Le millésime 2016 de Bordeaux jugé « excellent »

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Robe sombre, vin fruité, équilibré avec une belle acidité, tannins d’élégance et longueur en bouche: les professionnels du monde entier, venus cette semaine à Bordeaux, dans le sud-ouest français, pour les primeurs, ont estimé le millésime 2016 « excellent ».

Mais ils espèrent aussi des grands crus à prix « raisonnables »… Éternel inconnu de cette semaine des primeurs, lorsque les vins non finis sont goûtés et notés par des professionnels, les prix de ces vins en cours d’élevage, livrés 18 à 24 mois plus tard, seront fixés entre fin avril et juin par les 300 à 400 châteaux concernés par ces primeurs, sur 6.000 domaines bordelais. Ce système, unique au monde, permet aux propriétés d’avoir de la trésorerie et aux acheteurs de faire, en principe, des économies.

À en croire négociants et propriétaires, les prix augmenteront en raison de la qualité du millésime, homogène dans toutes les appellations, aussi bien à Margaux qu’à Saint-Émilion. « Pour les grands millésimes, les acheteurs sont au rendez-vous en général. Il y a une demande importante. Les gens sont prêts à faire un peu de sacrifice », estime le négociant et propriétaire Philippe Castéja, également président du Conseil des grands crus classés en 1855. « Il y a des gens qui n’ont pas fait de hausse importante en 2015, ils en feront cette année », ajoute-t-il.

La difficulté de vendre un deuxième bon millésime consécutif et de beaux volumes à écouler devraient cependant calmer les ardeurs. D’autant plus que le spectre des millésimes 2009/2010 plane au-dessus du Bordelais avec une flambée des prix qui avait occasionné de lourdes pertes et une mauvaise réputation. Les ventes en primeurs, un volume faible par rapport à l’ensemble de la production, étaient passées de 15% en 2009 à seulement 1,5% en 2015, selon le site en ligne spécialisé britannique Liv-ex. « Les primeurs, c’est fondamental. Je vends 95% de ma récolte en un ou deux jours. Si les prix sont justes, en deux heures », constate Claire Villars-Lurton, propriétaire du Château Ferrière à Margaux.

Plus de 6.000 négociants, courtiers ou importateurs étrangers sont venus, bien plus nombreux que l’année dernière, Chinois en tête mais aussi Américains, peu inquiets des menaces protectionnistes de Donald Trump: « je ne pense pas que ça arrivera », estime Donald Howes.

Les Britanniques, quatrième marché pour les vins de Bordeaux, redoutent les hausses annoncées, qui pourraient être accusées par une baisse de la livre par rapport à l’euro, conséquence du Brexit. « Si le prix est trop élevé, nous allons laisser le vin aux châteaux et négociants. Ils le stockent et nous reviendrons dans deux ou trois ans », relève Anthony Hanson, importateur à Londres.

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