Bucarest à pied

© M.M.

Nous sommes samedi matin, je n’ai pas envie de me presser. Bucarest va me servir de « sas », un lent retour vers Bruxelles et le quotidien mais en attendant, je compte en profiter pleinement et je suis impatiente de voir comment Bucarest a changé!

Encore mal réveillée, je déguste mes toasts sur la terrasse du bar de l’hôtel. Encore une fois, il fait beau… Deux semaines que je suis à ce régime et l’été pourri d’Europe occidentale n’est plus qu’une arrière-pensée. En attendant que la première tasse de café fasse son effet, je vais m’en servir une deuxième. J’emporte un sac léger, mon appareil-photo, mon smartphone pour me guider et je m’engouffre dans le métro, direction: Aviatorilor.

Puisque je n’ai qu’une journée entière pour essayer d’en voir le plus possible, j’ai décidé de faire la longue marche qui commence au Parc Herastrau pour terminer à Piata Unirii. Bucarest est une ville de parcs, elle le sait et la municipalité a beaucoup investi dans leur réfection. Herastrau est sans doute le plus populaire. Dans les promenades ombragées par des rangées d’arbres, des cyclistes sont en vadrouille, des jeunes parents poussent des landaus, de vieux couples promènent leur chien dans les jardins fleuris, dans une clairière, un groupe de courageux en sont au stade du stretching après une séance de gym en plein air et aux bords du lac, des kiosques ouvrent… la location de barques va bientôt commencer. La quiétude et un petit goût de bonheur si ce n’était qu’à travers les arbres, on y aperçoit un souvenir d’une époque sombre: la Maison de la Presse libre. Le bâtiment le plus impressionnant après le Palais du Parlement, cet exemple du plus beau style communiste ferme le côté nord de la Capitale.

Qu’elle semble loin l’ère du Conducator dans l’insouciance de la matinée! Pourtant, la vie est loin d’être rose pour les Roumains. La crise les a frappés de plein de fouet et les mesures prises depuis près d’un an par le gouvernement sont parmi les plus drastiques d’Europe! Heureusement pour tous, jouir du soleil avec sa famille et ses amis reste gratuit! Dans une allée, un petit monument attire mon regard. Une silhouette connue, coiffée d’un panama, se tient courbée sur la plante des pieds : un hommage au King of Pop, Michael Jackson! Je passerai bien toute la matinée à lézarder, ou même à visiter le Musée du village roumain, mais je me secoue les puces: il y a tant à voir!

Je sors du parc et m’aventure à faire le tour complet de l’énorme rond-point qui entoure l’Arc de Triomphe afin de l’admirer sous toutes les coutures… J’entame la longue marche vers la Piata Victorei, une longue avenue longée de maisons bourgeoises où seul le monument aux « Héros de l’air » me fait m’arrêter. Piata Victoriei est une énorme place! Sans grâce, plein de trafic, elle est le noeud entre deux lignes de métro et en fait un point de rendez-vous et d’orientation essentiel. C’est également ici que démarre l’artère la plus courue de toute la ville: Callea Victoriei. Une rue assez particulière: entre immeubles Belle-Epoque rappelant que Bucarest fut « le petit Paris de l’est », des maisons de l’époque communiste, des constructions contemporaines et d’autres en pleine rénovation, on jugerait que la ville a été bombardée! D’ailleurs, la première impression n’est pas spécialement bonne et on pourrait même se demander pourquoi cette avenue est si réputée! On y trouve de nombreux musées (Le Musée Grigore Antipa d’histoire naturelle, le Musée roumain de la Musique George Enescu (logé dans une magnifique demeure avec un auvent spectaculaire) et les Collections du Musée des Arts. C’est à partir deux croisements avec la Calea Grivitei que l’avenue change. Les grands hôtels et les magasins se multiplient, les badauds apparaissent… C’est le coin du shopping et de la consommation!

C’est à ce niveau qu’apparait un des symboles de la ville : l’Athénée, orné de mosaïque, cette espèce de Panthéon donne fière allure à la Piata Revolutiei, l’un des plus jolis coins de la ville. L’athénée, c’est surtout une salle de concert où est logé l’orchestre philharmonique. Sur la place, on y trouve aussi l’ancien palais royal, la bibliothèque de l’université, le tout dans une belle harmonie classique que seul vient déranger l’étrange monument aux héros de la Révolution, une espèce d’oeuf transpercé par une mince pyramide que les Bucarestois ont surnommé: « l’olive sur son cure-dent ».

Je m’arrête un moment, car le mois de septembre, c’est le mois du Festival George Enescu, justement! Le plus célèbre compositeur roumain, mort en exil à Paris, est fêté chaque année, ainsi (et surtout) que la musique classique. Et la Piata Revolutiei est le lieu des concerts en plein air! Il est 13 heures et sous un soleil qui frappe, un jeune pianiste en frac vient s’asseoir, solitaire sur une immense scène. Je vais me réfugier du côté du bar avec quelques mélomanes qui dégustent une petite bière ou un verre de vin blanc, abrités sous une bâche. Je souffle un moment… Le temps de rejoindre Universitate et je pénétrerai dans le Centre historique de la ville, qui vaut un article à lui tout seul!

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