Bouffée d’oxygène: une villa flamande aux airs portugais
Le jardin offre une vue imprenable sur un parc naturel, près de Gand. La maison, elle, rappelle le Portugal cher à l’habitante et architecte, Stephanie Eeckhaut. A l’intérieur, une déco sobre renforce la sensation de sérénité. On se croirait presque en vacances.
« Mon mari a été immédiatement conquis mais personnellement, j’ai éprouvé le besoin de revenir sur place et d’y passer une heure avant de me décider. D’abord pour écouter, mais aussi pour observer et sentir. J’avais des réserves en raison de la route de transit très fréquentée à proximité de la maison. Comme l’habitation se trouve dans une zone protégée, nous ne pouvions par ailleurs pas envisager d’extension. Mais le volume, suffisamment spacieux, offrait pas mal de potentiel. Et puis, lorsque vous vous trouvez à l’arrière, au jardin, vous êtes loin, très loin de tout. » La propriété est en effet située dans le Parkbos, une vaste zone verte qui couvre une grande partie de De Pinte, près de Gand. Sous n’importe quel angle, l’espace vert et la construction s’inscrivent dans une continuité, à perte de vue, dans ce parc naturel luxuriant. Et c’est cette situation avec un paysage infini qui a achevé de convaincre l’architecte Stephanie Eeckhaut et son mari d’acheter ce bungalow des années 60.
De toute évidence, il fallait mettre la nature à l’honneur. Cette habitation devait refléter la tranquillité et la sérénité et souligner la végétation qui entoure le logis. Tout visiteur le constate d’emblée, le mur qui fait face à la porte d’entrée a été percé d’une porte vitrée attirant inévitablement le regard vers l’impressionnante verdure. « Une des premières idées que j’avais en tête était d’offrir une bouffée d’oxygène dès le hall. Pouvoir entrer chez soi de cette manière est inspirant. Je suis surprise à chaque fois », avoue la conceptrice.
Carte postale du sud
A d’autres endroits de la maison, de belles fenêtres laissent également l’extérieur envahir l’intérieur. Elles font presque office d’immenses tableaux, dont les teintes de verts offrent un beau contraste avec la sérénité qui émane de l’aménagement. « J’ai opté délibérément pour une palette de couleurs sobres côté déco. Dans le cadre de mon travail, j’essaie qu’on retrouve en filigrane la personnalité de mes clients dans leur habitation, de manière à ce qu’ils se sentent pleinement chez eux. Pour mon chez-moi, j’ai recherché la douceur, la tranquillité et un fascinant jeu de nuances. » Sur les parois, les lattes du petit banc en bois posé près du bâtiment dessinent de jolis jeux d’ombres. « J’adore ce genre de détails », s’exclame la maîtresse des lieux.
Les tons choisis sont en réalité une ode à la région de l’Alentejo, située dans le sud du Portugal. Le mélange de nuances de blanc et sable chaud et de bois rougeâtre africain avec une petite touche de bronze, de laiton et de bleu clair par-ci par-là confère une fraîcheur méridionale à la demeure. L’immense photo de cheval accrochée dans la salle à manger, une oeuvre du photographe russe Nikolay Ivanov, est également un clin d’oeil au pays des oeillets. « Un peu plus loin, il y a un sentier équestre, et nous voyons régulièrement des cavaliers passer dans le fond de notre jardin. Cette photo correspond exactement à l’image que j’ai de l’Alentejo. De plus, elle a été prise là-bas. »
Exercice d’équilibriste
Les couleurs sont sobres, mais jamais tristes. Les textures et les matériaux assurent la variation et l’impression de vacances. Les mouchetures et imperfections du carrelage, le revêtement en tissu des placards, les coussins en lin, les herbes de la pampa et les chapeaux accrochés dans le vestibule apportent beaucoup de subtilité à l’ensemble. De nombreux meubles et accessoires se fondent dans cette composition tout en attirant le regard, un exercice d’équilibriste dont la propriétaire a le secret. « A part pour le tapis et le canapé, j’ai cherché des éléments qui correspondaient à cet endroit. J’en ai fait confectionner quelques-uns par Woosd. C’est le cas des fauteuils et du banc. Je fais régulièrement un saut chez White Interiors à Deurle à la recherche de mobilier original. Anna est italienne et elle retourne souvent dans son pays pour y dénicher des pièces uniques, comme le lustre fabriqué à la main, la table de salon en bois et la chaise de la salle de bains. Quant aux petits objets, tels que le plaid, les lampes d’ambiance et la planche à découper, je les ai achetés chez Billie Rose à Gand. Et puis, çà et là, j’ai disposé des céramiques de ma maman, par exemple les petits vases et le plat qui orne la table. »
Côté jardin, Stephanie parle de « work in progress », en particulier à l’avant et sur les côtés de la maison. Après l’abattage des sapins, la plantation de buissons et d’arbres est prévue, histoire d’accroître l’intimité du site. A l’arrière, l’espace vert déborde sur le luxuriant parc naturel. « Nous avons aussi fait le choix d’enlever la clôture. Comme la terrasse est surélevée, on peut admirer la nature depuis un plateau », se réjouit l’habitante. Depuis le centre du jardin, un arbre atypique attire le regard. « C’était un exemplaire assez présent qui masquait la vue, explique notre hôte. J’ai consulté un horticulteur qui nous a encouragés à commencer par observer notre jardin. Et il avait raison. On fait trop souvent des choix radicaux, alors que ce sumac avait simplement besoin d’une petite taille. Son conseil: « Devenez l’architecte de votre arbre », j’ai donc élagué plusieurs branches, ce qui a permis de dégager la vue de toutes parts. Et nous avons fini par aimer ce drôle d’arbuste. »
En bref: Stephanie Eeckhaut Architecte
Elle a fait des études d’ingénieur civil architecte à l’université de Gand.
Elle a ensuite travaillé quelques années chez Stéphane Beel Architects et JUMA Architects.
Sa spécialité: les projets résidentiels, de A à Z, allant du gros oeuvre au choix du mobilier.
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