Beau nid, nid design

Ce doit être une version 2.0 de ce bon vieil instinct de survie : avec la crise qui montre les dents, la surexposition – merci les réseaux sociaux – et le stress qui menacent de nous dévorer tout crus, nous viennent des envies de se caparaçonner dans un cocon moelleux. Le confort et la douceur sont dès lors de nouvelles valeurs sûres, déclinées à l’infini dans à peu près tous les domaines, de la mode à la beauté en passant par la musique où l’ « easy listening » – comprenez « facile à écouter » – bat des records .

Même les écoles de management, pourtant peu réputées pour leur côté peace and love, enseignent désormais les « soft skills », cette combinaison d’efficacité organisationnelle, de bienveillance et de proximité entre boss et employés. Une évolution qui n’a rien de philanthropique mais découle du constat que l’autoritarisme… est tout simplement moins efficace, et qu’en augmentant le bien-être de leurs salariés, les entreprises voient leur productivité grimper en flèche.

Côté food, c’est l’avènement des hamburgers, hot dogs, bagels et autres préparations sciemment régressives, à fort pouvoir de consolation. A un autre niveau de l’échelle gastronomique, la cuisine de terroir, qui évoque une ère révolue où tout était plus doux, ne s’est jamais aussi bien portée. Vive les plats d’antan, mijotés longtemps pour faire la nique à cette course contre la montre imposée par l’époque, qu’on savoure en famille ou entre amis, chez soi. Car notre home sweet home, refuge s’il en est aux agressions que nous fait subir ce monde vacillant sur ses certitudes, est l’épicentre du (ré)confort.

Pour répondre à ce besoin de protection, les designers créent dès lors des meubles-doudous, comme le Bird Nest Bed, prototype conçu par O*GE sur le modèle d’un nid géant – 4,5 m de diamètre – à la fois lit et « espace confortable pouvant accueillir jusqu’à 16 personnes, dans différentes positions assises, pour des réunions informelles ou des échanges sociaux créatifs ». Plus facile à caser dans un intérieur, le canapé Nebula de Diesel doit sans doute son formidable succès à ses oreillers et son matelas XXl invitant à s’y pelotonner. Le modèle Ploum, imaginé par les frères Bouroullec pour Ligne Roset, associe lui aussi forme enveloppante, revêtement textile sensuel et mousse à mémoire de forme pour plus de bien-être encore. Des technologies nouvelles mises également au service des rééditions de meubles iconiques qui, parce qu’elles rassurent les acheteurs en quête de risque zéro, continuent à se multiplier dans les showrooms. Plus de quarante ans après leur création, les fauteuils et poufs Elysée imaginés par Pierre Paulin pour le fumoir du palais ont ainsi été exhumés des archives. Leurs lignes et volumes d’origine ont été respectés, mais leur confort revu à la hausse grâce à une association de matériaux innovants.

Quels que soient le siège et la position dans lesquels vous dévorerez ce Vif Weekend Black, nous vous en souhaitons une très douce lecture.

Delphine Kindermans – Rédactrice en chef

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