La brasserie Saint Feuillien brasse aussi une bière américaine, destinée au marché belge

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La brasserie américaine Green Flash a confié le brassage d’une de ses bières à sa collègue hennuyère Saint-Feuillien, un scénario assez atypique qui ne devrait pas marquer le début d’une déferlante de bières américaines sur le marché belge.

Les brasseurs de Green Flash (San Diego, ouest des Etats-Unis) et Saint-Feuillien (Le Roeulx) se sont penchés à diverses reprises au-dessus d’une même cuve ces dernières années pour en sortir l’une ou l’autre « bière de l’amitié ».

En 2014, leur collaboration prend une nouvelle dimension. La brasserie du Roeulx a en effet été chargée de produire, sous licence, la West Coast IPA, une bière houblonnée à l’amertume prononcée, caractéristique de ce que les amateurs de bières américains consomment actuellement. Au Roeulx toutefois, la bière connaîtra une seconde fermentation en bouteille, de quoi lui apporter « une touche belge en quelque sorte », selon Dominique Friart, administrateur délégué de la brasserie.

Disponible depuis lundi, la bière tentera de se faire une place en Belgique et ailleurs en Europe puisque Saint-Feuillien est également chargée de la distribution sur le Vieux Continent. La responsable de la brasserie indique ne pas viser directement la France et la Belgique avec ce projet, concédant qu’il s’agit là d’un « produit qui doit prendre sa place ».

Un point de vue partagé par le directeur des Brasseurs belges, Sven Gatz. « Au final, c’est le consommateur qui décide », rappelle-t-il. C’est donc au grand public qu’il reviendra de déterminer si ces bières très typées pourront se faire une petite place en Belgique, à l’instar du succès provisoire rencontré il y a plusieurs décennies dans notre pays par certaines bières danoises et allemandes, détaille M. Gatz.

Concernant la voie choisie par la brasserie de San Diego pour se faire une place en Europe, le patron des Brasseurs belges n’est pas plus inquiet. « Je ne vois pas de danger immédiat pour la culture brassicole belge. Dans les 10 années à venir, nous devrions rester sur l’approche traditionnelle que nous connaissons à savoir brasser ici et exporter ailleurs », ajoute-t-il.

Pour Chris Bauweraerts toutefois, cofondateur de la brasserie d’Achouffe, aujourd’hui détenue par Duvel Moortgat, le partenariat entre Green Flash et Saint-Feuillien pourrait avoir d’autres adeptes et même se réciproquer. Le spécialiste parle en connaissance de cause puisqu’il a expérimenté le schéma inverse de Saint-Feuillien en acceptant de faire brasser sous licence, dès la fin des années ’90, sa Chouffe au Québec, tout en poursuivant l’export classique. Une piste que les brasseurs, belges et autres, pourraient explorer, selon lui, dans la mesure où le public est plus à la recherche du « boire local » et où certains brasseurs justifient leur démarche d’externaliser la production de leurs bières en disant vouloir offrir du frais au consommateur.

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