Autoban, l’émotion comme touche décorative

Le total look ? Non, merci ! Autoban, le label design qui monte à Istanbul, fait de l’éclectisme un art de (bien) vivre.

Par Serge GleizesSeyhan Ozdemir et Çefer Saglar (les deux créateurs de l’agence de design turque Autoban) se sont connus sur les bancs de l’université des Beaux-Arts de Mimar Sinan à Istanbul, elle en architecture, lui en design. En 2003, ils créent donc leur agence à Galata, un des quartiers historiques de la ville. Face à la morosité créative ambiante, leur leitmotiv est limpide : donner au design une note émotionnelle. Dès 2004, les créations se multiplient. Ils lancent alors leur première collection de meubles « Funny Fly » au Salon du meuble de Paris et travaillent dans la foulée pour la chaîne de mode de luxe Vakko. En 2006, ils conçoivent le décor du restaurant Müzedechanga à Istanbul et ouvrent la même année leur galerie, où ils présentent leurs créations design, en collaboration avec l’éditeur De La Espada. En 2008, ils réalisent les suites du boutique-hôtel Witt Istanbul. Deux années plus tard, débute leur premier grand projet architectural, la construction de Nef 163, un gratte-ciel à Istanbul, suivie d’autres projets à l’étranger : un restaurant à Madrid et un hôtel à Saint-Petersbourg notamment. Ils ont reçu de nombreuses récompenses par les magazines Wallpaper* en 2004 et Blueprint en 2005 lors du salon londonien 100 % Design. Aujourd’hui, leur agence de trente-cinq personnes est installée dans un magnifique immeuble du XIXe siècle, à Tünel, un quartier chic et vivant d’Istanbul. Elle réalise également de nombreux appartements et maisons privées.

Votre définition de la décoration bobo chic ?

L’éclectisme, l’option pour un certain chaos poétique, pour de nouvelles harmonies créées à partir d’un ensemble de choses pas forcément conciliables. Concrètement, cela consiste à mélanger du mobilier de toutes sortes, de toutes époques, de tous styles, avec des oeuvres d’art – ou pas -, des objets onéreux et plus abordables, des matières précieuses ou basiques, et de trouver une certaine cohérence à tout cela.

À quoi répond cette tendance aujourd’hui, ce revirement de la décoration aseptisée vers des aménagements plus chaleureux ?

À une manière de se battre contre l’ennui du total look. C’est plus facile, et surtout plus gratifiant, de s’en mêler soi-même, de rafraîchir une salle à manger, une chambre, une cuisine, en redonnant une seconde vie à des meubles vintage, en apportant quelques petits plus ici et là, en s’en remettant à quelques astuces décoratives et à un peu d’imagination… plutôt que de confier cela à un cabinet d’architecture intérieure qui va refaire entièrement votre appartement. Aujourd’hui, on désire vivre dans des espaces plus personnalisés, plus intimes et surtout plus métissés, où la patte des propriétaires se ressent.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Le quotidien, la nature, la rue, le mobilier des années 50, les souvenirs d’enfance, les couleurs d’Istanbul… En somme, la vie dans toute sa beauté et sa diversité.

Suivez-vous des règles en termes de déco ?

Pas de règles générales, car chaque lieu est unique. Sinon, plus concrètement, cela consiste à mélanger des matériaux précieux avec des matières basiques, à confronter le chaud et le froid, le métal et le bois, par exemple, le chêne et le noyer avec le cuivre, l’acier, le métal. Mettre une banquette victorienne en velours à côté d’une chaise d’Eileen Gray, garder des murs en briques et les peindre en couleurs, conserver les vieux radiateurs en fonte et les portes d’origine avec leur côté très décapé, garder la baignoire à sabot dans la salle de bains avec sa robinetterie rétro, mais entièrement rénovée…

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