Anaïs Sandra Carion : « mon rôle sera d’inspirer et de soutenir les jeunes créateurs »

Anais Sandra Carion MAD Brussels mode design
Anaïs Sandra Carion est la nouvelle directrice générale du MAD Brussels © Laetitia Bica
Isabelle Willot

Début 2023, cette Bruxelloise d’origine gantoise a pris la tête du MAD Brussels.  Anaïs Carion  espère booster booster la visibilité des jeunes créateurs installés dans la capitale. Elle se raconte en huit mots inspirants.

Inspirer

« Le MAD est une formidable boîte à outils. A ma connaissance, nous sommes les seuls en Europe à bénéficier d’un espace aussi vaste où les créateurs bruxellois qui cherchent à se lancer dans la mode ou le design peuvent trouver en un même lieu toute l’aide dont ils ont besoin. Cette aide peut prendre plusieurs formes. Du soutien logistique et du conseil, sous la forme de coaching avec des experts en one-to-one ou via l’obtention d’une place dans notre incubateur. Mais notre rôle sera aussi de les inspirer grâce aux conférences ou aux expos que nous organisons ».

Unir

« Dans les métiers de la mode et du design, les connexions entre les acteurs sont essentielles. Et ce, qu’ils proviennent des institutions publiques ou du privé. Car la force de ces liens aide nos jeunes talents à grandir. J’aime provoquer des rencontres. Mettre en présence des gens − de générations ou d’univers différents – qui ne se connaissent pas. Et observer ce qu’il en ressort. C’est l’un des aspects de mon métier que je préférais lorsque je travaillais pour Hermès. Et j’entends continuer dans cette fonction ».

Transmettre

« Cesser de créer ne sera jamais une option. Dire qu’il faudrait se contenter de ce qui existe reviendrait à exiger du monde qu’il n’évolue plus. Les objets et les vêtements que nous créons aujourd’hui participent à la trace que notre époque va laisser à la postérité. La nôtre se doit d’intégrer d’emblée la notion de durabilité à tous les niveaux du processus. C’est une facette à part entière de la créativité. Ça a un coût bien sûr, au sens propre déjà. Mais avoir des limites ne vous freine pas. Cela vous pousse vers l’avant en forçant l’imagination à trouver d’autres voies ».

Apprécier

« Je suis le produit d’un melting-pot culturel. Mes parents sont originaires de Bruxelles et de Flandre, mais les chansons françaises ont bercé ma jeunesse. On parlait d’ailleurs le français à la maison, j’allais à l’école en néerlandais avant de partir vivre en Italie à l’adolescence, puis en Espagne avant de revenir à Bruxelles. Je peux avoir un côté très direct, plutôt germanique sans doute, dans la façon dont je communique, mais aussi très latin quand il s’agit de profiter des plaisirs du quotidien ».

Brasser

« On ne peut pas s’ennuyer à Bruxelles. Je ne me vois pas vivre ailleurs. Il y a plus d’une centaine de nationalités qui vivent ici. J’adore prendre un chocolat chaud le matin dans un de ces cafés bien belges où les gens passent dans la même phrase du français au néerlandais et me retrouver quelques heures plus tard place du Luxembourg et entendre un tas de langues fuser. Cette mixité, qui est une vraie force, je l’observe dans l’art, la mode et le design. C’est peut-être ce brassage qui caractérise le mieux le «style belge» que l’on a tant de mal à définir. Il n’y a en tout cas pas d’uniformité et c’est bien plus intéressant ».

‘Les objets créés aujourd’hui témoigneront de notre époque pour la postérité.’

Hériter

« J’ai grandi entourée de design. Grâce à mes parents qui sont tous les deux architectes d’intérieur. Je déambulais déjà toute petite dans les allées du salon Interieur Courtrai. Mon père me rappelle toujours que quand j’avais 2 ans, j’ai même tenté de m’asseoir sur une miniature de la célèbre chaise bleu et rouge de Gerrit Rietveld. J’ai découvert la mode et sa portée sociologique et même politique en Italie. Je ne me voyais pas devenir créatrice mais en revanche, la communication m’a très vite semblé une bonne option pour rester proche de ces deux univers ».

Bouquiner

« Rien de tel qu’un bon polar suédois pour se changer les idées. Enfant, comme mon frère et ma sœur, je dépensais tout mon argent de poche pour acheter des BD ou des bouquins. Moi qui ne peux pas voir une goutte de sang sans tomber dans les pommes, je peux dévorer des «page turners» remplis d’histoires de meurtres plus terrifiantes les unes que les autres ».

Admirer

« Le beau, c’est la vie. Même si la beauté est une notion très subjective. Je peux tomber sous le charme d’une imperfection à la manière des Japonais, mais j’assume aussi mon goût pour le beau plus classique, plus conventionnel. Je n’imagine pas partir en vacances dans une région où il n’y a pas un musée ou une architecture particulière à découvrir. Qu’elle soit classique ou contemporaine. Le beau me stimule, me donne de l’énergie. Surtout les couleurs. La preuve? Quand je me suis installée, j’ai eu la chance de pouvoir faire du cherry-picking dans les meubles de mon père. J’ai choisi le fauteuil Wink de Toshiyuki Kita, édité chez Cassina. Je l’ai fait recouvrir de gris, sauf les oreilles fort colorées. C’est l’expression de ma personnalité ».

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