A Kaboul les food trucks séduisent… mais pas pour des raisons gustatives

"Lazeez" signifie "délicieux" en dari, l'une des deux langues de l'Afghanistan. © https://www.facebook.com/lazeez.af/

Entre le fumet du diesel et le raffut des moteurs, on a connu mieux pour déjeuner, mais Mohammed est pressé. Alors va pour un burger acheté en bord de route au food truck Lazeez, premier du genre à Kaboul, qui vise la nouvelle classe moyenne afghane.

Assis dans sa voiture, Mohammed passe commande à Obaïdullah, l’homme-orchestre au tablier rouge à pois blancs qui fait office de chauffeur et de cuisinier dans ce camion-cantine garé sur une des rues les plus fréquentées de Kaboul. Ni la pellicule de pollution qui enveloppe l’hiver kabouli, ni ce saut dans l’inconnu que représente un mets dont il ne connaît pas la provenance ne rebutent Mohammed. « Nous, les Afghans, sommes immunisés contre toutes sortes de virus », plaisante cet étudiant en stomatologie.

Pour Naveed Noori, qui a créé Lazeez avec son cousin Abdullah Karim, trouver de la viande sans rompre la chaîne du froid est un défi dans ce pays où l’hygiène alimentaire est déplorable. Aussi Naveed achète-t-il ses hot-dogs surgelés à Karachi, le grand port pakistanais situé à 1.400 km de Kaboul. « Il faut faire attention au temps de voyage et être sûr que tout se passe bien, sinon notre cargaison pourrit en chemin », explique l’entrepreneur de 26 ans à l’anglais limpide.

Les six food trucks estampillés Lazeez sillonnent les rues de Kaboul depuis un an et demi. Au début, Naveed a dû expliquer aux curieux que ses tricycles motorisés remodelés en forme de hot-dogs, n’étaient pas des rickshaws, mais des fourgonnettes pleines de hot-dogs et de hamburgers.

Aujourd’hui, Naveed a 15 employés et ses affaires marchent. Il réalise un bénéfice de 150 dollars par jour, une fortune en Afghanistan où 72% des ménages gagnent moins de 150 dollars par mois et où les disparités sociales sont énormes.

La popularité, encore relative, des food trucks de Kaboul ne tient pas à leur offre culinaire – loin de celle alléchante des food trucks de New York ou de Paris – mais au très lent changement de mode de vie d’une classe moyenne émergente.

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