sorti de règle, mais ma peau est plus lisse et plus éclatante. Et ce superbe glow n’a pas de prix!

La conclusion. Ne vous attendez pas aux mêmes effets qu’un lifting; mais bien à une amélioration visible de la qualité de votre peau.

Testé: La Cure Orchidée Impériale Black, Guerlain

Ellen De Wolf (36 ans) n’a pas de routine beauté régulière. Elle nettoie sa peau avec une eau micellaire et applique une crème de jour quand elle y pense.

La Cure Orchidée Impériale Black, Guerlain, 1 250 euros les 4 x 15 ml.
La Cure Orchidée Impériale Black, Guerlain, 1 250 euros les 4 x 15 ml.© SDP

La promesse. Protéger, lisser et régénérer la peau. L’orchidée noire, originaire des Andes péruviennes, est l’ingrédient phare de cette cure. Cette plante ne fleurit que trois semaines par an et possède des fleurs mâles et femelles. Cela lui permet de mieux s’adapter à son environnement et de maximiser sa survie.

Le bilan. Quatre semaines: c’est le temps nécessaire aux cellules de l’épiderme pour se régénérer. C’est aussi la durée de ce traitement. Il se compose de quatre flacons – un par semaine – aux formules et aux effets propres: de l’élimination des cellules mortes en semaine 1 à l’obtention d’une peau souple et nourrie en semaine 4. L’utilisation de La Cure est simple: sur un visage propre, appliquez le produit une fois par jour. Les soins ont une odeur délicieuse, sont doux au toucher et pénètrent rapidement. Même pour quelqu’un comme moi, qui a peu de temps et d’expérience, cette routine est facile à adopter. Chaque phase du traitement s’accompagne d’un rituel – sorte de yoga du visage – qui demande un peu de patience. Parallèlement à la cure, il est recommandé d’utiliser la crème Orchidée Impériale Black. Mais le prix du produit en freine malheureusement plus d’une. De mon côté, j’ai opté pour la crème Super Aqua Emulsion (que j’utilisais déjà). Après une semaine, j’ai commencé à voir des effets bénéfiques sur ma peau, et après deux semaines, mes colocataires les remarquaient aussi. La différence est subtile, mais visible.

La conclusion. Ma peau est plus douce, plus rayonnante et plus lisse. Je comprends enfin ce qu’on entend par « éclat ». Les ridules sur mon front et autour de ma bouche semblent, par contre, inchangées.

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